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Nouveau portrait du jour Luc Fivet

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Luc Fivet

Luc Fivet est un écrivain de langue française, né le 21 octobre 1965 à Namur. Il vit en région parisienne. Romancier, il est aussi auteur dramatique et auteur-compositeur de chansons...

Bienvenue Luc sur le très prisé et discret Culture et justice

 

"Comment devenir écrivain

 C’est très simple.

D’abord, le sentir dans ses tripes. Écrire n’est pas un passe-temps : c’est une nécessité absolue. Une journée sans écrire est une journée perdue. Bien. Ce constat posé, se poser de nouveau la question : comment faire ?

D’abord écrire des centaines de poèmes. Puis, tout en menant des études de sciences politiques, apprendre la guitare et écrire des chansons. Écrire sa première pièce de théâtre à 18 ans. La laisser dans un tiroir car elle n’intéresse personne. En écrire beaucoup d’autres, avec le même résultat. Puis écrire un premier roman à 20 ans. L’envoyer aux grands éditeurs parisiens parce qu’on ne doute de rien à cet âge. Recevoir ses premières lettres de refus. Être déçu, mais se jurer qu’on va montrer au monde entier quel génie on est – écouter Jacques Brel en boucle, se prendre pour l’Homme de la Mancha. Lire des centaines de romans pour comprendre comment on écrit un bon roman. Écrire un autre roman, puis un recueil de nouvelles. L’envoyer à des dizaines d’éditeurs. Essuyer une cinquantaine de refus.

Puis quitter sa Belgique natale parce qu’on rêve d’être artiste professionnel et que c’est à Paris qu’on peut y arriver et nulle part ailleurs. Vivre une galère sans nom, aligner les petits boulots, courir le cachet, déposer ses manuscrits chez les éditeurs pour économiser les frais postaux. Être accueilli par des dames très gentilles qui vous demandent si vous avez bien laissé vos coordonnées sur le manuscrit – il faut que la lettre de refus arrive à bon port. Recevoir lesdites lettres. S’accrocher contre vents et marées.

Devenir chanteur professionnel, écumer les cabarets parisiens, jouer partout où c’est possible. Monter une de ses pièces dans un grand théâtre de banlieue et intenter un procès à la productrice qui refuse de vous verser l’argent qu’elle vous doit. Écrire d’autres romans, bourrés de fantaisie et d’originalité. Être refusé partout parce que l’originalité, c’est précisément ce qu’on évite chez les grands éditeurs. Écrire des sketches pour une émission humoristique parce que les droits d’auteur sont à la hauteur. 

Comprendre enfin que pour avoir une chance d’être publié, il faut rentrer dans une case bien identifiable. Et comme on lit beaucoup de polars, écrire un polar. Refusé partout. Un deuxième. Même verdict. Écrire alors un thriller d’anticipation qui va tout bouleverser sur son passage. Refusé partout, malgré les encouragements de Frédéric Beigbeder.

Arriver mine de rien à 40 ans et se dire qu’au bout de 250 refus, il serait peut-être temps de se dire qu’on s’est trompé de vocation.

Écrire un thriller à partir du scénario d’une amie qui n’arrive pas à vendre ses scénarios, en se rappelant la parabole de l’aveugle et du paralytique. 

Et un beau jour, apprendre qu’un des plus grands éditeurs parisiens accepte le roman – bondir de joie – à condition que seul le nom de votre amie soit sur la couverture. Accepter, la rage au cœur, avec le projet de proposer ses manuscrits audit éditeur un peu plus tard. Voir le thriller sans votre nom sur la couverture se hisser en tête des ventes et devenir un bestseller. Essayer de ne pas ricaner devant l’ironie de la situation.

Proposer son thriller d’anticipation à son éditeur – qui l’a refusé deux ans plus tôt. Hurler de joie en apprenant qu’il est accepté. Mettre fin à ses activités de chanteur de cabaret pour vivre de sa plume. Aller à la Fnac pour voir son livre mis en place au milieu d’auteurs prestigieux. 

Recevoir de son éditeur une commande pour un second thriller. Toucher un bon à-valoir et passer un an en totale immersion dans son sujet. Vivre le bonheur absolu. Voir son nouvel ouvrage recensé dans la presse – des dizaines de critiques élogieuses. Passer à la télévision pour parler de son roman. Être reconnu dans la rue. Savourer son quart d’heure de gloire. Aligner les signatures dans les salons du livre. Commencer l’écriture d’un autre roman dans l’enthousiasme général. 

Puis apprendre qu’il y a du changement chez votre éditeur. Un nouveau directeur arrive. Il fait le ménage, on n’a plus besoin de vous. Au revoir et merci.

Déprimer gravement. Continuer à écrire. Proposer ses manuscrits. Ne même plus recevoir de lettres de refus parce que les éditeurs font des économies de timbres. Entendre un éditeur d’une grande maison vous dire, à propos d’un de vos textes les plus aboutis : « J’aime pas quand on invente des mots. » Se demander ce qu’il fait dans l’édition. Et ce qu’on fait dans son bureau. Déprimer. Puis décider de publier soi-même ses livres sur internet. Ne pas en vendre.

Un jour de désoeuvrement, foutu pour foutu, envoyer ledit manuscrit à une petite maison d’édition dirigée par une femme qui travaille seule, sans distributeur, et vend ses livres dans les salons et sur les marchés. L’entendre s’étonner que le manuscrit en question n’ait pas trouvé preneur chez un grand éditeur. S’étonner de son étonnement. Voir ce roman publié le jour de ses 50 ans et apprendre qu’il se vend comme des petits pains. Essayer de ne pas ricaner en repensant à l’éditeur qui n’aime pas quand on invente des mots. Écrire d’autres romans, les proposer à gauche et à droite, être refusé. Découvrir des petits éditeurs volontaires et courageux qui prennent le risque de les publier. Voir la liste de ses publications s’allonger sur le site de la Fnac. 

Se lever chaque matin et s’asseoir devant son ordinateur en se demandant ce qu’on va bien pouvoir trouver pour le roman en cours.

S’apercevoir qu’on est devenu écrivain."  

Dernier livre paru : « Le Manuscrit », IGB édition, prix Roz & Noir 2022. 

Résumé : Jeune éditeur en vogue, Paul Miller a la réputation de savoir déceler les talents. Lorsqu'une inconnue lui glisse subrepticement le tapuscrit d'un certain Alexandre Mascaret, il est aussitôt persuadé de tenir un récit exceptionnel. Mais son assistante reconnaît le manuscrit qui coûta la vie à un éditeur de la maison quarante ans auparavant et lui intime l'ordre de le détruire avant qu'il ne soit trop tard. Sous l'emprise de ce texte sulfureux, Miller se lance pourtant sur la piste de l'auteur. Qui se cache derrière le pseudonyme de Mascaret ? Quelle est l'implication de l'étrange messagère toujours vêtue de noir ? En quoi consiste cette malédiction qui frappe le lecteur ? Qui mène la danse dans le monde mystérieux de l'édition dont on ne sait si les histoires aident à vivre ou si elles nous préparent à mourir ?

Un roman sombre non dénué d'humour qui a été récompensé par le Prix du suspense "Roz & Noir" 2022. Une quête initiatique. La recherche de manuscrits maudits. Le retour de la plume acérée de l'auteur du best-seller REQUIEM.

Date de parution : 

  • Editeur : Igb Editions
  • EAN : 9782491770679
  • Nombre de pages : 272

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P 

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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