Créé en 1940, le ghetto de la ville de Lodz, le plus grand de Pologne, survécut jusqu'en 1944, alors que les nazis avaient prévu d'en exterminer la population en moins d'un
an.
Ce sursis est dû à la personnalité d'un seul homme, Mordechai Chaim Rumkowski, président du Conseil juif. Convaincu que si les juifs se rendaient indispensables à l'effort de guerre allemand, ils
seraient épargnés, Rumkowski transforma le ghetto en une cité ouvrière hyperproductive. Pris au piège de sa logique, il sacrifia les inadaptés et les indésirables : malades, vieillards et
enfants. Il se mua ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d'extermination nazie.
Pour écrire ce roman, Sem-Sandberg s'est inspiré des archives du ghetto de Lodz. Y étaient collectés quantité de faits officiels, mais aussi des informations interdites cachées par les résistants
: journaux intimes, tracts, bulletins de guerre des Alliés, cartes militaires. Privilégiant une écriture sobre ponctuée de purs moments de poésie, Sem-Sandberg fait le pari de la littérature. À
notre époque où les derniers témoins disparaissent, il montre que le roman peut rendre compte de la Shoah sans la trahir.
Il se pose en héritier d'une autre manière d'accomplir le devoir de mémoire : il n'est pas témoin, mais il est passeur. Sans témoin, l'Histoire perd son sens ; sans passeur, elle
s'efface.
Johanna Chatellard-Schapira (Traducteur)
Broché
Paru le : 18/08/2011
Éditeur : Robert Laffont
Collection : pavillons
L'auteur en quelques mots en 2011... Steve
Sem-Sandberg, né en 1958, vit entre Stockholm et Vienne.
Romancier, il est également critique littéraire pour le quotidien suédois Dageni Nyheter. En 2009, il a été récompensé par le grand prix De Nios pour " une œuvre littéraire remarquable,
caractérisée par sa dimension intellectuelle, sa précision historique et sa profondeur psychologique ".