Histoire du mariage

Document 2010- Le mariage a une histoire, que raconte ce livre : simple contrat privé entre deux familles dans le monde antique, il devient au Moyen Âge un mariage-sacrement, monogamique et indissoluble, que régit l'Église. La Réforme protestante porte une première atteinte à l'institution en lui déniant son caractère sacramentel. Nouvelle secousse : la Révolution française retire à l'Église son pouvoir de marier pour le confier à l'autorité civile. Le code civil, enfin, se met en place, plusieurs fois remanié au gré de l'évolution des moeurs : c'est en 1884 que la loi Naquet autorise le divorce.

Cette histoire vivante, centrée sur la France et l'Europe, croise les approches historique, juridique, sociologique, littéraire et artistique et balaye beaucoup d'idées reçues. Non, la crise du mariage ne date pas d'aujourd'hui : la Grèce et la Rome antiques pénalisaient les célibataires pour les inciter à convoler. Non, les familles recomposées ne sont pas une invention moderne : les couples de l'Ancien Régime duraient en moyenne une douzaine d'années, brisés par une mort précoce, et le veuf, ou la veuve, refondait une famille. Oui, en 1904, fêtant l'anniversaire du code civil, un député a proposé d'ajouter le mot «amour» aux devoirs mutuels des époux - fidélité, secours, assistance !

Aujourd'hui, l'émancipation des femmes, la libération sexuelle et les avancées scientifiques en matière de procréation ont largement bouleversé les données de cette «civilisation conjugale» mais l'institution a encore de beaux jours devant elle.

Sabine Melchior-Bonnet, ingénieur d'études au Collège de France, est historienne, spécialiste de l'Ancien Régime. Elle mêle dans ses livres ses connaissances et ses talents de conteuse. Elle a notamment publié L'Histoire du miroir (Hachette Littératures, 1998), L'Art de vivre au temps de Diane de Poitiers (NiL, 1998), Catherine de Bourbon l'insoumise (NiL, 1999) et L'Histoire de l'adultère (Éditions de La Martinière, 1999).

Catherine Salles est agrégée de lettres classiques et docteur d'État, maître de conférences en langues et civilisations antiques à l'université Paris X-Nanterre. Elle aime à faire partager dans des livres vivants et accessibles, destinés à un large public, son goût pour les civilisations anciennes. Elle est l'auteur des Bas-fonds de l'Antiquité (Robert Laffont, 1982 ; rééd. Payot, 1995), de Saint Augustin, un destin africain (Desclée de Brouwer, 2009) et de Rome brûlera (Larousse, 2009).

• La revue de presse Julie Malaure - Le Point du 8 octobre 2009

Qu'en est-il du mariage aujourd'hui ? Comment est-on passé d'une "organisation sociale liée au contrôle de la reproduction" à une "civilisation conjugale" ? Le vaste écheveau du changement de comportements à travers les siècles que démêle l'ouvrage collectif Histoire du mariage commence par le commencement : les origines du mariage dans l'Antiquité...

Mariage juif, musulman, chinois, collectif, par "achat", mariage japonais sur le modèle "romantique" de la France - où, chacun le sait, l'amour dure toujours -, l'ouvage passe au crible les normes, les modes et les moeurs. Et cela jusqu'au mariage contemporain, dont la crise, s'il en est, pourrait être liée à un "surinvestissement affectif et sexuel" du couple, qui vire au divorce à la moindre contrariété. Dur. Et à méditer.

• La revue de presse Louis de Courcy - La Croix du 21 octobre 2009

L'ouvrage, à angles multiples, consistant et savoureux, est documenté et très instructif. Comment se marie-t-on en Chine ? au Japon ? en Inde ? en pays musulmans ? Comment se déroule un mariage juif, un mariage hindou ? Et surtout: de quelle manière, tout au long de l'Histoire, a-t-on perçu cette institution pour laquelle semble venir une période de déclin ? Le mariage a toujours constitué un fait social hautement structurant: voilà le fil directeur de cette étude à plusieurs voix, en rien moralisante.

• La revue de presse Yannick Ripa - Libération du 30 décembre 2009

Ce n'est pas son volume, mais sa qualité qui rend impressionnante cette étude : quinze spécialistes croisent ethnologie, histoire, philosophie, sociologie pour mettre à la portée de tous leurs fines analyses, éclairées par une anthologie. Centrée sur l'Occident, elle n'hésite pas, dans ce voyage depuis l'Antiquité, à promener le lecteur aux quatre coins du monde...

Ecrire l'histoire du mariage revient à écrire une histoire sociale globalisante, en appeler à celle du genre, de la famille, de la démographie, du corps, de la sexualité... C'est aussi passer des discours religieux - qui définissent en terre d'islam, d'hindouisme ou de christianisme la dimension sacramentelle du mariage - à la terminologie juridique qui établit la hiérarchie des pouvoirs que le mariage met en concurrence...

Ce livre souligne que la structure complexe du mariage rejaillit sur la société : le transformer c'est la transformer, le comprendre, c'est la comprendre.

• Les courts extraits de livres : 22/03/2010

Extrait de l'avant-propos de Sabine Melchior-Bonnet

Pourquoi se marier ? La question n'est pas neuve et elle traverse les siècles. Elle se pose avec plus d'acuité aujourd'hui qu'autrefois, au moment où le Pacs connaît un succès croissant en France et où, dans les démocraties occidentales, les unions libres, les divorces, les unions homosexuelles se banalisent. Malgré un ajustement constant des lois et des moeurs, l'institution du mariage apparaît de plus en plus comme une contrainte qui trouble l'ordre amoureux. L'émancipation féminine, l'exigence d'amour portée à la dimension d'une «religion séculière», l'impérative réalisation de soi inséparable de la satisfaction des désirs et de la diversité des expériences, toutes ces aspirations modernes «travaillent», pour resserrer ou au contraire détendre le noeud conjugal. Critiqué, raillé, dévalué, aménagé, remplacé, le mariage occidental pourtant résiste aux chocs. Désenchanté ou heureux, mais toujours renaissant.

L'ethnologue Edward Westermarck, auteur d'une célèbre Histoire du mariage traduite en France par Arnold Van Gennep, s'interrogeait dans le premier de ses cinq volumes sur l'origine du lien conjugal, et il notait que chez les vertébrés supérieurs, les chimpanzés en particulier, le mâle et la femelle restent ensemble non seulement pendant la période d'accouplement mais aussi après la naissance du petit, poussés par l'instinct à préserver l'espèce grâce aux soins parentaux; et Westermarck de passer des anthropoïdes à l'homme primitif en constatant le même phénomène : les systèmes de sélection sexuelle, les compétitions qui précèdent l'accouplement, les «stratégies» des mâles et des femelles, les classifications de parenté peuvent varier d'un groupe à l'autre, mais ils façonnent nécessairement, à un certain stade d'évolution, une organisation sociale liée au contrôle de la reproduction.

Auteur : Sabine Melchior-Bonnet | Catherine Salles

Date de saisie : 01/01/2010

Genre : Sociologie, Société

Éditeur : R. Laffont, Paris, France

Collection : Bouquins

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