/image%2F0535626%2F20201105%2Fob_776525_121486191-103977568156252-511899038425.jpg)
/http%3A%2F%2Fwww.circlevilleutah.org%2Fimages%2Fbutch.jpg)
Les mystères les plus impénétrables sont évidemment les meilleurs : plus d'un siècle que celui-là
dure, et il déchaîne toujours les passions. Le légendaire Butch Cassidy (Robert LeRoy Parker de son vrai nom), auteur pendant 20 ans d'innombrables braquages, est-il mort avec le "Kid", son
compagnon d'armes, au cours d'une fusillade en Bolivie en 1908 ? Les historiens le supposent ; les âmes romantiques veulent croire qu'il n'en est rien, et qu'il a, sous un autre nom, coulé des
jours paisibles jusqu'à son véritable décès, quelque part dans les années trente. De fait, il n'a jamais été possible d'établir avec certitude l'identité des deux bandits américains morts cette
nuit-là à San Vicente. Et la famille de Cassidy a longtemps prétendu avoir reçu sa visite en 1925 - soit bien des années après sa mort supposée.
Après avoir alimenté les fantasmes pendant des décennies, l'histoire tient de nouveau le haut de l'affiche dans les pages des journaux américains. Un collectionneur de livres rares de l'Utah, Brent Ashworth, affirme en effet, soutenu par l'écrivain Larry Pointer, spécialiste du gangster, avoir mis la main sur un manuscrit du hors-la-loi daté de 1934. Le livre, Bandit Invicible : The Story of Butch Cassidy, long de deux cents pages, se veut une biographie de Cassidy par un homme, William T. Phillips, qui l'aurait connu depuis l'enfance. Or, selon les deux experts, il contient des précisions sur la vie du bandit qui ne pouvaient être connues que de lui seul.
Comme cet entretien, en 1895, quand Cassidy, alors prisonnier, est prié par un juge de demander pardon au gouverneur du Wyoming, à qui, plus tôt, il a volé plusieurs têtes de bétail. Le texte décrit dans le détail comment le prisonnier refuse de serrer la main au juge, donne des précisions sur le larcin en question, et reprend même les mots qui, à ce moment, auraient été ceux de Cassidy. Autant d'éléments qui, selon Pointer et Ashworth, ne figuraient dans aucune archive, et ne pouvaient guère intéresser que Cassidy lui-même. Les deux experts relèvent d'autres passages du manuscrit, comme la description de la façon dont Ed Seeley, un allié du gang de Cassidy, lui donna le chemin à suivre pour rejoindre une cachette dans un canyon du Wyoming - un endroit que les autorités n'avaient jamais su trouver. Le raisonnement est le même : trop précis pour être honnête.
Divisions
Sauf que les arguments semblent ne convaincre qu'à moitié les spécialistes, dont l'historien Dan Buck, qui relève des différences entre les faits d'armes avérés de Cassidy et leur reprise dans le manuscrit. Selon Carol Thiesse, directrice du musée des Pionniers du comté de Fremont, la théorie se tient, même si le livre ne fournit pas à lui seul une preuve. Aux yeux de l'un comme de l'autre, il est évident que Phillips, à tout le moins, connaissait le gang de très près. Au sein de la famille de l'auteur, mêmes hésitations : sa femme avait affirmé à un chercheur, en 1938, qu'il n'était pas Cassidy. Tandis que son fils adoptif, rencontré par Pointer dans les années soixante-dix, se disait certain que les deux hommes n'en faisaient qu'un...
En l'absence du principal intéressé, Phillips, mort en 1938 sans laisser de trace ADN (son corps a été incinéré), l'histoire a toute chance de rester à l'état d'imbroglio. Elle aura au moins le mérite de promouvoir la sortie européenne de Blackthorn, un long-métrage de Mateo Gil (scénariste de Vanilla Sky et Mar adentro) qui imagine l'ultime chevauchée d'un Cassidy caché en Bolivie 20 ans durant, sous le nom de James Blackthorn, et rongé par le désir de découvrir son fils, laissé aux États-Unis. Sam Shepard (buriné à merveille) dans le rôle-titre, des déserts de sel en décor : un western à l'ancienne, et une fiction qui, elle, s'assume pour telle.
Par Marion Cocquet
Le Point.fr - Publié le 16/08/2011 à 20:39 - Modifié le 16/08/2011 à 20:38
REGARDEZ la bande-annonce de Blackthorn :
http://www.lepoint.fr/culture/butch-cassidy-n-en-finit-pas-de-mourir-16-08-2011-1363314_3.php
