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Nouveau portrait du jour Christophe Havot

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Christophe Havot

Après avoir été pendant 9 années directeur de la collection L’Orpailleur chez az’art atelier éditions, Christophe Havot a sauté le pas et créé la maison d’édition indépendante qui porte le même nom : L’Orpailleur en octobre 2023. Il répond ici à quelques questions qui nous permettront de mieux les connaître, lui et la maison d’édition qu’il dirige. 

 

Pourquoi L’Orpailleur ? 

 

Il s’agit pour moi de dénicher des romans singuliers parmi tous les manuscrits reçus, des pépites que le travail de l’éditeur aidera à polir pour en faire des livres dont lui et l’auteur(e) pourront être fiers. Le nom s’est imposé dès le début. 

 

Comment êtes vous arrivé à l’édition ? 

 

C’est un drôle de chemin comme disait le Pickpocket à son amie Jeanne à la fin du film de Robert Bresson. Je le cite à dessein, puisque, même si j’écris depuis mon plus jeune âge, j’ai vraiment concrétisé pour la première fois un travail d’écriture en rédigeant une thèse de doctorat en lettres modernes (option cinéma) sur l’œuvre de ce cinéaste. Je venais d’une formation scientifique, mais, en plus d’être alors un passionné de cinéma,  j’ai toujours aimé lire, essentiellement des romans et c’est une passion qui ne m’a jamais quitté. 

 

Ensuite, j’ai écrit un roman, mais je n’ai pas trouvé d’éditeur... J’ai un peu délaissé l’écriture. 

 

Comme je m’intéressais toujours à l’image et à la musique, j’ai, sur les conseils de mon ami Jean M. Mathoul (dont j’éditerai plus tard deux courts romans) créé un blog http://atributetosoulseekers.blogspot.com/ (aujourd’hui en jachère) ou pendant plusieurs années je publiais, chaque dimanche soir à 20h une image, un texte et un musique. Les contributeurs étaient nombreux et j’organisais l’ensemble. Je me suis remis à écrire des textes courts pour certaines des séries publiées sur le blog. 

 

Peu à peu je me suis remis à mon roman et dans le même temps j’ai rencontré des auteurs dont les textes n’avaient pas été retenus par des éditeurs. Des romans qui me parlaient, d’une force incroyable, si bien qu’il m’a paru nécessaire de me lancer dans l’aventure pour faire exister ces livres auxquels je croyais. À la suite de diverses rencontres, les gens d’Az’art atelier dont la démarche s’apparente à la mienne m’ont ouvert leurs portes pour que je dirige une collection dans leur maison d’édition farouchement indépendante. Après quelques années, il paraissait évident qu’il fallait que je vole de mes propres ailes.   

 

Gagnez-vous votre vie avec l’édition ? 

 

Oh non ! absolument pas et à vrai dire ce n’est pas le projet, d’ailleurs la maison d’édition est en association loi 1901, à but non lucratif. C’est vraiment une passion. L’objectif, c’est de faire exister des livres, que si possible se soient de beaux objets (et les images de couverture signées depuis le début par Laurent Maginelle y contribuent grandement, comme elles contribuent à l’unité visuelle de la collection) et surtout qu’ils rencontrent leur lectorat. C’est la partie la plus difficile, car je manque de temps, étant encore en activité par ailleurs, et je ne peux pas m’investir autant que je le souhaiterais pour faire connaître notre production. 

 

Malheureusement, les auteurs ne gagnent pas non plus leur vie grâce à leurs livres.  

Alors qu’est-ce qui vous motive pour continuer ? 

 

L’envie de faire exister des livres, l’envie de découvrir de nouveaux talents et de nouveaux univers. Chaque nouveau livre est une aventure et c’est un plaisir sans cesse renouvelé de rencontrer des auteurs avec lesquels on souhaite travailler. 

