Par Etienne DUPONT
Président de la Société Historique et Archéologique de l'arrondissement de Saint Malo.
L. DURANCE Editeur à NANTES
1908
On a envisagé et décrit le Mont Saint Michel sous toutes ses faces ; on a dévoilé les origines mystérieuses de sa fondation ; les chartes, les archives, les manuscrits de la célèbre abbaye du moyen-âge, conservés aujourd'hui pour la plupart à la bibliothèque d'Avranches, ont fait connaître l'état de ses revenus temporels, la vie de ses abbés, de ses prieurs, de ses commendataires, de ses capitaine et de ses soldats. Les chanoines de l'époque primitive, les moines de l'ordre de Saint Benoît et les religieux de la congrégation de Saint Maur ont été successivement évoqués ; la vie claustrale, aussi bien que la vie militaire, concentrée dans son enceinte pendant plus de dix siècles, a été analysée avec soin. Ce corps gigantesque a été, pour ainsi dire, disséqué dans ses fibres les plus intimes ; les architectes ont décrit chaque pierre, et la pierre, à l'appel du savant ou du poète, a répondu ou a parlé. Les cérémonies pompeuses du XVème siècle ont été reconstituées ; le géologue a sondé le socle qui sert de base à l'édifice ; le botaniste a étudié la flore de ce joli petit bois, dont le bouquet de verdure taillé en biseau parles vents du large ondule au pied de la sévère et hautaine Merveille. Les chimistes ont analysé la manne fertilisante des sables qui, à marée basse, entourent le Mont d'un immense manteau gris. Tout semble avoir été dit sur le Mont Saint Michel et sa bibliographie est vraiment copieuse (1). Considéré, toutefois, comme lieu de détention, il n'a pas encore trouvé son historien ...