Nouveau portrait du jour : Enza Palamara
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Palamara
Bienvenue Enza sur le très prisé et discret Culture et justice.
L’interview est réalisée par notre amie Frédérique de Lignières, éditrice et romancière.
"Passionnée par les contes de fée, le fantastique et l’imaginaire, la romancière vit dans la forêt d’Orléans en compagnie de ses animaux familiers. Elle compose des poèmes et écrit des nouvelles depuis son plus jeune âge. Durant sept ans, elle a rédigé un magazine artistique et culturel qui a connu une audience internationale. Elle fait des conférences sur des sujets artistiques et littéraires et elle a animé durant deux ans une émission consacrée à l'art sur une radio locale.. En 2016, Frédérique de Lignières a publié un roman de fantasy dédié à ses deux filles : « L’alliance ». Et en 2018 elle a composé un recueil de nouvelles inspirées par l'histoire de la forêt d'Orléans : "La légion bretonne et autres nouvelles de la forêt d'Orléans" (éditions de l'Ecluse). Elle est également l'auteur de "Bigué" un roman dont l'action se situe à Dakar dans les années 50.
Frédérique vient de créer une petite maison d'édition L'Andriague et elle se consacre à la faire vivre et à faire connaître les auteurs francophones qu'elle publie. On trouve dans son catalogue des romans, des nouvelles et de la poésie."
REPONSES - interview Frédérique de Lignières - Blog/Culture et justice
1 – Qui êtes-vous Enza Palamara ? Pouvez-vous nous parler de votre enfance, de votre vie, des évènements qui vous ont marquée ?
Je suis née à l’extrême Sud de l’Italie, sur un roc entouré d’une ronde de montagnes se rejoignant vers la mer ionienne, au Cap du Zéphyr. Pays de la Grande Grèce ; mes grands -parents parlaient encore un grec très proche du grec ancien. Je voyais la mer verticale, comme un mur transparent et je désirais aller de l’autre côté pour découvrir l’Ailleurs qui m’attendait. J’ai été profondément marquée par ces images grandes et fortes sur lesquelles mon cœur s’est ouvert, et que j’ai retrouvées par la suite dans mes dessins.
A l’âge de 12 ans je suis arrivée en France, à Nice, avec une partie de ma famille. Quel émerveillement de découvrir l’Ailleurs tant désiré, et surtout d’entendre une nouvelle langue dont la musique m’a enchantée d’emblée. Je pouvais nommer les choses d’une façon différente ! Ce fut une nouvelle naissance.
J’ai eu le bonheur d’être accueillie dans un Lycée où la qualité des cours a comblé ma soif de savoir. Ainsi très tôt la « rencontre » de Montaigne a été pour moi un appel à transmettre cette merveille : « le gain de notre étude est d’en devenir meilleur et plus sage »et « notre âme s’élargit à mesure qu’elle se remplit »
Agrégée de Lettres, j’ai enseigné en Bourgogne et en région parisienne. Dès mes premiers contacts avec les élèves, j’ai compris que j’étais sur ma Voie. Assez rapidement j’ai eu le privilège d’être détachée à a mission universitaire à l’étranger et j’ai été nommée à l’Institut français de Naples .Belle occasion pour moi de transmettre à des Italiens mon amour pour la langue et la culture françaises. J’avais pu ainsi abolir les frontières entre mes deux cultures.
Mes recherches universitaires ont porté sur « les rapports entre la Poésie et la Peinture » de Baudelaire à Yves Bonnefoy. Les Ecrits sur l’Art de Baudelaire m’avaient beaucoup touchée et je n’ai pas cessé d’explorer cette « alliance substantielle » entre les arts. J’ai été élue à l’Université François Rabelais de Tours pour enseigner ce thème précisément .
2 – Comment est née votre vocation pour l’écriture et la poésie ?
