Fondé en grande partie sur les archives des justices seigneuriales, cet ouvrage permet de découvrir les secrets de la vie quotidienne dans les campagnes tourangelles de l'Ancien Régime : les foires, les vendanges, les métiers (bouchers, « chaircuitiers », saltimbanques, chirurgiens ambulants, colporteurs...), les anciennes traditions et obligations seigneuriales (boeuf gras, quintaine, etc.) dont certaines, un peu curieuses, impliquaient les nouveaux mariés. Le livre consacre également des pages à un jeu de tir méconnu, le « prix » ou « pavois », ainsi qu'à l'une des plus vastes étendues d'eau de la province, l'étang du Louroux. Il n'oublie pas non plus d'aborder les malheurs du temps, en évoquant les peines et les dégâts causés par les calamités naturelles, les incendies et les animaux. Enfin, preuve que notre époque n'a pas le monopole des vols de métaux, il présente deux affaires assez surprenantes de vols de plomb. À travers ces différents éclairages, l'auteur sort ainsi de l'oubli des vies et des histoires singulières. Il permet également de mieux saisir le rôle des justices locales et de faire partager le quotidien, heureux et malheureux, des anciens Tourangeaux.
Fabrice Mauclair est professeur d'histoire-géographie et docteur en histoire moderne. Auteur de plusieurs livres et articles sur la justice et le monde rural en Touraine sous l'Ancien Régime, ses recherches portent principalement sur les archives produites par les anciens tribunaux seigneuriaux.
- Broché: 320 pages
- Editeur : Editions Anovi (30 avril 2015)
Professeur d’histoire à Richelieu, Fabrice Mauclair propose une balade dans les campagnes tourangelles du XVIII e siècle, au fil de la justice seigneuriale.
A Neuillé-Pont-Pierre, on croise des « hommes veufs remariés » aux yeux bandés qui tentent de briser une cruche de vin avec un long bâton ; à Saint-Paterne, les jeunes mariés courent après une petite balle le long d'une rivière ; à Verneuil-sur-Indre, le seigneur se contente d'une balle faite main, d'un bouquet et d'une chanson…
Ces petites scènes de la vie quotidienne du XVIIIe siècle, Fabrice Mauclair est allé les chercher dans les replis des archives judiciaires d'Indre-et-Loire. Abandonnant les grandes affaires criminelles, les procès tonitruants, ce professeur d'histoire au collège de Richelieu a exploré la justice des campagnes. Dans « Tranches de vie en Touraine au XVIIIe siècle », il fait le portrait du département à travers ce droit qui s'inquiète des cochons qui divaguent, des fêtes qui débordent ou des jeux qui dégénèrent, des récoltes à protéger et du seigneur à honorer.
Le " boucher de carême " de Bléré
« La plupart de ces rites, notamment ceux gérés par les droits seigneuriaux, ont disparu avec la révolution », note-t-il. Toutefois, des ponts sont là, entre résurgence de traditions féodales ou échos du passé. « Le ban des vendanges est encore respecté dans certaines communes, comme à Vouvray, illustre Fabrice Mauclair. Sauf qu'à l'époque, avant la fête, le but était de prélever la dîme. »
Amusé, l'historien note aussi le retour du « bœuf gras ». Au XVIIIe siècle, à Bléré par exemple, tous les bouchers de la ville étaient sommés de présenter leur plus beau bœuf « le jeudi précédent mardi gras ». Au détenteur de la plus belle bête revenait le titre de « boucher de carême », seul habilité à vendre de la viande durant cette période, mais aussi l'obligation de « promener son animal dans la ville après l'avoir présenté au château ». « Une forme équivalente est réapparue récemment à Neuillé-Pont-Pierre… mais c'est organisé par le supermarché du coin ! », sourit Fabrice Mauclair. Les bouchers apparaissent encore au détour d'un règlement de police de 1771, qui condamne les bouchers qui profitent « de l'ignorance des justiciables qui ne savent pas distinguer de la vache morte du bœuf »… Que l'auteur renoue avec malice à l'affaire récente de la viande de cheval.
Au fil des chapitres, de village en village, émergent saltimbanques et seigneurs, jeux de tir et règles de commerce, mariage et calamités agricoles, foires ou battues. Une balade historique à travers la Touraine que Fabrice Mauclair a ponctuée d'anecdotes.