Document 2006 - Les marins d'autrefois n'étaient pas des gens dociles.
L'ordre apparent qui régnait sur les navires n'était obtenu et maintenu qu'au prix d'une discipline implacable. Malgré
cette discipline (et parfois à cause d'elle), des révoltes éclataient fréquemment. Des simples coups de gueule de matelots au soulèvement d'une flotte entière contre l'autorité établie, tout
était bon aux marins mécontents pour secouer le joug qui les opprimait et pour croire, un instant, qu'ils pouvaient échapper à leur destin.
Les motifs de révolte, à vrai dire, ne leur manquaient pas. La longueur des voyages, la mauvaise nourriture, la dureté du
travail, la discipline inhumaine, l'irrégularité de la paie étaient des causes permanentes d'agressivité, une agressivité exacerbée par l'alcoolisme, la promiscuité, le goût de la violence.
Parfois aussi, les revendications des marins sortaient du simple cadre du mécontentement quotidien et traduisaient des préoccupations politiques de plus grande envergure ; ce fut le cas en France
après 1789, en Russie au début du XXe siècle, en Allemagne en 1918, en France encore en 1919, en Grande-Bretagne en 1931, et même en 2005 lors du conflit de la SNCM.
Pathétiques ou cocasses, dramatiques ou ridicules, célèbres ou anecdotiques, ces récits nous présentent un aspect peu connu
de la vie quotidienne des équipages d'hier. Guy Le Moing, auteur de plusieurs ouvrages sur l'histoire maritime, s'est penché sur le phénomène des mutineries
de marins et a rassemblé ici plus de cent cas.