Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

    A gauche. En haut, au total, près de 150 gardiens se relayaient jour et nuit pour veiller sur les détenus. En bas, les détenus de la prison de Fontevraud passaient l'essentiel de leurs journées à travailler dans des ateliers : menuiserie, rempaillage de chaise, filature ou encore tissage. Photo de droite, vue aérienne de l'Abbaye de Fontévraud à l'époque où elle abritait la prison centrale. Aujourd'hui, plus de 80 % des bâtiments carcéraux ont disparus. | © Fonds CRHCP/ENAP - CRHCP et B. Ménard

A gauche. En haut, au total, près de 150 gardiens se relayaient jour et nuit pour veiller sur les détenus. En bas, les détenus de la prison de Fontevraud passaient l'essentiel de leurs journées à travailler dans des ateliers : menuiserie, rempaillage de chaise, filature ou encore tissage. Photo de droite, vue aérienne de l'Abbaye de Fontévraud à l'époque où elle abritait la prison centrale. Aujourd'hui, plus de 80 % des bâtiments carcéraux ont disparus. | © Fonds CRHCP/ENAP - CRHCP et B. Ménard

- Ouverte voilà tout juste 200 ans par Napoléon, l'ancienne prison de Fontevraud était considérée comme l'une des plus dures de France, jusqu'à sa fermeture en 1963.

« Je préfère partir au bagne que de crever à Fontevraud se disaient entre eux les prisonniers », raconte Bertrand Ménard, l'auteur de Encore 264 jours à tirer, un ouvrage consacré à l'ancienne prison de Fontevraud, ouverte il y a tout juste 200 ans.

C'était au mois d'août 1814, dans les murs de l'ancienne abbaye récupérée par l'État français après la Révolution. Sur ordre de Napoléon 1er, les immenses bâtiments monastiques, datant du XIIe siècle, avaient alors été transformés en cellules, dortoirs, et autres ateliers.

Conçu pour accueillir 1 000 détenus, la prison recevra jusqu'à 2000 prisonniers, dans les années 1830. Très vite, « elle est considérée comme la prison la plus dure de France après celle de Clairvaux (Aube) », construite à la même époque et encore en activité aujourd'hui.

Un prisonnier sur sept y a perdu la vie

Pour les prévenus de droit commun condamnés à de lourdes peines, comme pour les prisonniers politiques, les conditions de vie y étaient particulièrement rudes. Le taux de mortalité y était élevé : un prisonnier sur sept y a perdu la vie. Cernés par le silence et la réclusion, comme auparavant les religieuses de l'Abbaye, « les détenus travaillaient durs, et devaient faire face à une discipline sévère », décrit Bertrand Ménard.

« Les surveillants aussi étaient malheureux, ils étaient eux-mêmes surveillés et devaient surmonter l'angoisse liée aux risques permanents d'agression et d'évasion. » La centrale de Fontevraud était d'ailleurs surnommée « la prison aux milles et une fenêtres et portes ».

Malgré ce surnom, elle n'aura connu que peu d'évasion en 150 ans d'existence. La plus marquante reste celle de trois condamnés à perpétuité. En juin 1955, la cavale des dénommés Damen, Dekker et Merlin avait duré une semaine et fait les gros titres, avant qu'ils ne soient fusillés à 50 km du centre pénitencier, à Sainte-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire).

« Le jour de l'évasion, les habitants de la commune étaient cloîtrés chez eux », affirme Bertrand Ménard. « On entendait la sirène », se souvient Alain Baillargeau, riverain de la prison et âgé d'à peine 10 ans à l'époque. Ces évasions étaient l'une des rares fois où le village tremblait.

Car le reste du temps, « il n'y avait jamais de problème avec la centrale », assure cet homme qui a toujours vécu au pied de l'enceinte pénitentiaire. « La vie de la commune tournait autour de la prison et Fontevraud était prospère à l'époque. »

En effet, le centre pénitencier était une véritable usine qui n'employait pas moins de 150 surveillants et leurs familles souvent nombreuses. « Ils faisaient vivre le village : il n'y avait pas moins de trois boulangeries, une boucherie, une charcuterie et cinq épiceries... », énumère Alain Baillargeau.

Fontevraud-l'Abbaye disposait même, à l'époque, d'une gare et... d'un cinéma. « Il était installé dans un des bâtiments administratifs de la prison. Le projectionniste était d'ailleurs un détenu. C'est là que j'ai vu pour la première fois La Vache et le prisonnier avec Fernandel », sourit le sexagénaire.

À Noël et à la Saint-Sylvestre, la prison accueillait également les familles de surveillants pour des bals. Les enfants recevaient même des jouets fabriqués de la main des prisonniers. « Mon frère avait eu une trottinette bleue en bois », se souvient Christiane Criton, fille de gardien.

« L'esprit de la prison est encore là »

Dans la commune, il n'était pas rare non plus de croiser des détenus. Uniformes de bure marrons, bérets vissés sur la tête et sabots aux pieds, ils partaient en « corvées » dans les champs voisins. Mais attention, « seuls les prisonniers les plus obéissants participaient à ces sorties », tempère Bertrand Ménard.

Des souvenirs marquants pour la commune. « Quand la prison a fermé ses portes en 1963, cela a été une catastrophe », affirme Régine Catin, l'actuel maire de Fontevraud-l'Abbaye. « Presque tous les commerces ont mis la clé sous la porte », lance Alain Baillargeau.

Il n'empêche, l'ancienne prison n'est pas devenue un lieu fantôme. Elle a été réhabilitée par la Région pour s'ouvrir aux touristes.

Si la plupart des stigmates de l'époque carcérale ont disparu, quelques graffitis et autres cellules conservées « dans leur jus » font encore le sel de visites thématiques autour de l'histoire de la prison. « Les visiteurs sont fascinés à chaque fois qu'on leur raconte, explique Zoé Wozniak-Queffelec, guide à Fontevraud. L'esprit de la prison est encore là, partout et nulle part. »

 

  • « Plutôt partir au bagne que de crever à Fontevraud »

    www.ouest-france.fr/plutot-partir-au-bagne-que-de-crever-fontevraud-2...

    Plutôt partir au bagne que de crever à Fontevraud ». Maine-et-Loire - 05 Août. écouter. A gauche. En haut, au total, près de 150 gardiens se relayaient jour et ...

  • Partez sur les traces de l'ancienne prison - Ouest-France

    www.ouest-france.fr/partez-sur-les-traces-de-lancienne-prison-2745898

    5 août 2014 - Si la prison centrale de Fontevraud a fermé ses portes en juillet 1963, son histoire est ... Plutôt partir au bagne que de crever à Fontevraud ».

  • L'abbaye de Fontevraud, une prison pendant la guerre

    www.ouest-france.fr/labbaye-de-fontevraud-une-prison-pendant-la-guer...

    12 août 2014 - Fontevraud. 22/05. A gauche. En haut, au total, près de 150 gardiens se relayaient jour. « Plutôt partir au bagne que de crever à Fontevraud ».

Tag(s) : #Prisons anciennes, #Bagnes coloniaux
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :