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http://image.radio-france.fr/franceinter/_media/invite/400034444.jpgInterview - Saviez-vous que l'on doit à un petit "oeil" accroché au revers des manteaux des premiers inspecteurs de la Brigade mondaine, et qu'ils exhibaient avant de pénétrer dans les établissements qu'ils "visitaient", l'expression "entrer à l'œil"? Une anecdote parmi mille autres à découvrir dans un livre* de Véronique Willemin. Entretien avec celle qui a travaillé 15 mois sur ce sujet.

 

Comment avez-vous été accueillie à la Brigade de répression du proxénétisme?
Guy Parent, à la tête de la BRP depuis cinq ans, est un policier atypique. J’ai été très sensible, en tant que femme, au fait qu’il ne parle pas de putes mais de prostituées. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde… Pour lui, les prostituées sont des victimes, ce qui est vrai. Son objectif, c’est de faire tomber les proxénètes qui se font du fric sur leur dos. Ce qui est un peu paradoxal, c’est que la majorité des proxénètes aujourd’hui, à plus de 80 %, sont des femmes; d’anciennes prostituées, notamment ces "mamas africaines" qui deviennent mères maquerelles. Les "Julot-casse-croûte" appartiennent au passé. Il n’y a presque plus d’hommes, mis à part à la tête de sordides réseaux de l’Est et de quelques réseaux d’escort-girls.

L’histoire de la Mondaine commence officiellement en 1901…
La Brigade mondaine est alors la nouvelle appellation d’un service de police qui sera le gardien des mœurs de 1901 à 1975. C’était la grande époque des maisons closes: le Sphinx, le Chabanais, le One-Two-Two… Il fallait surveiller le "monde" qui les fréquentait: le corps diplomatique, les gens d’Eglise, les comédiens, les notaires, les médecins, les avocats, les journalistes… Cette police des Mœurs avait tout intérêt à savoir qui couchait avec qui et qui faisait quoi. C’est aussi vrai pour les homosexuels qui, on l’oublie, ont été pourchassés jusqu’au début des années 1980.

Que faisait la Mondaine de ces informations?
C’était un moyen de pression fantastique pour le pouvoir. Si vous avez à négocier avec quelqu’un, vous ressortez sa fiche… Toutes ces informations étaient annotées sur les fameux "blancs", des notes qui atterrissaient dans le coffre du patron de la Mondaine. L’original y restait, mais l’information était réécrite et remontait, si le patron le décidait, au préfet de police, qui lui même l’envoyait au ministre de l’Intérieur, etc. Cela existait déjà sous Louis XIV. Et ça n’a cessé que très récemment. Mais il suffit de lire, aujourd’hui encore, les cahiers d’Yves Bertrand pour voir que le sujet intéresse toujours ceux qui nous gouvernent.

"Les prostituées n’ont pas disparu"

http://www.decitre.fr/gi/94/9782842303594FS.gifComment a réagi la Mondaine lors de la fermeture des maisons closes, en 1946?
Pour les policiers, c’était catastrophique… Ils n’ont alors plus de sources d’information. Le robinet est subitement fermé. Il faut bien comprendre que les maisons closes, c’était du pain bénit pour les inspecteurs. Si la mère maquerelle ne voulait pas que sa maison soit fermée sous le moindre prétexte, elle avait tout intérêt à balancer. C’était un échange de "bons" procédés: "Je te tolère mais tu me donnes des tuyaux…"

Un phénomène qui a perduré bien après 1946. Que se passe-t-il en 1975 avec Katia la rouquine, prélude à la disparition de la Mondaine?
Tout commence à l’hôtel Del Monaco, 10 bis rue du Débarcadère, dans le 17e arrondissement de Paris. L’établissement existe toujours. Katia aussi d’ailleurs, Radja Goldfarb de son vrai nom. En fait, c’est le dernier hôtel où l’on peut aller sans valise de 5 à 7… J’ai cherché à la rencontrer. Sans succès. Disons qu’à l’époque c’était quelqu’un de très protégé. Roger Le Taillanter, qui dirigeait la Mondaine, avait des relations personnelles et particulières avec elle. Elle lui donnait des informations – comme elle l’avait fait pendant l’Occupation –, il la tolérait. Et puis, à un moment, elle est tombée pour proxénétisme hôtelier. Les choses se sont envenimées. Elle a fait monter les enchères, faisant savoir qu’elle avait la liste des gens (politiciens mais aussi policiers de tous grades…) qui fréquentaient sa maison. Tout ça est très mal vécu. L’IGS s’en mêle. Et pour éviter un mégascandale, Michel Poniatowski, alors ministre de l’Intérieur, décide de nettoyer la Mondaine, qui change de nom pour s’appeller Brigade des stupéfiants et du proxénétisme. Le service est alors renouvelé de fond en comble. Par la suite, le trafic de drogue prendra tellement d’ampleur que le service sera scindé en deux : les stups d’un côté, le proxénétisme de l’autre.

 

Lire sur le blog

Lucienne Goldfarb dite "Katia la rouquine" ...



Comment la police a-t-elle géré en 2003 la loi Sarkozy sur le racolage?
Il a fallu nettoyer et nettoyer encore. Il fallait que les trottoirs de Paris soient nickel… Mais les prostituées n’ont pas disparu. Remontons le fil du temps. On a fermé les maisons closes, elles sont parties travailler dans des hôtels. On s’est attaqué aux hôtels de passe, elles sont allées travailler dans des studios. On a fait la guerre aux studios, elles ont investi les trottoirs. On les chasse des trottoirs, elles se réfugient en forêt, sur les aires d’autoroute, dans des squats, dans les salons de massage, sur Internet et pour quelques-unes dans les grands hôtels… On ne peut pas éradiquer la prostitution. Et plus le phénomène est clandestin, plus le nombre de prostituées augmente. En 1946, au moment de la fermeture des maisons closes, on recensait 6 200 filles dans le département de la Seine, dont 1.200 en maisons. En 1953, elles étaient estimées à 40 000…

Parlons un peu des "filles". Dans les années 1930, elles étaient presque toutes françaises. Ce pourcentage tombe à 50 % au début des années 1990. Qu’en est-il aujourd’hui?
Disons que la provinciale de l’entre-deux-guerres, c’était l’étrangère d’aujourd’hui. Elles étaient bretonnes, c’étaient des filles du Sud, de Toulon, de Marseille… L’essentiel du "public" de la BRP aujourd’hui, ce sont des Africaines, des Asiatiques, des filles de l’Est. Il reste quelques Françaises, les "anciennes", rue Saint-Denis ou rue de Budapest. Et maintenant semble se développer une autre prostitution, celle des étudiantes. Mais elle est très difficile à saisir.

Si la mondaine m’était contée ...

Social |  10 Octobre 2009  |  Mise à jour le 14 Octobre 2009

http://www.lejdd.fr/Societe/Social/Actualite/Si-la-mondaine-m-etait-contee-140958/

La Mondaine. Histoire et archives de la police des Mœurs, Véronique Willemin, éd. Hoëbeke, 400 p., 30 euros.

 

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La mondaine - histoire et archives de la police des mœurs

La mondaine - histoire et archives de la police des mœurs

article - 27/08/10 - La mondaine - Histoire et archivesde la Police des Mœurs - Document 2009 - La mondaineest un service de police particulièrement dédié à l'observation, la surveillance, et…

http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-la-mondaine-histoire-et-archives-de-la-police-des-moeurs-56066881.html

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