 

Il y a des auteurs que je connaissais avant de les publier, mais la plupart je ne les connaissais pas avant et certains sont devenus des amis aujourd’hui. C’est enrichissant. Ne serait-ce que pour cela, ça vaut le coup de continuer. 

 

Et puis, malgré une diffusion plutôt confidentielle, on a régulièrement des retours positifs, qui nous confortent dans nos choix et nous donnent l’énergie pour continuer. 

Comment sélectionnez-vous les romans que vous décidez d’éditer ? 

 

La ligne éditoriale, ce sont mes goûts ! Je reçois des manuscrits et je publie ceux qui me plaisent ! 

 

Une femme et un homme font partie du comité de lecture et m’aident dans mes choix, mais la décision finale d’éditer ou pas me revient. Heureusement, la plupart du temps, nous sommes assez d’accord. 

 

J’aime la non-linéarité du temps, le travail sur la mémoire… J’aime parier sur l’intelligence du lecteur, qu’il ait un minimum d’effort à faire, qu’un livre ne se donne pas immédiatement. J’aime quand l’écriture est forte, quand elle m’embarque et qu’elle est au service d’une histoire cohérente et de personnages crédibles auxquels on a envie de s’attacher.  

 

Souvent, nous demandons à l’auteur(e) de retravailler son texte, nous lui donnons quelques pistes, mais toujours nous respectons sa volonté pour que le livre publié lui corresponde parfaitement, tout en répondant à nos critères. C’est toujours source d’échanges stimulants. 

Quels sont vos projets ? 

 

J’aimerais bien lancer une nouvelle collection qui fera dialoguer des images et des textes et impliquera à chaque fois plusieurs artistes d’horizons différents (photo, dessin, peinture, poésie, prose…). Ça va se faire, mais je ne sais pas encore quand. 

 

Et je travaille déjà avec un nouvel auteur pour un roman qui paraîtra peut-être avant l’été. 

 

Vous êtes vous-même auteur… 

 

Oui, deux de mes romans ont été publiés chez L’Orpailleur, Eliette et Sylviane. Deux histoires d’amour assez différentes, qui font la part belle aux digressions et à l’émergence du souvenir dans le quotidien des personnages. Deux romans écrits à la première personne, sans pour autant être autobiographiques, cela va sans dire. 

 

Un orpheul, qui raconte l’enfance de mon père, à la troisième personne, et est beaucoup plus linéaire que les deux autres, a été publié chez az’art atelier, dans la collection passages. 

 

J’aimerais avoir davantage de temps pour me consacrer à l’écriture et mener à bien la rédaction d’un ou deux textes qui trottent dans ma tête en permanence… 

 

  

Une question plus personnelle, quels sont vos goûts en matière de littérature ? 

 

Je crois que je suis entré en littérature, si l’on peut dire, avec Le bruit et la fureur de William Faulkner qui a été un choc et une révélation, et reste l’un de mes romans favoris. Tous les romans de Faulkner me parlent. 

 

J’ai beaucoup lu et apprécié les auteurs du nouveau roman que sont Alain Robbe-Grillet, Claude Simon et Marguerite Duras. 

La découverte de Proust a aussi été une étape majeure dans ma construction de lecteur. 

 

Thomas Bernhardt, Georges Bernanos, Fiodor Dostoïevski pour ne citer qu’eux m’ont aussi profondément marqué. 

 

Enfin, il y a un livre, très peu connu, confidentiel même, qui pourtant est fondateur pour le lecteur, l’auteur et l’éditeur que je suis aujourd’hui : Et crie la tête dans l’eau de Jean Crocq 

 

Je ne peux évidemment pas dresser la liste exhaustive de tous les auteurs que j’apprécie ou que j’ai pu apprécier à un moment ou à un autre, en sachant que nombreux sont encore ceux sur lesquels je n’ai pas pris le temps de me pencher. 

 

Et puis il y a aussi tous les auteurs que j’ai eu la chance et le bonheur de pouvoir éditer. 

 

 Bienvenue Christophe sur le très discret et prisé Culture et justice.

  

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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