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Nouveau portrait du jour Clarence Pitz  

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Clarence Pitz 

Après avoir dirigé le casier judiciaire de Bruxelles pendant 7 ans, Clarence Pitz change radicalement de carrière pour devenir professeur d’Anthropologie et d’Histoire de l’Art. Mère de quatre enfants et artiste peintre à ses heures perdues, elle est coach de running et organise des visites de Bruxelles en courant...

Notre amie l'intrépide Ophélie auditionne Clarence dans le cadre de sa garde à vue littéraire

Née en 1980, Ophélie Cohen est fonctionnaire de police depuis plus de vingt ans. Tombée dans les bibliothèques quand elle était enfant, elle saute le pas et passe de lecteur à auteur...

Bienvenue Clarence et Ophélie sur le blog des aficionados du crime.

Bonjour Clarence,

Philippe m’a confié une mission d’une haute importance. Faire ton interview pour Culture et Justice. Je vais donc te placer quelques minutes en garde à vue, histoire que tu ne puisses pas te dérober à mes questions.

Chaque bonne audition commence par l’identité du mis en cause. Peux-tu te présenter s’il te plaît ?

OK, je veux bien en dire un peu sur moi si j’ai droit à un café. Pas de cigarette, je ne fume pas.

Clarence est mon vrai prénom. J’assume mes délits et je n’utilise pas de pseudo. Pitz est mon nom de jeune fille. Je préfère ne pas révéler l’autre pour ne pas impliquer ma famille dans mes crimes.

Au début, j’avais une vie bien planquée. Des études d’histoire de l’art, d’archéologie puis d’anthropologie à Bruxelles. J’avais même un boulot de libraire à côté ! Ensuite, j’ai bossé dans un casier judiciaire. Je vous en reparlerai plus tard. Du jour au lendemain, j’ai tout plaqué pour devenir chargée de cours dans l’enseignement pour adultes. Je fais ce job avec passion depuis 12 ans. Parallèlement, j’assume une fonction de qualiticienne pour un réseau d’enseignement.

Tout ça m’assure une couverture parfaite pour commettre mes écrits en toute impunité. Je sévis dans ce domaine depuis presque 5 ans et j’ai publié 3 romans : « La parole du chacal », « Ineffaçables » et « Meurs, mon ange ».

En quoi consistait ton travail en tant que chef du casier judiciaire à Bruxelles ?

Merci pour le café. Vous auriez un truc à manger ?

J’ai été engagée dans le cadre de la réforme des polices en Belgique. Les casiers judiciaires passaient des services de police aux administrations communales. Pendant deux ans, pour assurer la passation, j’ai été formée par des flics. Je dirigeais le service, j’étais toute jeune et ça n’a pas toujours été simple. Mais j’en garde un très bon souvenir. Les tâches étaient variées, allant de l’encodage des peines en passant par la remise de plis d’huissier à domicile. Mon rôle dans le service relevait de la gestion du personnel, du suivi des libérés conditionnels et d’une tâche assez délicate : décider si les gens étaient de bonnes vie et mœurs ou pas avant de leur remettre un extrait de leur casier.

Tu as une âme d’artiste. Tu enseignes mais tu peins aussi. Comment l’écriture est-elle venue compléter tes talents ?

Je vous arrête tout de suite ! Même si je peins des toiles de maître revisitées, je ne suis pas faussaire !

L’art a toujours fait partie de ma vie. J’ai fait dix ans d’académie du soir où j’ai fait le choix d’étudier et travailler la peinture à l’huile. A vrai dire, je pensais plutôt continuer dans cette voie. Mais l’écriture est venue frapper à ma porte un peu par hasard, sans que je m’y attende. Je me suis détournée de mes toiles pour m’y consacrer. Mais je n’ai pas abandonné mon goût pour l’art pour autant. La culture a toujours une très grande place dans mes romans. Et enseigner l’histoire de l’art et l’anthropologie est une source d’inspiration très précieuse.

Comment s’est passée la rencontre avec ta maison d’édition ? Était-elle une évidence ?

J’avoue, je me suis fait enrôler par le gang bruxellois littéraire nommé « Phénix Noir ». Ils règnent en maître sur le nord de la ville. Ceux qui ont affaire à eux deviennent accrocs à leur sympathie. Si vous croisez leurs chefs, évitez les yeux de l’un et le sourire de l’autre. Vous serez foutu.

