Document 13/05/2011 -
Comment convaincre les citoyens qu'il est utile et légitime de verser à l'État une partie de leur argent ? Cette question s'est posée à tous les régimes de 1789 à nos jours. Des révoltes
paysannes du XIXe siècle aux stratégies contemporaines de fraude et d'évasion, les charges fiscales n'ont cessé d'être combattues et contournées au motif de leur poids excessif ou de leurs
inégalités. Le consentement à l'impôt n'a en effet rien de naturel : dans les démocraties, il repose sur un lien de confiance qu'il faut perpétuellement reconstruire. Fondé sur une enquête
approfondie dans les archives, ce livre retrace les nombreuses batailles, intellectuelles, sociales et politiques, qui ont façonné notre système de redistribution et divisé la société française
au cours des deux siècles passés.
NICOLAS DELALANDE - Agrégé et docteur en histoire contemporaine, il est chargé
de recherche au Centre d'histoire de Sciences Po.
- La revue de presse Marc Riglet - Lire, juin 2011
De la Révolution jusqu'à nos jours, Nicolas Delalande retrace à travers le système fiscal tout un pan de la politique de la nation et de ses évolutions. A se remémorer avant de remplir sa déclaration ! L'histoire de l'impôt est hautement politique. Elle est évidemment plus qu'une histoire des techniques de prélèvement des ressources publiques à quoi l'on tend spontanément à la réduire. Car, avec l'impôt, c'est tout l'état d'une société qui s'ausculte...
Bref, avec l'histoire de l'impôt, on embrasse large et ce n'est pas la plus mauvaise entrée pour faire l'histoire d'une
nation.
- La revue de presse Dominique Kalifa - Libération du 16 juin 2011
Directs, indirects ou perçus sous forme de cotisations, les « prélèvement s» opérés par l'Etat sur les ressources des Français s'élèvent aujourd'hui à près de 45% du PIB, alors qu'ils n'en représentaient que 10% en 1900. Beaucoup s'en plaignent ou font de leur diminution leur fonds de commerce, mais le fait est que le pays s'en acquitte. Historien à Sciences-Po, Nicolas Delalande a voulu percer le mystère de ce «civisme» inattendu, consentement ou résignation à l'impôt. Dans un livre solide qui fera référence, il met au jour la «formidable ascension de l'Etat fiscal» ainsi que «la vigueur des batailles intellectuelles, politiques et sociales» depuis 1789.
- La revue de presse Gilles Bastin - Le Monde du 12 mai 2011
"Hélas ! Qu'y a-t-il de certain dans ce monde, hormis la mort et l'impôt ?", se lamentait Benjamin Franklin en 1789. Triste nouvelle pour le père de la révolution américaine : les lecteurs du livre que Nicolas Delalande vient de consacrer à l'histoire de l'impôt en France depuis la Révolution se convaincront vite que la mort seule peut prétendre à la certitude ! Pour le jeune historien, l'impôt, tel que nous le connaissons aujourd'hui, n'a en effet rien de naturel ni de "certain". Les détracteurs du fisc peuvent bien, jusqu'à aujourd'hui, le peindre en calamité aveugle écrasant chaque année de son poids les contribuables. L'impôt est plus fragile que cela. Il est né de batailles qui furent parmi les plus virulentes et les plus incertaines de l'histoire de la République. Depuis lors, il n'a perduré - proliféré même ! - qu'au prix d'un jeu subtil entre coercition et compromis. Un jeu dont le résultat fut d'arracher à ceux qui lui sont assujettis ce que Delalande appelle du "consentement"...
Comme le dit en effet Nicolas Delalande, "les batailles de l'impôt divisent la société, mais ont aussi lieu, pour ainsi
dire, en chacun de nous". Un beau sujet de réflexion pour ceux que l'ennui guette au détour d'une des cases de ce formulaire.
- Les courts extraits de livres : 06/04/2011
Extrait de l'introduction - « Les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée. Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais » : c'est par ces mots que le secrétaire au Trésor Henry Morgenthau Jr. attirait en 1937 l'attention du président Franklin Delano Roosevelt sur la gravité des problèmes soulevés par la fraude et l'évasion fiscales. Il ajoutait qu'il était nécessaire d'atteindre un « niveau plus élevé de moralité dans les rapports du citoyen avec son gouvernement ». Le lien qu'il établissait entre impôt et civilisation a de quoi surprendre aujourd'hui, à une époque où il est de bon ton de déplorer le poids de la fiscalité sur l'économie et ses effets « confiscatoires ». Le jugement de Morgenthau décrit pourtant de façon adéquate la voie suivie au cours du XXe siècle par les pays dits développés : la part de l'impôt dans le produit intérieur brut (PIB), proche de 10 % un peu partout avant la Première Guerre mondiale, s'élève en moyenne à 35 % dans les pays de l'OCDE en 2007, allant de 28,3 % pour les États-Unis à 48,7 % pour le Danemark. A l'échelle mondiale, les pays où l'impôt représente entre un quart et la moitié du PIB sont aussi ceux qui garantissent le mieux les libertés individuelles et l'expression démocratique. La hausse continue des taux de prélèvements, du moins jusqu'aux années 1970, a accompagné la croissance économique, le développement des services publics et la construction des protections sociales. La France n'a pas échappé à cette évolution, avec un taux égal à 43,5 % du PIB en 2007, contre 8 à 10 % en 1900, soit une multiplication par quatre en un siècle'. Les statistiques semblent donc indiquer une formidable et irrésistible ascension du pouvoir de l'État fiscal, corollaire de la démultiplication de ses missions et interventions dans la vie sociale. Pourtant, s'ils nous informent sur le sens et la vitesse du processus, les chiffres ne nous disent rien sur ses modalités, les conflits et les résistances qui l'ont rythmé, les accords et les compromis qui l'ont rendu possible, ou la manière dont les individus et les groupes sociaux l'ont vécu et perçu ; en somme, ils masquent la vigueur des batailles intellectuelles, politiques et sociales auxquelles les Français se sont livrés de 1789 à nos jours pour définir les formes, le montant et la répartition de l'impôt.
Les batailles de l'impôt : consentement et résistances de 1789 à nos jours
Auteur : Nicolas Delalande
Date de saisie : 28/06/2011
Genre : Histoire
Editeur : Seuil, Paris, France
Collection : L'Univers historique
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