- 1 Michelle Perrot, « Ouverture », dans Christine Bard, Frédéric Chauvaud, Michelle Perrot, Jacques-Gu (...)
- 2 Pour un retour historiographique plus complet sur les femmes criminelles et l’enfermement des femme (...)
- 3 Michelle Perrot, « Ouverture », op. cit.
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En 2002, en ouverture de Femmes et justice pénale, Michelle Perrot appelait à « étudier […] l’échelle des peines à l’aune du genre ». En effet, les prisons féminines sont menacées d’oubli car « l’ombre les enveloppe plus que les prisons masculines1 ». Le travail d’Anna Le Pennec sur les femmes incarcérées dans les prisons centrales du sud de la France au XIXe siècle, vingt années plus tard, répond parfaitement à ce plaidoyer. Issu d’une thèse en histoire réalisée sous la direction de Sylvie Chaperon à l’université Toulouse 2, il s’inscrit dans un renouveau récent des études sur l’enfermement des femmes. Le champ, en tant que tel, n’est pas neuf. Dès 1982, Claudie Lesselier a soutenu une thèse dirigée par Michelle Perrot sur Les Femmes et la prison. 1815-1939. Le contexte était alors favorable, dans le sillage des contestations qui ont éclaté dans les prisons françaises dans les années 1970 et 1971, de la fondation du Groupe d’Information sur les Prisons, de la parution du Surveiller et punir de Michel Foucault et de l’avènement de l’histoire des femmes dans les années 1980. Les travaux sur l’enfermement des femmes se sont multipliés depuis, avec les études de Yannick Ripa sur Folie et enfermement au XIXe siècle, ou encore celles de la psychologue Béatrice Koeppel sur les femmes incarcérées pendant la Troisième République2. Mais restait à écrire une histoire « au ras du sol, depuis l’intérieur des établissements » (p. 22). Dans ce but, il fallait d’abord faire « entendre [les] voix » (p. 12) des détenues, comme l’écrit Philippe Artières en préface de ce livre. Ensuite, demeurer sensible aux interactions des femmes, à la fois avec leurs proches et les individus responsables de leur surveillance. Enfin, être sensible aux moments où « l’Histoire entre dans la prison » (p. 14), contre l’idée reçue qui veut que seules les prisons masculines soient des sites « d’événements, de conflits, de révoltes3. » ...