Document février 2011 - Un million : c'est le nombre de soldats allemands prisonniers en France, à
partir de juin 1944 et jusqu'en décembre 1948. À travers les registres des camps, les archives départementales et celles de la gendarmerie, ainsi que les rapports de la Croix-Rouge et les
correspondances privées, c'est ce singulier itinéraire collectif que retrace ici. Un parcours qui, du déminage aux travaux des champs, en passant par la difficile cohabitation avec la population,
a constitué une aventure humaine complexe, où la faim, les mauvais traitements et la mort ont trouvé leur place, mais aussi une étonnante expérience de vie commune, dans une France
confrontée aux défis de la reconstruction. En 1948, 20 % de ceux qui restaient employés sur le territoire ont choisi d'y demeurer... Leur histoire n'avait pas encore été écrite.
Valentin Schneider termine actuellement sa thèse sur la présence allemande en Normandie (1940-1948) au Centre de Recherche d'Histoire
Quantitative de l'université de Caen.
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Les courts extraits de livres : 19/02/2011
Extrait de l'introduction - En France, on n'est pas près d'oublier la « dernière » guerre. C'est particulièrement vrai pour les régions meurtries comme la Normandie. Les vestiges matériels datant de l'occupation allemande, du débarquement allié et de la bataille de Normandie sont visibles un peu partout. Le littoral est jonché de blockhaus, de batteries et de bunkers allemands ; on peut voir le port artificiel à Arromanches ou les péniches de débarquement à Omaha Beach.
Le clocher de Sainte-Mère-Église, avec son fameux mannequin parachutiste, dépasse en popularité l'« autre » grande église normande, le Mont-Saint-Michel. Les musées dédiés aux événements de l'été 1944 foisonnent dans toute la région : entre Caen et Cherbourg, presque tous les villages côtiers en possèdent un, voué à l'histoire locale du débarquement et de la grande bataille de libération qui s'ensuivit. Toutes les localités ayant été, de près ou de loin, impliquées dans les combats de la Libération affichent fièrement leur histoire en présentant à l'entrée de la ville, tout près du panneau « village fleuri» , des engins militaires datant du conflit : chars, canons d'artillerie ou obusiers. Les villes détruites durant la bataille de Normandie, telles que Le Havre, Saint-Lô et Cherbourg, puis reconstruites dans les années 1950, se caractérisent par leur architecture moderniste, longtemps décriée mais désormais reconnue sur le plan international. Face à ces vestiges d'un autre temps, à ce véritable arsenal mémoriel, les Normands ne sont pas près d'oublier l'histoire de leur libération, d'autant plus que le tourisme historique connaît une croissance constante dans la région. Il fait vivre, directement ou indirectement, une bonne partie de la population.
Les cimetières militaires américains, britanniques, canadiens, polonais ou français sont parmi les sites emblématiques de la bataille de Normandie, tant ils nous rappellent les horreurs de la guerre et les sacrifices faits par de si nombreux hommes : près de 37 000 sépultures réparties sur vingt-deux cimetières pour le seul côté allié. Quant aux cimetières militaires allemands en Normandie, ils sont au nombre de six et regroupent les tombes de plus de 80 000 morts. En dépit des pertes énormes subies par l'armée allemande dans cette région, ils se distinguent par une grande austérité, tentant ainsi de répondre à la question sous-jacente qu'ils doivent affronter : pourquoi honorer les soldats qui sont morts pour la mauvaise cause ? Quand les cimetières des Alliés mettent en avant la liberté et la démocratie aux noms desquelles les soldats ont sacrifié leur vie, ceux des Allemands n'ont rien à revendiquer, sinon le simple souvenir des morts. La mort des soldats allemands est présentée comme une mise en garde contre la guerre et la violence. Le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge e. V. (« Fédération populaire de la sollicitude allemande pour les sépultures militaires »), chargé de la préservation des lieux, se définit comme une association humanitaire entièrement tournée vers la mémoire des morts et la compréhension entre les peuples.
Auteur : Valentin Schneider
Date de saisie : 19/02/2011
Genre : Histoire
Éditeur : Vendémiaire, Paris
Collection : Enquêtes
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