Depuis la Révolution française, la participation des citoyens à la police fait débat. Des gardes nationaux aux voisins vigilants, Arnaud-Dominique Houte rappelle les ambiguïtés d'une police de citoyens, entre maintien de l'ordre et risques de débordement.
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Arnaud-Dominique Houte, Professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne-Université
L’exercice de la police, avec toutes ses conséquences juridiques, politiques et pratiques, doit-il être réservé strictement à la seule puissance publique, ou bien les simples citoyens peuvent-ils être appelés en renfort, dans telle ou telle circonstance, pour en appuyer l’efficacité ? Depuis plus de deux siècles, de 1789 jusqu’à nos jours, les régimes successifs se sont posé cette question, en temps de paix comme en temps de guerre. Et voilà bien en effet un enjeu d’importance pour l’équilibre de toute société, un enjeu sur lequel les républicains spécialement ont eu l’occasion et le goût de s’interroger, à toutes les époques. C’est ce que mon invité, Arnaud-Dominique Houte, professeur à Sorbonne-Université, vient de faire, en historien, dans un beau livre consacré à ce sujet. Max Weber définissait l’État comme doté du monopole de la violence physique légitime. Or, il s’agit là d’un principe qui a été souvent remis en cause, au fil du temps. Il l’a été depuis les foules révolutionnaires qui formaient leur propre police jusqu’aux groupes s’intitulant "voisins vigilants" dans notre XXIe siècle, en passant par les gardes nationales de diverses compositions, par les détectives amateurs de la Belle Époque, par les miliciens du temps de l’Occupation, par les gardes civiques de la Libération ou encore par les acteurs de l’ombre pendant la guerre d’Algérie. Sans compter les nouveaux justiciers privés qui se répandent sur la Toile. De tous ceux-là, et d’autres encore, nous allons suivre la trace, en évoquant les limites et les critiques de leur rôle. Nous le ferons sans manichéisme. Car si l’on rencontre ici les dérives les plus néfastes, il peut advenir aussi parfois qu’une certaine mobilisation civique serve, par-delà les tentations pernicieuses, à conforter les pouvoirs et la responsabilité de l’État, y compris au plus haut de ses missions démocratiques.
Par Jean-Noël Jeanneney. Cette émission offre sur l'actualité l'éclairage des précédents historiques, rappelle des épisodes et des mutations qui trouvent, par les temps qui courent, des résonances inattendues.
Quand les citoyens font la police
Depuis la Révolution française, la participation des citoyens à la police fait débat. Des gardes nationaux aux voisins vigilants, Arnaud-Dominique Houte rappelle les ambiguïtés d'une police d...