1995, Sarajevo, l'assaut des Casques Bleus français sur le pont de Vrbanja

Sarajevo, mai 1995 : la capitale de ce qui a été la Yougoslavie est depuis trois ans assiégée par les forces serbes du leader nationaliste Radovan Karazic. Voilà trois ans que le pays est éclaté, entre Serbes, Croates et Bosniaques, et voilà trois ans qu’y sont déployés les Casques bleus de la Forpronu, la Force de protection des Nations Unies. Mais cette force d’interposition ne change pas beaucoup le quotidien des habitants de la ville : cloitrés chez eux, ils subissent les bombardements. Dehors, ils sont à la merci des snipers.

Le 27 mai, à 4 heures du matin, des forces serbes s’emparent du poste d’observation qui verrouille l’accès au pont de Vrbanja, un site stratégique du centre de Sarajevo, tenu par des Casques bleus français.

Le 27 mai, à 7 heures du matin, les soldats français reçoivent l’ordre de reprendre le poste. A 8h45, l’officier qui les commande leur ordonne de fixer les baïonnettes au bout de leurs armes. A 9h10, après un assaut qui fait deux morts côté français et quatre côté serbe, la position est reprise.

Au-delà de l’action militaire, l’assaut du pont de Vrbanja est aussi un symbole  : celui de Casques bleus français, déployés pour être une force d’interposition entre les belligérants, mais qui décident de faire cesser ce qu’ils vivaient comme une humiliation. En d’autres termes, c’est un acte de guerre décidé par des soldats de la paix.

Un récit documentaire de Franck Cognard

Invité :

Michel Goya, officier des Troupes de marine et docteur en Histoire contemporaine. En parallèle de sa carrière opérationnelle, il a aussi enseigné l’innovation militaire à Sciences-Po et à l’Ecole Pratique des Hautes-Etudes.  en 2022, il a publié chez Tallandier : Le Temps des Guépards. La guerre mondiale de la France De 1961 à nos jours. En 2019, chez le même éditeur : Sous le feu. La mort comme hypothèse de travail, un essai dans lequel il consacre plusieurs pages à l'assaut du 27 mai 1995 sur le pont de Vrbanja. Extraits disponibles sur le site de Michel Goya : La voie de l'épée.