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Nouveau portrait du jour Lisette Poulin 

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Lisette Poulin 

Bienvenue  Lisette sur le très prisé et discret Culture et justice

 

Une présentation de Jean-Marc Cormier, auteur

    "L’autrice Lisette Poulin est ma cousine. Son père et ma mère étaient frères et sœurs. Aussi fort que le lien familial, notre intérêt commun pour la littérature et l’écriture se situe au centre d’une relation que nous cultivons avec soin depuis de très nombreuses années. Un jour, assise sur une marche de l’escalier, elle m’avait confié la source de ses premières inspirations : dans son livre d’apprentissage de l’alphabet, avant même qu’elle sache écrire, le « i » identifié au cri de la petite souris Trotte Menu l’avait atteinte en plein cœur. S’objectant à la mort de la pauvre bête la petite fille avait imaginé qu’un gros chat la délivrait. C’était un chat missionnaire, m’avait-elle dit. Plus tard, alors qu’elle était arrivée à l’adolescence, le jeune adulte que j’étais avait mis entre ses mains Les mots de Jean-Paul Sartre."

Après seulement quatre années à l’école élémentaire, elle s’était permis de faire la leçon au fabuliste Jean de Lafontaine et de tripatouiller La cigale et la fourmi. C’était pour combattre la mort, parce que sa mère manquait tellement à l’orpheline qu’elle était devenue toute petite à la suite d’un bête accident dont elle se sentait responsable. Elle était passée au crayon. Désormais, elle écrirait. Elle le savait déjà.

Les origines    

Appelée à parler de ses origines elle me répond : « Jean-Marc, lors de mon entrevue avec toi, j’ai été surprise de tes connaissances relatives à l’histoire de tes ancêtres Cormier. Comparée à la déportation des Acadiens, la vie des Poulin (tes ancêtres du côté maternel, mais du côté paternel en ce qui me concerne) m’apparaît beaucoup moins tragique. Une fois sur place, Cormier et Poulin ont cependant en commun d’avoir dû défricher, faire de l’abattis, ensemencer, construire une cabane en bois rond… Peu importe d’où les nôtres venaient, c’était au paradis qu’ils espéraient une vie meilleure après leur mort, en récompense des privations endurées. Ils travaillaient pour gagner leur pain quotidien, mais aussi pour se mériter la vie éternelle auprès de leur créateur. » 

Vie de famille

    Voici ce que nous raconte Lisette à propos de son enfance : « Un drame a marqué mon enfance : ma mère est morte dans un accident lorsque j’avais cinq ans. Par la fenêtre, j’ai vu les lumières rouges de l’accident. Avec le temps, je réalise que cette tragédie a aiguisé ma sensibilité. Pour moi, toute vie, même celle des mouches ou des chenilles sur le trottoir, était sacrée!

    Un an après le décès de maman, mon père s’est remarié avec Monique, une jeune fille de 16 ans. Il en avait alors trente-six. Ma première mère était expansive; la deuxième, quoique bonne et gentille, était réservée. Les premiers temps, j’avoue que cela m’a déroutée. Au fil des ans, d’enfant unique, je suis devenu l’aînée de huit enfants. » 

Écriture

    Quand je lui demande de m’expliquer le lien qui l’attache à l’écriture, elle revient à nouveau sur son enfance : « Je n’ai jamais oublié l’histoire de Trotte-Menu, une petite souris désobéissante prise au piège dans le livre de lecture de première année. Le soir, avant de m’endormir, j’inventais un moyen de lui sauver la vie. En quatrième année scolaire, je modifiais la fin de La cigale et la fourmi. Parce que ma mère me manquait, j’inventais pour combattre et vaincre la mort. Toutefois, pour la cigale, une importante transition s’était opérée : de l’imaginaire, j’étais passé au crayon… À l’adolescence, je canalise mes émotions en écrivant des poèmes. J’aimais ce langage qui disait beaucoup en peu de mots. »

Formation et cheminement professionnel    

    Formation, vie familiale et cheminement professionnel sont étroitement liés dans la vie de l’autrice Lisette Poulin. Il a fallu qu’elle fasse preuve de beaucoup de ténacité et de volonté pour garder le cap sur ses rêves tout au long de son existence. Je la laisse nous raconter la suite.

« Je suis née à Saint-Martin en Beauce. Pendant les sept années du primaire, j’ai marché vers le beau couvent blanc des Sœurs de la Charité de St-Louis. Pour la huitième et la neuvième année scolaire, un nouveau bâtiment construit sous l’appellation École St-Louis de France avoisinait le premier. En 1970, la Polyvalente Bélanger accueillait les élèves de mon village et des villages avoisinants. J’y ai complété les trois dernières années du secondaire. Le midi, j’assurais le service à la cafétéria pour payer mon repas.   

