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Nouveau portrait du jour Sylvie Callet

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Sylvie Callet

Bienvenue  Sylvie sur le très prisé et discret Culture et justice

 

Une bio ré-enchantée de Sylvie Callet

 

Sylvie Callet est le fruit d'un gamin de Paris (c'est tout un poème) et d'une fleur de Province ni trop grande ni trop grosse ni trop mince d'origine italienne, arrivée du Sud de la France, là où le temps dure longtemps… et toujours en été.

Paris, c'est une blonde, et c'est pourtant brune que Sylvie y naît, le 13 décembre 1965 vers les 4 heures du mat', à l'heure où Paris s'éveille.

La petite fille vit avec ses parents au 13,  rue Pouchet, dans le 17e. Elle décide que le 13 c'est son porte-bonheur, un petit chiffre avec un cœur. Tata la cajole, Papa vélo lui joue de la mandoline, son père invente pour elle mille histoires et son parrain écoute sans se lasser ses incessants babillages. Paroles, paroles...

Et puis Zorro est arrivé ! Ah non, c'est un petit frère. Pour lui, elle réinventera l'étymologie, entre autres galéjades. Pourquoi se mentir, est-ce un jeu, un plaisir ? Euh, faut bien avouer que oui.

Mais bon, à quatre dans une pièce riquiqui, c'est pas la joie ! Persuadée que la misère serait moins pénible au soleil, la fleur de Province décide de regagner son sud natal en embarquant mari et enfants. Sylvie doit quitter sa chère école Freinet. Adieu, maîtresse, adieu ! À 5 ans, elle se retrouve à Toulon, où la mer a des reflets d'argent, parfois changeants et, tout compte fait, elle se plaît bien sous le climat qui fait chanter tout le Midi, sous le soleil qui fait mûrir les ritournelles...

Pour oublier l'Air de Paris, elle se plonge dans les livres : bibliothèque rose, verte ou en rouge et noir. Très vite, le Club des cinq n'a plus de secrets pour elle. Elle voudrait être Claude qui traîne partout avec elle le gentil Dagobert. Du coup, à l'âge de 7 ou 8 ans, elle commence à écrire des polars... d'au moins trois pages. Elle aurait voulu être un héros !

Plus tard, elle commet quelques poèmes : "Je suis un poète, je rêve et je flashe sur les lueurs du liquide vaisselle".

En attendant l'inspiration, elle joue la comédie sur les planches de théâtres scolaires au collège de Saint-Jean du Var et au lycée Dumont d’Urville à Toulon. Une expérience qu'elle poursuivra à l'âge adulte. Elle ne se voit pas en haut de l'affiche, c'est juste pour le plaisir, s'offrir ce qui n'a pas de prix, un peu de rêve à notre vie.

Avec son parrain, elle fréquente l'opéra de Toulon ; seule, elle écrit et rêve sur le port. À Toulon, tous les matelots sont bien les plus beaux... sous leur col bleu plus bleu que l'Azur radieux. Et parfois, elle s'en va siffler sur la colline. Elle a blondi, de façon naturelle, sous le soleil exactement. Oui, oui, gaussez-vous ! De toute façon, Faut rigoler, faut rigoler avant qu'le ciel nous tombe sur la tête.

Lorsqu'elle a 19 ans, y a le printemps qui chante ! Elle se marie et s'exile dans le Pays de Gex, près de la Suisse. Mamma mia ! 

Quelques années et deux beaux enfants plus tard, Capri c'est fini. Elle a dû se gourer dans l'heure, elle a dû se planter dans la saison. Elle se retrouve seule avec ses enfants à Bellegarde-sur-Valserine, dans l’Ain, où le virus du théâtre la rattrape et celui de la mise en scène la happe. Viens voir les comédiens, voir les musiciens, voir les magiciens…

C'est la fête, elle s'éclate quand la musique est bonne – elle adore danser. Elle galère pas mal aussi. Dans sa vie y a beaucoup trop de pourquoi et pas assez de parce que.

Elle enchaîne les petits boulots alimentaires parce que c’est comme ça la la la la. Puis elle cède à nouveau aux sirènes de l'amour qui se présente sous les traits d'un sculpteur Lyonnais : "Viens, viens avec moi !".

À 35 ans, elle rejoint donc son nouveau confident à Villefranche-sur-Saône. Ses deux enfants l’accompagnent. Pas si facile de partir un jour sans retour, sans se retourner, ne pas regretter, penser à demain, recommencer mais rien de rien, elle ne regrette rien.

Jean-Michel Debilly, son sculpteur de mari, l’incite à réaliser son rêve de toujours. Car, contrairement à Johnny, elle n'a pas perdu l'envie d'avoir envie !

Elle se jette donc à corps perdu dans la marmite magique de l'écriture : animation, formation, association, création, tension attention. Résister à tout sauf à la tentation, tel est désormais son adage. Pas toujours facile. Les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux. Parfois elle désespère : "Même en cent ans, je n'aurai pas le temps de tout faire. D'autres fois elle jubile : "Ça plane pour moi !" Ou elle pète carrément un câble : "Il est venu le temps des cathédrales". Bref, elle s'aperçoit que le moral d'une écrivaine, ça s'en va et ça revient, c'est fait de tous petits riens...

Car ça y est, non seulement elle fait écrire – des particuliers, des ouvrières, des chômeurs, des collégiens, des assistantes maternelles, des lycéens, des détenus… dans le cadre de son association Écriture & Papyrus où des artistes comme le poète Mohammed El Amraoui et le compositeur interprète Chris Lehache interviennent ponctuellement (tous ensemble, tous ensemble, partageons nos émotions) –, non seulement elle forme des professionnels du secteur médico-social pour les aider à écrire et faire vivre les mots, sur la feuille et son blanc manteau mais elle publie aussi : des romans, des polars humoristiques, des livres-témoignages…

Les mots derrière les murs, un recueil de portraits de garçons mineurs rencontrés en maison d'arrêt, fait l’objet d’un montage théâtral réalisé avec des adolescents par la comédienne Emmanuelle Della Schiava. Bouleversant. Depuis, en regardant le mur de la prison d'en face, Sylvie imagine à sa place les grillages ouvragés d'un parc abandonné

Depuis 2005, tous ses livres sont édités. Petit tirage, certes, mais beau mirage.

Cependant, Sylvie Callet ne perd pas de vue que tout ceci est juste une illusion. Même si c'est merveilleux de pouvoir faire ce qu'on aime et d’essayer de le faire bien, elle n'oublie pas que la vie c'est un manège et que rien, non rien, ne remplace jamais les rires des enfants et les mistrals gagnants.

Malgré les aléas, elle tient bon le cap et tient bon le vent. Persévérante, Sylvie refuse cependant d’entrer dans des cases où d’aucun.es voudraient la cantonner. Chacun, c’est bête, fait des étiquettes, mais elle est pas d’accord, elle est passionnée !

Côté écriture, elle continue donc à s’essayer à tous les genres, du portrait à la fiction, du récit à la poésie, du roman psychologique au polar. En matière de création, chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît, non ? L’écriture est un territoire qu’elle a envie d’explorer de fond en comble. N’en déplaise à ses détracteurs, elle tient à sa liberté d’aller n'importe où, pour aller jusqu'au bout des chemins de fortune, pour cueillir, en rêvant, une rose des vents sur un rayon de lune.

Elle bosse beaucoup aussi. Parfois ça l’épuise. La plupart du temps, ça la galvanise. À croire que le travail c’est la santé. Car, même s’il n’y paraît pas, écrire un livre c’est avant tout beaucoup de boulot. Et de temps. Et de disponibilité. Et de constance. Mais elle n’en démord pas : « J’irai au bout de mes rêves ». C’est son credo, son p’tit tralala, son « truc à moi ». Ça sonne comme une évidence.

Pour Sylvie, la reconnaissance littéraire vient petit à petit. Elle relativise. Laisse au temps le temps de jouer, patience patience. Deux de ses romans, Marie et le ciel autour et Sainte Uranie, priez pour nous  – c’est une romance d’aujourd’hui – publiés aux Presses du Midi, reçoivent de petits prix littéraires à Nantes et Villefranche-sur-Saône. Son récit intitulé Les murs noirs, parcours de vie de jeunes filles incurables d’Ainay est primé à Paris en 2016 ; le jury lui décerne le prix spécial Handi-Livres. C’est un livre sur la différence, celle qui dérange, un livre avec bien trop de murs et trop de gêne, beaucoup de portes qu’on referme.

Côté humour, Jeux de couples et Ciel, que la noix d’octobre est excitante (chroniques radio), ouvrages réalisés respectivement avec le peintre australien John Gillham et l’artiste moldave Zwy Milsthein émoustillent les p’tits oiseaux dans les chaumières : Y a d’la joie, bonjour bonjour les hirondelles…

En 2021 elle s’invite au lycée dans la filière professionnelle. Pour tenter d’alléger le poids des préjugés dont certains élèves de la section pro pâtissent injustement, elle écrit Ceux du C.A.P. publié aux éditions du Poutan. Si elle pouvait, via l’écriture, un tant soit peu changer la vie, ce serait toujours ça de pris !

Faute de pouvoir changer les couleurs du temps, elle publie, toujours au Poutan, Les couleurs du vent, un recueil de poèmes créé avec l’aquarelliste Jacky Augagneur, magnifiquement mis en page par son amie et complice graphiste Cécile Caramelli.

Et puisque tout finit par des chansons, elle confie au compositeur Martial Robillard trois de ses poèmes qu’il met en musique et interprète avec beaucoup de sensibilité sur sa chaîne Youtube : La tricoteuse de Marioupol, Ode à Brassens, Un monde tendre.

2023 ouvrira un nouveau couplet dans la chanson de sa vie : Fatum, un roman noir – noir c’est noir ! – sera publié à la mi-janvier au Caïman, une super maison d’édition basée à Saint-Etienne, la ville des mains d’or et des ballons verts. Sylvie tient à ce propos à remercier son éditeur, Jean-Louis Nogaro qui, à une lettre près, aurait pu percer dans la chanson. Ç’aurait été dommage car il excelle à soutenir ses autrices et ses auteurs tellement il y met du temps, du talent et du cœur.

Fatum, roman noir et social, met en scène des adolescents qui vivent dans une de ces périphéries urbaines où ça parle bizz, ça parle meuf, ça parle trop ; une banlieue populaire où la cité des mâles veille sur le quartier des lunes.

Que ce soit à travers des récits, des portraits, des œuvres de fiction… il est important pour Sylvie de traverser les murs, de briser le silence pour que la vie ait un sens. Elle écrit contre l’oubli, contre l’indifférence, sensible au sort de ces petites gens, de celles qu’on néglige, de ceux à qui l’on ment, parfois méprisés pour un délit d’accent, tous ces « invisibles » dont on parle si peu. Et quand il lui vient l’envie de houhouhouhouhou voyager, elle démarre une autre histoire.

Elle écrit pour comprendre sa vie et approcher la vôtre. Elle écrit pour digérer le monde ou bien s’en évader, en souligner les failles ou en gommer l’entaille. Elle écrit pour témoigner, pour le cri du crayon sur le nu du papier.

Alors dis-moi ? Écrire pour exister ou écrire pour ne pas mourir ?

Entre les deux, son cœur balance.

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page S.P. et Ph.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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