Portrait du jour : Caroline de Benedetti et Emeric Cloche, éditeurs

Nouveau portrait du jour Caroline de Benedetti et Emeric Cloche

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs  et reçoit avec infiniment de plaisir  Caroline de Benedetti et Emeric Cloche

En septembre 2020, L’Atalante annonçait la naissance d’une nouvelle collection : Fusion. Un peu plus d’un an après, un de ses titres vient de rejoindre la liste du prix Quai du polar. Cette bonne nouvelle n’est pas dû au hasard, puisque cette collection est dirigée par Caroline de Benedetti et Emeric Cloche. Si ces deux noms sont inconnus du grand public, dans le milieu du polar, ils jouissent d’une bonne réputation. C’est autour du polar d’ailleurs qu’ils se sont rencontrés, et depuis treize ans ils collaborent à de nombreuses manifestations, créent des événements, programment des interventions, des médiations et sont à la tête du magazine L’Indic.

Ils ont accordé à Culture et justice une interview :

Bienvenue Caroline et Emeric Cloche sur le très discret et prisé Culture et justice

L'interwiew est réalisé par notre ami Christian Dorsan

Nantais d’adoption, originaire de la région de Bagnols sur Cèze, Christian Dorsan s’intéresse à la théosophie, le martinisme, tout ce qui gravite autour de l’essence de l’homme.

Il collabore au magazine "L’Indic". Après "Les saisons de l’Isthme" (Paulo Ramand, 2012), il fait parti des 68 nouveaux écrivains de la rentrée littéraire de 2015 avec "Papa, c'est encore loin quand je serai grand ?" publié chez Paul&Mike.

"Le quart d’heure bagnolais" (2017) est son premier polar...

Créer une collection est-ce une suite logique de vos activités autour du polar ?

Tout à fait, il y a une continuité. C'est le résultat de rencontres, mais aussi d'une envie de défendre des textes et des auteurs. Nous avons créé l’association Fondu Au Noir en 2007, ça fait donc 15 ans que nous explorons le monde du livre avec un gros focus sur le polar. Nous travaillons sur le genre en profondeur en dégageant des thématiques et en analysant son évolution. Nous en avons croisé du monde et nous en avons lu des livres… ce qui nous permet de porter un certain regard sur l'édition.

Les deux romans de Simone Buchholz ont un personnage en commun, est-ce une volonté de proposer dans votre collection une suite ?

Ce n'était pas voulu, c'est plutôt le fruit du hasard, un beau hasard. Nous avons aimé les romans de Simone Buchholz, nous avons eu un coup de cœur pour son héroïne inoubliable, Chastity Riley, et il se trouve qu'elle revient dans plusieurs romans, avec sa bande d'amis. Les personnages récurrents sont par ailleurs monnaie courante dans le genre… nous sommes heureux que la collection possède ce personnage qui va se déployer sur plusieurs romans. Commencer à suivre Chastity Riley dans ses aventures c’est découvrir Hambourg et tout un monde.

Appartement 816 d’Olivier Bordaçarre vient d’être nominé pour le Prix des lecteurs Quais du Polar 2022, est-ce une pure fiction ou une extension anxiogène de notre présent ?

Les deux. Une fiction issue du réel, comme certains auteurs savent très bien le faire. La littérature a des choses à nous dire sur la pandémie que nous vivons, et ses conséquences. Et nous en avons besoin, sans aucun doute. Car oui, la période est anxiogène, pour tout un tas de raisons. La collection s’appelle « Fusion » car nous pensons que le genre policier se retrouve souvent dans les autres genres, qu’il navigue sur des frontières poreuses. Avec ce roman d’Olivier Bordaçarre nous sommes dans une légère anticipation… Appartement 816 est un polar qui permet de réfléchir à ce qui se passe dans notre monde. Ici et maintenant.

Vous êtes tous les deux engagés, vous suivez l’actualité et vous êtes des témoins de notre temps, souhaitez-vous donner une couleur sociale à cette collection ?

Cette couleur sociale transparaît à travers nos choix. Nous aimons les romans dont la force va nous remuer, soit parce que l'écriture perturbe nos repères, soit parce que le sujet choisi parvient à transformer quelque chose, ou encore mieux, parce qu'un livre va mêler ces deux qualités. Le roman policier, du fait de son sujet, « le crime », aborde des questions à la fois psychologiques et sociales. Oui, le crime est notre affaire.

Des surprises pour 2022 ?

Des surprises… hum… C'est encore un peu tôt pour le dire... Mais nous y travaillons. Sans doute plutôt pour le deuxième semestre. Mais déjà en Janvier vous retrouverez notre héroïne favorite, Chastity Riley avec « Béton Rouge » pour une nouvelle enquête qui ne laissera personne indifférent.

Simone Buchholz est une journaliste originaire de Hambourg qui a obtenu le Prix du Polar Allemand en 2019 avec le titre Mexikoring . Traduite en anglais et italien, seul un de ses livres avait été édités jusqu’alors, en France. Son personnage récurent hante pas moins de 6 romans et emporte un large lectorat appréciant les thèmes d’actualité, les tournures de phrases qui claquent et le côté décalé, ironique de son héroïne. L’autre héro de ses romans est bien sût sa ville de Hambourg.

Autre auteur phare de cette collection Olivier Bordaçarre. Habitué des planches de théâtre, il avait proposé en 2011 un polar autour d’un serial killer en pleine campagne électorale. Appartement 816 est un huis clos dans un monde à peine fictionnel, celui d’un « confinement totalitaire » (appelé Isolement Général Total) pendant lequel, un comptable essaye de télétravailler dans un appartement où vivent sa femme et son fils qui lui sont hostiles et un chien. Son seul bonheur est d’écrire sur les murs une sorte de journal. Polar d’anticipation ou simple mise en garde d’un futur pas si éloigné de ce que nous vivons.

Anne Langaney signe avec Fusion, une lettre d’une mère à sa fille. Clarck est texte inclassable, un œil intelligent et ambitieux d’une mère peu portée par l’empathie, qui ne veut que le meilleur pour ses enfants dans le but de sauver le monde. Un rendez-vous avec l’humour noir qui caractérise l’écriture de cette autrice et une dérive de l’éducation sont présent dans ce roman de 160 pages denses.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.