Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

« Près de trois siècles de vieillesse observée, analysée, située. Trois siècles qui ont vu émerger les grands parents, au XVIIIe avec Greuze qui les peint, et au XIXe, avec Hugo qui les magnifie, pour, de nos jours, les faire osciller entre ceux qui aident et ceux qui sont aidés. Trois siècles qui ont regardé la pauvreté des vieux devenus incapables de travailler et tombés à charge de leurs proches et, à défaut, de la charité publique puis de l'assistance et en fin de la solidarité. Trois siècles qui ont vu la naissance des seniors, retraités actifs et, dit l'année 2012, solidaires des autres générations : l’entraide équitable et symétrique va-t-elle supplanter la relation nécessaire mais asymétrique de l’aide ? [. . .]

Le très grand intérêt et l’originalité [de ce volume] consistent à savoir osciller harmonieusement entre le local et le global, entre l’enracinement régional et la vision nationale, voire internationale. Ces travaux viennent de disciplines, de spécialités diverses, comme est diverse la société elle-même. L’accent est mis sur l’apport de la société à l’accompagnement de la vieillesse, grâce à des politiques sociales qui traversent les républiques et les gouvernements. De la généralisation des pensions de retraite qui fait reculer la pauvreté des vieillards, au développement de la gériatrie qui apprend à les soigner, à la modernisation de la gérontologie qui permet de mieux accueillir et accompagner, l’ouvrage met en valeur ce que la société fait pour ses anciens, même si, encore et toujours il y a plus et mieux à faire. »

Extrait de la préface de Geneviève Laroque (†), présidente de la Fondation nationale de gérontologie.

 

Les établissements désignés sous le nom d’hospice durant les XIXe et XXe siècles étaient les héritiers directs d’une des institutions d’assistance majeures de l’Ancien Régime, l’hôpital général. Fondé principalement pour le renfermement des mendiants et vagabonds par la déclaration royale du 14 juin 1662, l’hôpital général s’était en effet mué très vite en un établissement ouvert à tous les déshérités : vieillards indigents, orphelins et enfants abandonnés, infirmes et incurables, sans oublier les insensés. Pareille évolution fut momentanément interrompue par une tentative du gouvernement monarchique d’utiliser à nouveau les hôpitaux généraux pour y renfermer les vagabonds en promulguant la déclaration du 18 juillet 1724. Cette politique ne tarda pas à être abandonnée et, même si le pourvoir royal en reprit le principe beaucoup plus tard, il préféra ne plus user de contrainte à l’encontre des hôpitaux généraux : par sa déclaration du 3 août 1764 contre les vagabonds et gens sans aveu, il prescrivit la création de maisons de réclusion particulières à l’intention de ce genre de délinquants : les dépôts de mendicité. L’arrêt du Conseil du 21 octobre 1767 ordonna ensuite que ces dépôts de mendicité fussent répartis sur le territoire à raison d’un par généralité. L’Hôpital général se trouvait ainsi définitivement conforté dans sa mission de secours à l’humanité souffrante et il se perpétuerait sans changement notable en étant rebaptisé hospice à partir du début du XIXe siècle même si, au cours de la phase liminaire du mouvement révolutionnaire, certains réformateurs envisagèrent sérieusement de supprimer l’ensemble des établissements hospitaliers et de les remplacer par des aides individuelles sous forme d’une part d’allocations pour les vieillards, les infirmes et les filles-mères, d’autre part de soins à domicile gratuits pour les malades.

C’est dans le décret du 19 mars 1793 relative à une nouvelle organisation des secours publics que l’on trouve la première distinction tranchée entre d’un côté les établissements dispensant des soins aux malades, ici dénommés maisons de santé, de l’autre ceux destinés à l’accueil des infirmités physiques ou des détresses sociales, déjà qualifiés d’hospices. Par son article 8, cette loi arrêta que les fonds de secours destinés à l’indigence seraient divisés d’une part en travaux de secours pour les pauvres valides, d’autre part en secours à domicile pour les pauvres infirmes, les vieillards et les malades, d’autre part encore en maisons de santé pour les malades n’ayant point de domicile et en hospices pour les enfants abandonnés, les vieillards et les infirmes non domiciliés, enfin en secours pour les personnes victimes d’accidents imprévus. Quoique ce décret paraisse n’avoir jamais reçu d’exécution et que, pendant la période révolutionnaire, le terme hospice – hospice d’humanité notamment – tendît à supplanter celui d’hôpital en raison du discrédit de l’institution que recouvrait ce mot, la distinction entre eux ne tarda pas à s’imposer dans les esprits. Ainsi, dans le rapport d’Emmanuel de Pastoret au Conseil général des hospices de la capitale, publié en 1816, le classement entre hôpital et hospice se faisait selon une ligne de partage clairement définie1, et l’auteur y discutait la répartition dans l’une ou l’autre catégorie des quelques établissements situés à la frontière des deux domaines de l’assistance, et ce en fonction de la longueur du séjour et du caractère curable ou incurable de l’affection ayant déterminé l’admission.

La circulaire du 31 janvier 1840 portant règlement pour le service intérieur des hospices et hôpitaux donna la première définition des tâches imparties respectivement aux uns et aux autres. Elle constitue la première sanction officielle sur cette question, anticipant sur la loi du 7 août 1851 sur les hôpitaux et hospices qui allait régir pour plus d’un demi-siècle ces deux catégories d’établissement. Ce serait en effet la loi du 27 juin 1904 sur le service des enfants assistés qui amorcerait la séparation entre d’un côté la prise en charge de l’enfance abandonnée, de l’autre celle des vieillards indigents, cette dernière allant être précisée immédiatement après par la loi du 14 juillet 1905 relative à l’assistance obligatoire aux vieillards, aux infirmes et aux incurables privés de ressources.

Cette spécialisation et...

 Contributeurs : 	Yannick Marec (Auteur), Daniel Réguer (Auteur) Publication : 	02/10/2013 Langue : 	Français Pages : 568 Éditeur : Publications de l'Université de Rouen Collection : Histoire & Patrimoines ISBN :

Contributeurs : Yannick Marec (Auteur), Daniel Réguer (Auteur) Publication : 02/10/2013 Langue : Français Pages : 568 Éditeur : Publications de l'Université de Rouen Collection : Histoire & Patrimoines ISBN :

Tag(s) : #Médecine - Hôpital - Personnels - Santé - Sport
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :