Document 24/02/2012 - Les républiques d'enfants ont existé dans des pays et des contextes politiques différents.
Leurs fondateurs ont soutenu le projet de libération et d'émancipation de l'enfant dans un cadre démocratique. Aujourd'hui
de telles expériences peuvent surprendre car l'enfant y est convoqué à une place de «citoyen» qui fait de lui un sujet que l'on ne se contente pas seulement d'instruire de ses droits et de ses
devoirs envers lui-même et les autres mais qui prend une part active dans l'administration et le règlement de la communauté dans laquelle il vit. Le projet des républiques d'enfants anticipe
d'ailleurs l'avènement après la deuxième guerre mondiale des droits de l'enfant et va beaucoup plus loin dans l'exercice actif de ces droits et de l'apprentissage de son autonomie. L'enfant en
effet ne saurait être reconnu comme un citoyen, comme un sujet de droit, dans une société dont les fondements ne sont pas démocratiques mais inversement une société ne saurait se penser comme
démocratique si elle n'accorde pas à l'enfant un vrai statut de citoyenneté.
Romuald Avet est enseignant dans un centre de formation de travailleurs
sociaux de la région Parisienne, psychologue et psychanalyste.
Michèle Mialet est enseignante dans un institut de formation en soin infirmier
et psychologue.
- Les courts extraits de livres : 24/02/2012
ÉDUCATION ET DÉMOCRATIE - « J'appelle praxis l'activité lucide dont l'objet est l'autonomie humaine et pour laquelle le seul «moyen» d'atteindre cette fin est cette autonomie elle-même. »
Cornélius Castoriadis
Un processus d'émancipation - L'esprit des fondateurs des Républiques d'enfants en Europe et dans le monde s'inspire
d'un postulat énoncé, il y a seulement quelques siècles, comme une révolution philosophique dans le domaine de l'éducation, celui de Jean-Jacques Rousseau qui a déclaré le statut de
l'autonomie de l'enfance. L'enfance n'est pas un temps de passage, une parenthèse dans la vie d'un homme mais une période ayant une valeur et une signification propres. L'enfant est un sujet
en soi, et non pas un adulte en miniature.
La psychologie et la psychanalyse durant tout le vingtième siècle ont pensé l'enfant dans son individualité et dans sa
subjectivité, une subjectivité différente de celle de l'adulte. Néanmoins on ne saurait attacher à ce principe un caractère absolu. L'enfance est bien un état en soi, mais un état qui a la
particularité d'être transitoire et changeant. L'enfant est un être singulier qu'il faut reconnaître dans son existence propre, un habitant, déjà un homme comme dirait Janusz Korczak, mais
l'enfance est aussi le temps de sa construction. Les fondateurs des Républiques d'enfants ont su prendre en compte cet état de changement qu'est l'enfance, non pas comme une faiblesse mais
pour le positiver, en faire le centre, le levier et l'appui d'un projet d'émancipation et d'autonomisation.
Le respect de l'enfant, de sa subjectivité, de sa pensée, s'accompagne dans leur démarche d'une action résolue en
faveur du processus de citoyenneté et d'intégration aux valeurs démocratiques. Ils ont mis en place les conditions pour qu'il devienne l'acteur de ce processus. L'enfant ne saurait être
reconnu comme un citoyen, comme un sujet de droit, dans une société dont les fondements ne sont pas démocratiques, mais inversement une société ne saurait se penser comme démocratique si elle
n'accorde pas à l'enfant un vrai statut de citoyenneté.
Les Républiques d'enfants sont nées dans des pays et des contextes politiques et sociaux très différents. L'enfance s'y
trouvait le plus souvent assimilée à une minorité opprimée ou persécutée. Les adolescents souvent accablés par la misère ou marqués, stigmatisés par la délinquance étaient livrés à eux-mêmes
ou placés pour délit de vol ou de vagabondage dans des internats casernes ressemblant à des prisons. Les fondateurs des Républiques d'enfants se sont levés contre l'emprise de l'État (l'État
fasciste) sur l'enfance et son instrumentalisation ou contre l'éducation traditionnelle, contre la condition de l'enfant ou de l'adolescent sous la férule de l'autorité de l'adulte, qu'il
soit parent ou éducateur, pour le délivrer de l'aliénation. Le plus souvent en opposition à l'idéologie et à contre-courant de la société du moment, ils ont cherché à inventer un nouveau
contrat social dans l'éducation (ou la rééducation).
Education et démocratie : l'expérience des républiques d'enfants
Auteur : Romuald Avet | Michèle Mialet
Date de saisie : 24/02/2012
Genre : Education, Pédagogie
Editeur : Ed. Champ social, Nîmes, France
Collection : Les enjeux de l'époque
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