Un journaliste fait semblant de croire à l’innocence d’un assassin pour gagner sa confiance et publier son enquête. S’estimant trahi, l’assassin poursuit le journaliste en justice. Qu’est-ce que cela nous dit de l’enquête en sciences sociales ? Les Éditions du sous-sol viennent de publier le livre « culte » de la journaliste Janet Malcom, sorti il y a 35 ans aux États-Unis [1] où il a eu un vif succès et qui serait aujourd’hui encore étudié dans toutes les écoles de journalisme. En France, épuisé en quelques semaines, il a dû être réédité.
En 1984, MacDonald, un médecin militaire condamné et incarcéré sans preuve pour le meurtre de sa femme enceinte et de ses deux filles en 1979, intente un procès pour rupture du contrat de confiance au journaliste McGinniss qui, après les semaines qu’il avait passées à ses côtés parmi son équipe de défense pour mieux le comprendre et l’amitié qu’il lui avait exprimée, le dépeint, dans son livre comme un assassin psychopathe. À l’issue du procès, à défaut d’unanimité parmi les six membres du jury, le journaliste n’est pas condamné et un arrangement entre les deux parties est trouvé : McGinniss versera 325000 dollars à MacDonald.
À partir de cette affaire, Janet Malcom, elle-même poursuivie en justice pour diffamation par un psychanalyste américain dont elle a tracé le portrait, explore la relation du journaliste de non-fiction [2] et de son « sujet », c’est-à-dire la personne sur laquelle porte son livre...
Léonore Le Caisne : Anthropologue, directrice de recherche au CNRS, Centre d’Etudes des Mouvements Sociaux (CEMS/EHESS).
Elle a notamment publié Une ethnologue en centrale (Odile Jacob, 2000), Avoir 16 ans à Fleury (Seuil, 2008), Un inceste ordinaire. Et pourtant tout le monde savait (Points/2022, 2014)...
Le journaliste, escroc des vanités ?
À propos de : Janet Malcom, Le Journaliste et l'Assassin, Editions du sous-sol - Un journaliste fait semblant de croire à l'innocence d'un assassin pour gagner sa confiance et publier son enquêt...