Mes débuts dans l’édition n’ont pas été un long fleuve tranquille. Heureusement, j’ai fait LA rencontre qu’il fallait. Celle qui, oui, est évidente. J’ai besoin d’être en confiance et de travailler dans une bonne ambiance. J’écris pour le plaisir et la convivialité est pour moi primordiale. J’ai des éditeurs en or qui sont aux petits soins et qui se bougent pour leurs auteurs.

Peux-tu nous dire quelques mots de ton dernier roman « Meurs, mon ange » ?

Il y a des crimes plus difficiles à avouer que d’autres… OK, j’ai malmené mes personnages. Mais je ne regrette rien.

Je les ai plongés à Amsterdam, dans un ancien chantier naval, à la découverte d’un corps sans tête pendu à la flèche d’une grue. Je les ai fait voyager à Bali où, dans les plus beaux endroits touristiques, ils sont tombés sur des cadavres décapités. Je les ai fait courir à travers la jungle de Sulawesi, pour fuir un ennemi sans visage. Et, le pire que j’ai fait, c’est de confronter mon héroïne, Anja, à des images insoutenables à travers un job de modératrice web.

Voici ma déposition complète :

Amsterdam : Anja n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis la disparition énigmatique de son mari et de sa fille. Alcool, drogue et factures impayées rythment son quotidien et creusent sa solitude. Par crainte de terminer à la rue, elle accepte un boulot sordide, mais bien rémunéré. Alors qu’elle remonte peu à peu la pente, son passé ressurgit et la gifle en plein visage. Au milieu d’un quartier populaire, un cadavre sans tête est retrouvé pendu à une grue.  Karel Jacobs, inspecteur bruxellois, est appelé en tant que consultant. Rapidement écarté de l’affaire, il décide d’enquêter dans l’ombre.

Indonésie : Des corps décapités sont abandonnés dans des sites touristiques à Bali. Guntur, flic à Jakarta, est éloigné de son service par l’agence anticorruption et muté sur les lieux. Dans une forêt luxuriante, Eko et Taufik sont les cibles d’un ennemi dont ils ignorent tout. Blessés et épuisés, ils devront faire un choix. Fuir ou affronter les traditions de leurs ancêtres.

Quels sont tes projets ?

Mon premier objectif est de terminer mon quatrième thriller. J’avance lentement car le sujet est extrêmement délicat et que je veux rendre honneur au thème. Les recherches me prennent beaucoup de temps et je veux soigner chaque chapitre, chaque phrase de ce roman.

J’ai un autre projet sur le feu, mais pour en savoir plus, il va falloir m’accorder une réduction de peine. Si mes plans se passent comme prévu, il devrait voir le jour en 2023. Impossible d’en dire plus à ce stade, surtout qu’un ripou est impliqué.

Indiscrétion n°1 : pourquoi y a-t-il des canards sur tes toiles ?

Je ne parlerai qu’en présence de mon avocat.

Remplacer un élément d’un tableau de maître par un canard en plastique est une façon de dénoncer toute l’ironie du monde… J’ai choisi le canard car c’est un objet aux connotations très diverses et que tout le monde connaît. Ainsi, suivant le regardeur, mes toiles peuvent être ludiques, iconoclastes, politiques ou encore dramatiques.

Indiscrétion n°2 : Qu’est-ce que t’apporte l’écriture ?

Tout processus créatif m’apporte beaucoup. Dans le cas de l’écriture, je prends énormément de plaisir à me documenter, à tisser une intrigue complexe qui balade les lecteurs, à retranscrire l’atmosphère des lieux et, surtout, à faire des rencontres formidables.

Je lève la garde à vue pour aujourd’hui mais avant de partir, je te laisse le mot de la fin :

Ça tombe bien, « Le mot de la fin » est le titre d’un opuscule que j’ai publié en 2020 ! Je suis ravie de vous avoir révélé cet indice supplémentaire. Vous pouvez l’ajouter à mon dossier.

Merci pour ce sympathique moment en garde à vue ! J’espère que mon témoignage vous aura plu et vous donnera envie de me suivre dans mes sévices littéraires…

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page  Ph.P et S.P.

 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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