Saint-Claude et ses coutumes au Moyen Âge
Mainmorte, franchises et bourgeoisie
par - 31 mai
Au cours des XIe et XIIe siècles, l’Occident médiéval connaît un essor économique et une poussée démographique qui s’accompagnent de mutations diverses, notamment sociales, politiques et juridiques. Le concept de libertés urbaines émerge, se consolide et s’enrichit.
Les mutations sont progressives et le mouvement complexe. Des contrastes et des inégalités s’observent : si certaines communautés arrachent très tôt à leurs seigneurs de substantiels privilèges, en revanche d’autres en obtiennent de moindres et tardivement.
C’est le cas de Saint-Claude – Saint-Oyend-de-Joux, comme l’on disait alors – qui ne jouit dans un premier temps que de simples franchises, lesquelles sont mises par écrit, sur parchemin scellé, en 1310 seulement.
Une charte tardive ? Sans doute. Mais une page importante de l’histoire de cette localité des Monts Jura, puisque désormais la communauté des bourgeois de Saint-Claude rejoint celles de ces nombreuses villes qui œuvrent contre l’arbitraire seigneurial et s’organisent pour s’administrer ou se gouverner, et gagner en autonomie.
Une charte tardive… N’est-ce pas paradoxal pour une ville dont les origines remontent aux premiers siècles de notre ère ? La puissance des seigneurs-abbés des terre, ville et abbaye éponymes n’aurait-elle pas contribué à retarder la marche vers l’émancipation et les libertés ?
Une charte de simples franchises, mais que cela signifie-t-il ? Des hommes peuvent-ils être libres dans une seigneurie où la serve condition est générale ? Les coutumes locales ne sont-elles pas les mêmes pour tous et chacun ? Si la mainmorte est la règle, l’entrée en bourgeoisie n’est-elle pas un privilège envié ? A ces questions cruciales, le présent ouvrage apporte réponse. Des réponses dont beaucoup sont inédites, sinon insoupçonnées car la réflexion et l’analyse s’appuient sur des concepts et des principes juridiques. Si certains des concepts et principes relevés dans les archives anciennes ont disparu, il en est d’autres qui, aujourd’hui, continuent de régir la vie en société.
Michel Blondan, né en 1947, est docteur en droit, spécialité histoire du droit et des institutions. Cet ouvrage est issu de la première partie de sa thèse de doctorat présentée et soutenue à Dijon, Université de Bourgogne, le 9 mars 2002, sous le titre Les bourgeois de Saint-Claude et leurs coutumes : Des bourgeois du seigneur aux bourgeois de la ville, un travail pour lequel la Faculté de droit et de science politique lui a décerné le Prix Jean Bart.