À la maison, je ne demandais jamais d’argent. Il était trop rare. Mon père, un homme fier, et intelligent, n’avait pu terminer sa première année scolaire. Pour ajouter un revenu d’appoint à l’aide sociale, il vendait et achetait des automobiles. « On ne vend pas des autos en faisant du « porte à porte » comme il le disait. Aussi, l’hôtel du village devenait un lieu de rencontres. Lui, il aurait préféré que je sois embauchée dans une manufacture. Malgré sa réticence, j’ai terminé mon secondaire. Pour subvenir à mes besoins, les fins de semaine, j’étais la gardienne de quatre enfants chez un couple qui offrait un service de taxis. Par la suite, pour un salaire dérisoire, j’ai travaillé comme serveuse dans un restaurant une trentaine d’heures par semaine. En sciences et mathématiques, mes notes en ont souffert. Toutefois, en français écrit et en expression orale, elles n’ont pas été affectées. 

    En cinquième secondaire, je m’inscris en Communications au Cégep de Jonquière pour l’année 1972-1973. Entre-temps, je rencontre l’amour… Au mois d’août 1972, mon prétendant, comme l’aurait dit ma grand-mère, me rendait parfois visite les fins de semaine…

    J’avais droit au maximum de prêts et bourses du Gouvernement du Québec. Toutefois, ce montant ne couvrait pas tous les frais de cours et de subsistance durant l’année scolaire. À la suite d’une entrevue au service de placement du cégep, je logeais chez une dame divorcée qui retournait aux études. En échange du gîte et du couvert, je gardais ses deux enfants les soirs de la semaine. 

    Quelques jours avant la fin de la deuxième session collégiale, j’ai appris que j’étais enceinte. On m’a offert une interruption de grossesse. J’ai refusé. Je ne pouvais me résoudre à éteindre la vie en moi. En juillet, je convole avec mon mari. En janvier 1974, nous sommes devenus les parents d’un garçon. En 1977, une petite fille vient compléter la famille. L’été prochain, nous célébrerons notre 50e anniversaire de mariage.

     De 1974 à 1983, j’ai occupé différents emplois en secrétariat. De 1984 à 2014, j’ai travaillé comme employée de bureau au Centre de santé et services sociaux de Beauce. L’écriture a toujours représenté un atout dans mon milieu de travail et mes relations avec les autres. J’étais pour ainsi dire une écrivaine publique. On sollicitait ma plume lors d’un deuil, d’un mariage, d’un départ à la retraite, d’un bien-cuit, d’articles divers et de textes publicitaires, etc. Après avoir collaboré à la monographie paroissiale « Un souvenir pour l’avenir », mère de deux adolescents, j’ai réussi à conjuguer travail et retour aux études. 

    En 1991, c’était le temps ou infirmiers et infirmières ainsi qu’intervenants sociaux retournaient aux études pour devenir bacheliers ou bachelières. J’ai demandé la permission à mon employeur de m’absenter une journée/semaine et je me suis inscrite à une mineure en création littéraire à l’Université Laval puis à une majeure en littérature française et québécoise, 

    En 1995, Délit de fuite, mon recueil de poèmes paraissait chez Éditeq. En 2002, je terminais un baccalauréat avec majeure en littératures française et québécoise et mineure en création littéraire. Mon premier roman Tête de linotte ! était publié aux Éditions Pierre Tisseyre en 2019 et pour une quatrième année consécutive, il sera mis l’étude au Cégep Beauce-Appalaches.

     Les rêves sont tenaces… L’écriture représente vraiment le fil continu de ma vie ! »

    Lisette Poulin travaille actuellement à un deuxième roman en voie d’achèvement. Voici la liste de ses publications et de celles auxquelles elle a collaboré :

« Black Jack » dans Écrire contre le racisme (2002)
Collectif, « Black Jack » dans Écrire contre le racisme, Montréal : Images Interculturelles, 2002, p. 11-14. ISBN : 2-921757-003
Délit de fuite (1995)
Lisette Poulin, Délit de fuite - poésie, Rimouski : ÉDITEQ, 1995, 60 p. ; 19 cm. ISBN : 2-920307-40-1
Un souvenir pour l’avenir : Saint-Gédéon de Beauce 1890-1990 (1990)
PELCHAT, Auguste, Louiselle Pelchat et Lisette P. Gagné et Hélène Boutin, [s.l.], Un souvenir pour l’avenir : Saint-Gédéon de Beauce 1890-1990, Saint-Gédéon-de-Beauce : Centenaire Saint-Gédéon-de-Beauce, 1990, 585 p. : ill., cartes, portr. ; 23 cm.
Tête de linotte ! (2019)
Lisette Poulin, Tête de linotte ! - roman, Rosemère : Éditions Pierre Tisseyre, 2019, 349 pages ; 23 cm. ISBN : 9782896334209"

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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