Au XVIIIe, une effroyable exécution sur la plage
La fin atroce de « la Bourguignonne » est l'une des exécutions qui ont marqué la Ville et fait s'interroger DL;les esprits éclairés. Récit, 30 ans après l'abolition de la peine de mort.
Mise à mort devant la foule
Condamnée à une fin atroce. Aux Sables, le 12 août 1756, une fille à soldats est exécutée sous les verges. Le Chaumois André Collinet assistait à cette horreur. « À midi, la générale bat, note l'observateur. À 2 h, le régiment s'assemble en la Parée (la plage) et plus de deux à trois mille spectateurs. Un piquet de cent cinquante soldats va chercher la criminelle à la prison du Passage, dite le Palais, et lui remet deux paquets de verges de trois mètres de long qu'il l'oblige à porter. Arrivée au lieu du supplice, on la fait passer en le rang des soldats, qui doivent la fustiger, en leur remettant à chacun une verge à la main... »
Les chairs en lambeaux, laissée pour morte, celle que l'on nommait la Bourguignonne sera recueillie par « des âmes charitables » et expirera le 13 au petit matin après avoir fait « amende honorable et demandé à Dieu un entier pardon pour ses péchés ».
Accusée de véroler la garnison
Quel est donc le crime de cette malheureuse femme que Collinet décrit comme âgée de 21 à 22 ans, « le teint noirci et les traits amaigris par la misère qu'elle essuyait, par la maladie contagieuse dont elle était atteinte » ?
En cette époque de guerres sporadiques, d'alliances fragiles, on est à la veille de la Guerre de sept ans. L'Anglais est la hantise de la population des Olonnes. Depuis 1754, le régiment de Tournesi tient garnison aux Sables. Les soldats sont en caserne, les officiers sont logés chez l'habitant. Née à Dijon, la Bourguignonne suit le régiment depuis trois ans. Elle est atteinte d'une maladie vénérienne et on lui reproche « d'avoir fait périr plusieurs soldats par son libertinage ». Les compagnies appartenaient alors aux capitaines qui recevaient une somme pour se procurer des recrues. « Leur intérêt était de surveiller leurs soldats », observe notre chroniqueur.
L'instrument du destin
Le jeune François Servanteau a découvert le gîte où se cachait la fille à soldats. Il l'a révélé à l'officier qui loge chez sa mère, la dame Lambert, veuve de Jacques Servanteau, armateur. La Bourguignonne est arrêtée, conduite au cachot et condamnée par un conseil de guerre à « périr sous les verges ».
Cette triste histoire a inspiré à Jean Huguet, écrivain chaumois, le roman Les tambours de la Bourguignonne. Effrayé, cet esprit novateur des Lumières écrit : « Les siècles à venir pourront-ils jamais se persuader que l'on a porté à un tel excès, en un temps où les peuples se vantent d'être éclairés, la cupidité, la vengeance et la férocité sur un sexe aussi faible et timide que celui-ci ? »
Source : Mémoire pour servir à l'histoire de la ville des Sables, par André Collinet, édité par le Centre historique de recherches vendéennes sous le titre Les Sables au temps de la grande pêche : manuscrits de Collinet 1739-1782.
http://www.lessablesdolonne.maville.com/actu/actudet.php?idCla=fil&idDoc=2010140&abo=1078711&serv=115&xtor=AL-150
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