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Chantal Schmitt, "La veuve blanche"  premier volume d’une série de Cahiers verts. L'interview de Stéphan Sanchez

 L'interview de Stéphan Sanchez pour Culture et justice.

Chantal Schmitt dirige les éditions les orfèvres , une maison d'édition associative et collaborative dont l'objet est de permettre aux auteurs et artistes, peu ou pas connus, de présenter leurs œuvres par le biais de l'édition et de la diffusion. Dans cette optique, elle initie des activités et/ou événements afin de consolider le lien entre les créateurs et le public...

Auteur, photographe et libraire, Stéphan Sanchez a travaillé dans divers musées et publié plusieurs livres. En 2019, il reçoit le Prix spécial du jury du Grand Prix littéraire de Provence pour l'ensemble de ses publications...

1/ Chantal Schmitt, vous êtes auteure mais aussi éditrice, est-ce facile d’avoir cette double casquette ?

Je ne sais pas si le vocable « facile » peut s’appliquer ici. Disons plutôt que l’exercice est simplifié ; je porte infiniment de respect au travail de l’auteur et à sa démarche prospective lorsqu’il me soumet son manuscrit. Je connais sa mise à nue et ses attentes pour les avoir éprouvées moi-même et une fois le livre édité, je me bats pour qu’il soit lu par le plus grand nombre. En pratique, je réalise mon job d’éditrice en essayant d’atteindre l’idéal que pourrait en avoir l’auteur. Pour autant, le risque éditorial est un paramètre essentiel qui pèse sur le choix des textes à retenir ; je ne peux me permettre de céder à ma seule perception de l’œuvre que l’on m’envoie : je le soumets à un comité de lecture qui m’en fait un retour circonstancié et la décision d’éditer l’ouvrage ou pas se prend de manière collégiale. Les deux casquettes sont, par conséquent, compartimentées de telle façon que la collusion existe peu, ou peut s’avérer antagoniste dans les choix qui seront finalement retenus. Serge Scotto, que j’aurai le plaisir d’éditer prochainement, m’a dit un jour que les ennemis de l’auteur sont les éditeurs et les libraires ; il n’a pas tout à fait tort, en tout cas pour ce qui concerne l’éditeur (rires !). Tant de paramètres s’imposent à lui – dont certains sont parfois sans rapport avec l’écriture à proprement parlé – qu’une certaine difficulté relationnelle demeure entre eux deux. L’édition reste un travail de choix, et comme on le sait, choisir est souvent sacrificiel ...

2/ La veuve blanche est le premier volume d’une série de Cahiers verts, pouvez-vous nous en dire plus sur ce livre et sur ce projet et y a-t-il un message que vous voudriez faire passer ?

Á l’origine, j’avais écrit La veuve Blanche pour ma fille, Eva, en 2014. J’ai souvent écrit pour elle, essentiellement des histoires de femmes, parce qu’il me semblait primordial de l’éveiller aux difficultés séculaires d’être née fille dans une société patriarcale, et aux victoires obtenues afin de remporter un « à peu près », aujourd’hui encore, dans une équité de valeur et de traitement. Je ne suis pas féministe mais contre l’hégémonie sexuelle : l’écriture inclusive me révulse, le machisme m’exaspère, et je suis sensible à la galanterie masculine comme à la séduction féminine parce que je crois en la différence de nos sexes et en la délicatesse issue de cette différence. Cela dit, les mentalités doivent changer, comme le droit – notamment le droit social – en imposant aux employeurs une réelle égalité de salaire et de traitement homme-femme par exemple ; les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes au même poste, soit une différence qui, rapportée en salaire mensuel, équivaut à deux mois. Á l’heure où je vous parle, soit le 06 novembre 2020, et compte tenu de cet écart, les femmes travaillent « gratuitement » jusqu’au terme de cette année...On ne peut se satisfaire d’avoir obtenu, de par la loi, qu’une parité insubstantielle. C’est un peu ce que je mets en exergue dans la série des Cahiers Verts que j’ai retravaillée depuis pour en faire un projet plus abouti et à spectre large, sans tomber dans un militantisme exacerbé : à partir des récits consignés par une reporter-photographe de 1954 jusqu’à nos jours, sont mises en lumière, outre une introspection féminine par le biais de l’histoire personnelle du personnage principal, des faits d’actualité et les femmes d’exception qui les ont jalonnés. J’éclaire sur les conditions féminines d’une époque, sur le caractère exceptionnel des femmes dont je parle, et conclus l’histoire par un document authentique qui émane d’une des femmes évoquées dans le récit ; dans La Veuve Blanche, par exemple, est insérée une lettre de Germaine Tillion écrite en 1943 de la prison de Fresnes, alors qu’elle y était incarcérée. C’est donc une série à la fois didactique et romanesque où les super-héroïnes sont bien réelles et en tout point exemplaires. Chaque histoire de la série des Cahiers Verts est relativement courte, entre 150 et 170 pages, puisque chacune d’elle est censée contenir dans un cahier.

