D'une prison à l'autre - La restructuration de l'époque du Consulat prévoyait à Saumur une maison d'arrêt de l'arrondissement, qui, tout naturellement, est implantée dans la tour Grenetière, pourvue de vastes annexes. La population carcérale, se tenant habituellement entre 30 et 40 détenus, y tient au large ( voir Tour Grenetière ). Joseph Rey, Statistique des prisons du département de Maine-et-Loire, imprimé à Angers chez Ernest Le Sourd, 1833, dresse un tableau sévère de la vie dans cette geôle. Les détenus couchent toujours sur la paille et, par commodité personnelle, le concierge les entasse dans une seule pièce, alors qu'il y a de la place. Le cachot situé à la base de la tour Grenetière est abominable. Le conseiller à la Cour d'Angers estime particulièrement urgent le déménagement de cette prison.
Le palais de Justice est achevé en 1832 et il était annoncé qu'une nouvelle maison d'arrêt serait construite à l'arrière, dans l'ancien enclos des Cordeliers, à l'intérieur de la muraille de ville. Deux calques sans signature, datés de juin 1833, conservés aux Archives Nationales ( A.N., F 21/1889, dossier 40 ), correspondent à deux premiers projets, tous deux distribués sur deux étages. Le premier plan reprend les dispositions classiques des nouvelles prisons et prévoit de nombreux services : un quartier des enfants, une pharmacie, une infirmerie, une chapelle et aussi un " quartier de la pistole ", c'est-à-dire, un service où les détenus bénéficient d'un sort privilégié, soit qu'ils soient classés comme " politiques ", soit qu'ils puissent payer leur pension... Par une belle symétrie, l'espace est réparti à égalité entre les deux sexes, ce qui n'est guère opérationnel, puisque les femmes sont traditionnellement 6 à 7 fois moins nombreuses que les hommes. Le second plan allège le dispositif, mais prévoit d'ajouter un dépôt pour les détenus de passage. La réalisation finale est due à l'architecte angevin Jacques-Louis François, qui se fait appeler Villers. Plusieurs plans sont aux A.D.M.L., en 90 J, notamment aux numéros 3 382 et 3 418.
Mise en adjudication le 23 septembre 1833, cette construction diffère des premiers plans présentés, car, l'espace manquant, la prison a été édifiée sur trois étages, selon un plan en croix grecque de petites dimensions. L'entrée principale s'ouvre au 4 de la rue Haute Saint-Pierre...