
Fériel Ben Mahmoud est certainement un esprit curieux et éclectique. Car
comment expliquer autrement l’intérêt que porte cette jeune historienne aux «Bat d’Af» et à la légende des mauvais garçons ? Ces «joyeux» que la petite histoire a mythifiés, et la grande histoire
ignorés ?
Spécialiste du monde arabe contemporain et de l’histoire coloniale, Fériel Ben Mahmoud a trouvé son moyen d’expression dans le film télévisé. On lui devait déjà un documentaire sur Gadamès et les
peintures rupestres du Sud de la Libye. De fil en aiguille, on en arrive à Tataouine.
France 5, la chaîne pour laquelle elle travaille, lui suggère un reportage sur l’histoire de Foum Tataouine, ce camp du Sud tunisien, et celle des bataillons d’Afrique, les fameux «Bat d’Af». Le
sujet, insolite pour une femme, l’accroche d’abord, la passionne ensuite. Tant et si bien qu’une fois le film fini, elle décide d’en faire un livre, tout en s’inscrivant pour une thèse à la
Sorbonne sur la période coloniale et l’histoire militaire du Maghreb.
Le livre sur les Bat d’Af vient de sortir aux Editions Mengès. Fériel Ben Mahmoud y pose toutes les questions que ceux qui se contentaient de la légende des «joyeux» ne se sont jamais posées :
qui étaient-ils, d’où venaient-ils. Pourquoi la société les avait-elle relégués dans ces corps disciplinaires ou ces bagnes militaires d’Afrique du Nord.
C’est à partir de la fin du XIXe siècle, et jusqu’aux années 1930, que se retrouvaient, à Tataouine, ceux que l’on appelait «les bataillons de la mauvaise chance», la fine fleur des bas-fonds,
les vrais, les durs, les tatoués, ceux dont la culture populaire a fait les héros d’une légende noire, et que chante Edith Piaf avec son «légionnaire». Fériel Ben Mahmoud, qui adapte une démarche
scientifique, a voulu faire la part de la légende et de la réalité, retrouver les limites, cerner l’histoire et dégager la poésie, garder la substance des choses.
«On est étonné, lorsqu’on considère l’abondance des archives qui sont à la disposition des chercheurs, du peu de travaux qui y ont été consacrés. Si une importante littérature mentionne leur
existence, les travaux historiques ont rarement choisi de mettre ces unités au centre de leurs propos, comme si elles se situaient dans une sorte d’angle mort du champ de l’histoire». Il n’y a
pas d’histoire officielle de ces unités, et le silence est souvent l’attitude la plus courante. Et, bien sûr, il n’existe plus d’association des anciens de Tataouine. A travers des chroniques,
des récits, des chansons, des films, des carnets, du courrier, Fériel Ben Mahmoud retrace donc la terrible histoire de ces réprouvés dans cette terre hors du temps et de l’espace où «de Gabès à
Tataouine, Sidi Cafard domine». Elle offre à son livre une superbe iconographie, multiple, variée et certainement inédite.
On croit savoir qu’elle signera probablement son livre à Tunis. Mais, en attendant, elle est déjà repartie sur un nouveau projet : une série de portraits de femmes sur le thème de «Tunisie,
histoires de femmes» que France 5 diffusera probablement le 8 mars prochain, Journée de la femme s’impose.
La Presse
Bat d’Af, la légende des mauvais garçons, de Fériel Ben Mahmoud Mythe et réalité
Publié le 13.01.2006
Spécialiste du monde arabe contemporain et de l’histoire coloniale, Fériel Ben Mahmoud a trouvé son moyen d’expression dans le film télévisé. France 5, la chaîne pour laquelle elle travaille, lui suggère un reportage sur l’histoire de Foum Tataouine, ce camp du Sud tunisien, et celle des bataillons d’Afrique, les fameux «Bat d’Af». Le sujet, insolite pour une femme, l’accroche d’abord, la passionne ensuite. Tant et si bien qu’une fois le film fini, elle décide d’en faire un livre, tout en s’inscrivant pour une thèse à la Sorbonne sur la période coloniale et l’histoire militaire du Maghreb. Le livre sur les Bat d’Af vient de sortir aux Editions Mengès.
Vient de paraître : Bat d’Af, la légende des mauvais garçons, de F. Ben Mahmoud
Biribi : Les bagnes coloniaux de l’armée française
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-29918754.html
Trois livres signalés par l'historien Jean-Marc Berlière - mai 2009 –
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-31803400.html
La Grande Muette et son bagne
http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-32102788.html