Affrontement Est-Ouest : la guerre est froide, les espions sont chauds

La Taupe (2011), Argo (2012), Le Pont des espions (2015), Atomic Blonde (2017), The Americans (2013-2018)... Ce petit échantillon témoigne de la profusion de films et de séries d’espionnage se déroulant lors de la guerre froide. Cette période historique est, sans conteste, marquée du sceau de l’espionnage dans nos représentations : notre imaginaire historique est ainsi peuplé de manigances, d’écoutes téléphoniques et d’agents très polyglottes sous couverture, œuvrant dans l’ombre. Qu’en est-il réellement ? La guerre froide était-elle une guerre d’espions ? Et quelle mutation les services de renseignement de l’époque ont-ils connue dans leurs moyens d’action ?

Surtout, qu’est-ce que cette avalanche de fictions d’espionnage, consacrées à la guerre froide ou non, peut bien dire sur nos sociétés ? Cette fascination pour le secret d’État dans des sociétés démocratiques prônant la transparence interroge. Avec nos invités, nous discutons des fonctions qu'ont pu remplir ces fictions romanesques et cinématographiques, pendant la guerre froide mais aussi après. Quels liens, parfois très étroits, se tissent entre les mondes du renseignement et de la création ?

Intervenant·e·s

Gérald Arboit est historien, directeur de l’équipe Renseignement au sein du laboratoire ESDR3C au Centre national des Arts et Métiers à Paris. Il a notamment publié : 

• Renseignement et avant-guerre de 1914 en Grande région (sous sa direction, CNRS Éditions, 2016)
• Pour une École française du renseignement (Ellipses, 2014)
• Des services secrets pour la France. Du Dépôt de la Guerre à la DGSE, 1856-2013 (CNRS Éditions, 2014)
• Au cœur des services secrets. Idées reçues sur le renseignement (Cavalier bleu, 2013)
• La Guerre froide (Éditions Ouest-France, 2012)
• Saint-John Philby contre Lawrence d'Arabie (Éditions Ouest-France, 2012)
• Schulmeister. L'espion de Napoléon (Éditions Ouest-France, 2011)
• Histoire mondiale de l'espionnage (avec Eric Denécé, Éditions Ouest-France, 2010)
• James Angleton. Le contre-espion de la CIA (Nouveaux Mondes, 2007)

Pauline Blistène est postdoctorante au sein de DEMOSERIES, projet de recherche européen accueilli par l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est également autrice du podcast Espion, une vie sous légende. Elle a soutenue en 2020 sa thèse Voir et faire voir le secret de l'État : fonctions et enjeux de la fiction d’espionnage contemporaine (sous la direction de Sandra Laugier), primée deux fois.