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http://ecx.images-amazon.com/images/I/51VjDruh1KL._SL500_AA300_.jpgLe genre du monde est une série dirigée par Danièle Kergoat. Sous ce label sont publiés des livres qui, en explorant les rapports hommes-femmes, contribuent à renouveler la compréhension des sociétés.

Rendre visibles les résistances et les révoltes là où elles pourraient passer inaperçues, plaider pour la nécessité sans cesse renouvelée de débusquer les blocages qui empêchent l'émergence de collectifs, et mettre en valeur les expériences qui bousculent l'ordre imposé des choses, tel est l'objectif de cet ouvrage.

Se battre, disent-elles... est un recueil raisonné des principaux textes de Danièle Kergoat, militante et pionnière des études féministes, ainsi que de la sociologie du travail et du genre. Il donne à voir, dans ses moments essentiels, la construction d'analyses et de concepts oui font aujourd'hui référence pour les chercheurs et pour les militants : et notamment la division sexuelle du travail, les rapports sociaux de sexe, ainsi que leur intrication avec les rapports sociaux de classe et de «race». En s'appuyant sur ses recherches, notamment sur les ouvrières et sur l'émergence de collectifs de lutte féminins, l'auteur déconstruit les rapports de domination pour mieux éclairer et accompagner la dynamique d'émancipation et l'augmentation de la puissance d'agir des femmes dans notre société.

 

Se battre, disent-elles... 

Danièle Kergoat 

 

Extrait - Première partie

PENSER LES DOMINATIONS

1. Les verrous de la domination

Nombre de fois, durant toutes ces années, j'ai commencé des communications, des articles, par le même constat de départ que celui qui commence cet ouvrage : mon «moteur de recherche», c'est l'étonnement devant le fait que les dominés arrivent à trouver la force, le temps, pour se battre, résister... Comme le disait Wittgenstein : «Il y a en vérité des choses qu'on ne peut éprouver en mots. Elles se rendent manifestes. Elles sont ce qui est mystique.»' Je ne sais pas si c'était «mystique», mais, en tout cas, je me sentais incapable de rendre avec des mots l'inextricabilité des dominations de sexe et de classe. À quoi il faut ajouter l'épreuve de la guerre d'Algérie, où il était pour le moins difficile de ne pas se sentir dans une situation extrêmement concrète de domination. Ce qui compliquait encore les choses !


Cette incapacité était-elle due au fait que c'était « trop» compliqué ? En tout cas, j'ai essayé obstinément, tout au long de l'exercice de mon métier de sociologue, de sortir du « mystique » (la révolte, les larmes, le sentiment d'iniquité), pour mettre des mots pour les comprendre.


II s'agissait de penser les dominations, persuadée que j'étais qu'une telle entreprise était le premier pas indispensable pour penser l'émancipation.


À aucun moment, cependant, il ne s'est agi de faire de l'analyse des dominations le moteur de la recherche. Certes, si l'on ne veut pas perpétuer subrepticement la domination, quoi que l'on veuille faire consciemment par ailleurs, il faut l'analyser dans tous ses aspects, objectifs et subjectifs, pour pouvoir la combattre et avancer des modèles qui ne soient pas contaminés par elle. Mais il m'est vite apparu que ce n'est pas en se limitant, dans la théorie, dans l'action, à l'analyse de la domination et a fortiori à une seule dimension du système de domination que l'on arriverait à construire une véritable politique émancipatrice.


Il s'est donc agi, dans un premier temps, de pointer les verrous de la domination, simultanément aux résistances et aux contournements.


Le premier texte, « Ouvriers = ouvrières ? » (1978), pose une question très simple : être ouvrier, est-ce la même chose qu'être ouvrière ? Autrement dit, le genre (je disais alors « le sexe ») renvoie-t-il à des niveaux sociaux différents qu'il s'agit de traiter comme tels, ou bien le sexe/genre ne fait-il qu'introduire des spécificités dans un modèle général ?


Premier stade de la réflexion, il s'est donc agi de remonter de l'autonomie démontrée des pratiques ouvrières masculines et féminines à la démonstration que cette autonomie n'était compréhensible théoriquement que si on «articulait» ce que j'appelais alors des «variables» : le sexe et la classe sociale.


Au-delà, il s'agissait de montrer la portée heuristique d'une telle articulation : c'est elle qui permet de comprendre les verrouillages de la domination (les deux systèmes de classe et de sexe se relaient pour exploiter, dominer, opprimer différemment hommes et femmes) tout autant que les résistances, en particulier féminines (les résistances ne sont pas là où on les attend, le rapport au travail est subversif, etc.).

 

  • Editeur : La Dispute (1 mars 2012)
  • Collection : Le genre du monde
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2843032180
  • ISBN-13: 978-2843032189

 

  1. www.dailymotion.com/.../xrlnhg_conference-de-danie...
    18 juin 2012
    Donnée dans le cadre du cycle "Quarante ans de recherche sur les femmes, le sexe et le genre", à l'amphi ...
  2. Autres vidéos pour Danièle Kergoat »

 

 

 

Nationalité : France
Né(e) : 1942

Biographie :

http://www.babelio.com/users/AVT_Daniele-Kergoat_710.jpegDanièle Kergoat, née en 1942, est une universitaire et sociologue française.

Elle est professeur, membre du centre de recherche RING directrice de recherches émérite et auteur des ouvrages sur les femmes, genre et travail. Ses recherches et écrits portent entre autres sur la « division sexuelle du travail » qu'il soit professionnel ou domestique. Elle fait partie des auteurs qui ont défendu une conception des "rapports sociaux de sexe", qui vise à donner une base matérialiste à l'analyse des rapports entre les hommes et les femmes dans une société capitaliste.

Tag(s) : #Femmes dans la société
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