J’ai toujours écrit . Adolescente , pour entrer dans l’intimité de la langue française. Plus tard par nécessité intérieure . La poésie m’avait été donnée dans ma famille. Très modestes, mes parents savaient pourtant des livres entiers par cœur ; je les entendais souvent réciter Dante et d’autres poètes, je découvris ainsi très tôt un « haut langage » qui m’attirait très fort. J’ai su ainsi par cœur de grands poèmes avant de savoir lire . La découverte de la langue française fut déterminante. Les grands classiques, Corneille, Racine, La Fontaine me donnaient envie de m’exprimer dans cette langue si harmonieuse, et d’une si belle clarté. Je ne pensais pas écrire moi-même : les poètes que je lisais me prodiguaient tout ce dont j’avais besoin .
3 – Vous dessinez aussi, je crois ? Qu’a apporté le dessin à votre expérience de l’écriture ?
Une grave maladie m’a imposé une très longue convalescence pendant laquelle je ne pouvais pas du tout lire . Ainsi, suivant les conseils d’une amie peintre, je me suis mise à gribouiller de la main gauche et, à mon grand étonnement, je voyais jaillir des images qui étaient des paroles, des hiéroglyphes qu’il fallait déchiffrer à l’aide de mots. C’est ainsi que sont nés mes carnets contenant tout mon travail poétique . Impossible de dissocier image et mots. Il m’ a fallu inventer « une tierce langue ».
4 – A votre avis, poésie et spiritualité sont-elles liées ?
Poésie et spiritualité sont une seule et même chose pour moi . Mon travail est né à la suite de deux nuits pendant lesquelles j’ai vécu une expérience exceptionnelle : ente la vie et la mort, je revivais chaque instant de ma vie et j’éprouvais le besoin de l’écrire. Mais, crucifiée sur un lit d’hôpital ,je ne pouvais que vivre intensément ce qui m’était révélé dans un univers où les frontières étaient poreuses, pendant que le LIVRE que je ne pouvais pas écrire s’imprimait dans tout mon être. Expérience fondamentale qui, pour moi, est de l’ordre du sacré .Au bout de plusieurs années de travail , je me suis aperçue que mes carnets reproduisaient ce LIVRE .Ils racontent l’histoire de ma vie , ou plutôt sa légende.
5 - Avant « En quête du lieu », vous aviez déjà publié plusieurs recueils de poèmes. Après tant d’années pourquoi publier seulement maintenant, les poèmes que vous écriviez quand vous aviez vingt ans ?
Ma vocation était l’enseignement. Je n’éprouvais pas la nécessité d’écrire pour être publiée .J’avais lu très tôt Rilke qui m’avait dit : »Si vous pouvez vivre sans écrire, n’écrivez pas ».Mon journal , mes carnets étaient de l’ordre de l’intime, comme un secret à bien respecter. Je n’avais d’autre ambition que celle d’honorer la langue française. Après plus de 20ans , j’ai pourtant accepté de publier quelques fragments des carnets. Et c’est grâce à Frédérique de Ligniéres que j’ai relu mes premiers essais poétiques. Elle m’a proposé de les publier et je lui en suis fort reconnaissante, car cela m’a permis de faire une « relecture » de toute ma vie .
6 – Enseigner a été aussi une de vos passions. Avez-vous parmi vos élèves suscité des vocations d’écrivains ?
Oui, l’enseignement a été la grande passion de ma vie .Il me fallait transmettre toutes les beautés que j’avais eu le privilège de recevoir. Ce partage était vital pour moi ; je pensais que mes vrais poèmes étaient ces cours que mes élèves , mes étudiants, suivaient avec une ardente attention .C’est ainsi que j’ai suscité de nombreuses vocations poétiques, dès mes premiers cours .Car, comme le dit Eluard : « la poésie est contagieuse » et elle est dans la vie !
7 – Avez-vous un nouveau livre en préparation ? Quelle sera votre inspiration ? Paraîtra-t-il bientôt ?
Oui, mon travail déjà accompli est considérable. Et j’espère publier d’autres fragments de mes carnets. Cette « tierce langue » dont j’ai parlé m’est devenue nécessaire, et je ne peux renoncer à voir apparaitre d’autres révélations sur ma vie, ma destinée. Mais j’ai aussi d’autres projets, en particulier je désire reprendre un livre écrit à la hâte après avoir cessé d’enseigner et que je dédie à tous mes élèves .
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Relecture et mise en page Ph.P
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