La Veuve Blanche : Été 1954. Alors que Jeanne couvre l’Accord de Genève pour l’hebdomadaire L’Express, une rencontre avec un confrère américain va bouleverser sa vie. Passionnée sans jamais avoir connu de vraies passions, idéaliste mais expérimentant la limite des idéaux qu’elle défend, elle explore dans cette nouvelle relation, une facette de sa personne longtemps déniée. Cette mutation se confronte à l’actualité de l’époque, à ses doutes et à ses joies, dans ce récit court d’un fragment de vie riche et mouvementé.

La Veuve Blanche devait sortir le 05 décembre 2020 en librairie. Au regard de la situation actuelle, la sortie de la version imprimée est reportée à une date qui coïncidera à celle de leur réouverture … Une version numérisée sortira fin novembre.

3/ La série des Cahiers Verts fait l’objet d’un partenariat avec l’association Toutes à l’école. Pouvez-vous nous parler de cette alliance ?

Les Orfèvres est une maison d’édition associative. Ses projets ne sont motivés ni par une notion lucrative ou de bénéfices issus de son activité. Pour la série des Cahiers Verts, tous les droits iront aux Orfèvres pour les réinvestir dans les futurs projets éditoriaux. Il m’est apparu comme naturel de faire également profiter une association des fruits de la vente de la série. Qui de mieux, pour un ouvrage mettant à l’honneur la Femme, qu’une association œuvrant pour la scolarité des petites filles ? Toutes à l’école a été choisie au regard de son objet et des valeurs qu’elle défend. Pour chaque volume vendu de la version imprimé ou numérique, 1€ sera reversé à cette association. Tina Kieffer, Présidente-Fondatrice de Toutes à l’école, journaliste et ancienne directrice de la rédaction du magazine Marie-Claire, a répondu favorablement à ce partenariat pour notre plus grand plaisir.

4/ Quels sont vos futurs projets ?

Dans l’immédiat, je souhaite ouvrir le catalogue des Orfèvres au numérique. Outre La Veuve Blanche, tous les romans publiés par les Orfèvres seront disponibles en e-book à partir de décembre avec, cerise sur le gâteau, un nouveau venu exclusivement disponible dans ce format : Châteaux Noirs de Stéphan Sanchez.

Les prochaines sorties imprimées restent malheureusement assujetties à la réouverture des librairies. Mais je peux d’ores et déjà vous glisser quelques infos inédites pour les sorties 2021 : une suite fort attendue du Sang des Pères de Pierre Luciani, un splendide roman épistolaire « Confidences d’un poisson rouge » co-écrit par Corinne Angel-Besson et Philippe Jacquet et enfin « Les Enquêtes d’Herbert Turaive, Prix Goncourt et tueur à gages » d’un Serge Scotto épatant et particulièrement en verve !

 

 

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

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Relecture et mise en page  Ph.P et S.P.

Tag(s) : #portrait du jour criminocorpus, #Romans - Essais - Polars - Thrillers
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