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Bruno Sulak a souvent fait la une des journaux au début des années 80. D'abord pour ses braquages de supermarchés, de bijouteries, ensuite pour ses arrestations et ses évasions ou celles de ses complices, et enfin pour sa dernière tentative d'évasion de Fleury-Mérogis qui lui a été fatale. Aujourd'hui encore un doute subsiste, l'administration pénitentiaire aurait-elle liquidé ce prisonnier si atypique ?

Philippe Jaenada nous livre ici un «roman» biographique, le roman d'un Arsène Lupin des temps modernes. Bruno naît à Marseille, il est le grand frère d'une famille nombreuse. Épris de liberté, comme son père, il intègre l'armée dès ses vingt ans. Plus tard, rattrapé par un petit vol de mobylette, il est chassé de l'armée et s'engage sous un faux nom dans la légion. Dans son nouveau corps il excelle, c'est un surdoué, il bat même un record de saut en parachute. Malheureusement (ou heureusement pour lui), Bruno reste une tête brûlée. Il obtient une permission, ses supérieurs lui interdisent de quitter son île (de beauté) de cantonnement. Bruno s'en moque, il a trop envie de voir ses parents et d'embrasser ses petites soeurs et se rend chez lui à Marseille. A la fin du week-end, il rate le dernier avion ainsi que le dernier bateau. Il sait qu'une punition va tomber mais quelques jours de «trou» n'ont jamais tué personne ! Il téléphone à sa caserne pour prévenir de son coupable retard et curieusement personne ne décroche. La vie de Bruno Sulak vient de basculer. En fait, pendant sa permission, son bataillon de parachutistes a sauté sur Kolwezi (Zaïre du sud et heure de gloire de la France Afrique (ère Giscardienne)). On dénombre plusieurs morts parmi les camarades de Bruno. Son sens de l'honneur (aigu) ne lui laisse guère d'alternative, il va déserter. Sa vie a basculé, il va devenir braqueur. Mais attention, c'est un braqueur gentil. Bruno charge toujours son arme de deux balles à blanc au cas où un mauvais réflexe le ferait tirer. De fait Bruno Sulak n'a jamais blessé et encore moins tué personne. A la naissance de sa fille, Bruno sort de sa cavale pour aller la déclarer à l'état civil (il a de l'honneur !) et évidemment la police en profite pour l'arrêter (aucun respect pour l'honneur). Plus tard viendra l'évasion, la re-arrestation et la fin tragique.

Avec beaucoup d'ironie et de second degré Philippe Jaenada dresse un portrait haletant d'un bandit au grand panache. On peut également remarquer le style quasi inimitable de l'auteur : beaucoup de digressions et l'usage immodéré (et ultra savoureux) des parenthèses, voire même des parenthèses de parenthèses ! (J'ai très modestement essayé de l'imiter ici). Au final, j'ai ressenti beaucoup de tendresse pour Bruno Sulak et pour Philippe Jaenada qui indirectement se livre beaucoup dans ce livre (merci à eux !)

Biographie romancée et joyeusement émiettée d'une étoile filante du grand banditisme. Bruno Sulak incarne l'image d'un gentleman braqueur aux mains propres. Il entra dans la légende sans passer par l'étape de la récupération idéologique. Un roman au style décoiffant, truffé d'exquises digressions liées au contexte de l'époque, comme l'affaire Jimmy Carter et son lapin tueur !

  • Les présentations des éditeurs : 13/09/2013

Il était jeune, il était beau, il s'appelait Bruno Sulak, et fut, au début des années 80, l'homme le plus recherché de France. Gentleman braqueur, il défraya la chronique judiciaire et séduisit tous ceux qui l'approchèrent, jusqu'au célèbre policier qui mit fin à cinq années de cavale effrénée. De sa vie tourmentée, Philippe Jaenada a fait un roman biographique captivant.

Comme le dira plus tard le commissaire Georges Moréas, en d'autres circonstances, Bruno Sulak aurait pu devenir un des meilleurs flics de France. Mais le hasard a fait de lui un braqueur, sans doute le plus audacieux et le plus fascinant de son époque. Après avoir grandi à Marseille et brièvement fréquenté quelques voyous, Bruno intègre l'armée. Doté d'une mémoire prodigieuse, doué dans toutes les disciplines, il est rattrapé par un vol de motocyclette commis à l'adolescence. On le chasse sans le moindre égard. Il rejoint alors la Légion, comme son père. Sportif émérite, il s'entraîne au parachutisme, et bat le record de chute libre. Mais on lui refuse l'homologation de son exploit, à moins de s'engager pour 5 ans de plus. Une injustice qui le pousse à faire le mur pour aller passer le week-end en famille. Pendant son absence, l'ordre est donné à son régiment d'embarquer pour le Zaïre et ce qui n'était qu'une escapade devient une désertion. Il ne peut plus rentrer et bascule alors dans la délinquance.

Avec son fidèle complice Drago, il se lance alors dans le braquage de supermarchés, rencontre la belle Thalie, une jeune fille de bonne famille qui va participer à certains vols à mains armée, au volant de la Simca que Bruno utilise comme une signature à chacun de ses hold-up. Incarcéré une première fois, il étudie l'anglais et le droit, puis s'évade au nez et à la barbe des gardiens. Il s'attaque à des bijouteries, se présente chez Cartier en tenue de tennisman, une raquette à la main, profite d'une visite officielle d'Helmut Khol pour aller cambrioler un joailler parisien dans un quartier truffé de policiers... Adepte de la non-violence, il n'a jamais blessé personne, avait toujours deux balles à blanc dans son revolver au cas ou on le forcerait à tirer. Généreux, épris de liberté, révolté par l'injustice, il se tint jusqu'au bout à son code d'honneur et ne dénonça jamais ses complices. Mais sa dernière incarcération à Fleury-Mérogis lui fut fatale : son ultime tentative d'évasion tourna à la tragédie et suscite encore la polémique.

Il fallait toute l'ironie et le second degré de Philippe Jaenada pour trouver la bonne distance vis-à-vis de ce personnage magnifique. Construit sous forme d'anecdotes croisées, son récit nous permet de suivre en simultané l'évolution des personnages clefs qui vont s'associer à Sulak. Avec son humour pince-sans-rire et son style inimitable (usage immodéré des parenthèses, digressions en chaîne...), Jaenada imagine ce que la vie de Sulak aurait pu être si tel ou tel événement ne s'était produit, montrant par là les hasards qui président au destin d'un homme. D'une grande tendresse à l'égard de son personnage, il dresse le portrait d'un homme intègre et retrace avec nostalgie cette époque ou les gangsters avaient encore du panache.

Philippe Jaenada est né en 1964. Il a publié chez Julliard Le Chameau sauvage (Prix de Flore 1997 et prix Alexandre-Vialatte), adapté au cinéma par Luc Pagès sous le titre A+ Pollux ; Néfertiti dans un champ de canne à sucre (1999) ; La Grande à bouche molle (2001) ; chez Grasset, Le Cosmonaute (2002), Vie et mort de la jeune fille blonde (2004), Plage de Manaccora, 16 h 30 (2009), et La femme et l'ours (2011). Sulak est son huitième roman.

L'incroyable vie de Bruno Sulak, le gentleman cambrioleur - Infos ...
Auteur : Philippe Jaenada  Date de saisie : 23/09/2013  Genre : Romans et nouvelles - français  Editeur : Julliard, Paris, France

Auteur : Philippe Jaenada Date de saisie : 23/09/2013 Genre : Romans et nouvelles - français Editeur : Julliard, Paris, France

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