Procès, tortures et bûchers ; images de douleurs, de feu et de sang : voilà ce qu'évoque ordinairement
l'Inquisition.
Pourtant, ce tribunal pontifical créé par Grégoire IX entre 1231 et 1233 avait selon l'Église catholique une noble
mission : sauver les âmes et défendre la chrétienté. Pour ce faire, elle s'était levée contre des dissidences religieuses qui sévissaient déjà depuis un siècle à travers toute l'Europe, et
notamment dans le midi de la France. Ces hérétiques, cathares ou vaudois, qui aspiraient à une autre pratique de la religion chrétienne, menaçaient l'unité et la puissance de l'Église romaine.
S'il est vrai que cette dernière autorisa à pratiquer la torture et que ses proies périrent parfois dans les flammes du bûcher du pouvoir séculier, la mise à mort devint plus rare dès la fin du
XIIIe siècle.
L'Inquisition aurait pu disparaître avec la fin des grandes hérésies, mais la stigmatisation de la sorcellerie, comme
nouveau mal capable de détruire l'Église, lui permit de confirmer une autorité jusqu'à la toute fin du Moyen Âge.
Avec brio, Didier Le Fur corrige les idées reçues, éclaire d'un jour nouveau la justice inquisitoriale en France au Moyen
Âge et met en évidence certaines falsifications de l'histoire, privilégiant ainsi la vérité historique aux dépens de la légende.
Docteur en histoire, Didier Le Fur a publié plusieurs biographies saluées
par la critique : Louis XII (2001), Charles VIII (2006) et Henri II (Tallandier, 2009). Il est également l'auteur chez Tallandier de La France de la Renaissance («Dictionnaire de curiosités»,
2011).
- Les courts extraits de livres : 23/08/2012
Extrait de l'introduction - L'Inquisition reste dans l'imaginaire collectif un temps de violence et d'abus, le temps d'une justice arbitraire conduite par des religieux fanatiques qui, au nom de Dieu, chassèrent et poursuivirent de leur haine des milliers de personnes dans toute l'Europe, et plus particulièrement dans le midi de la France, entre Languedoc et Provence. Un temps qui aurait duré tout le Moyen Âge.
Aux hommes et aux femmes de toutes conditions et de tous âges qui ne partageaient pas strictement leur doctrine, ces
inquisiteurs acharnés infligèrent les pires tourments, les tortures les plus scélérates, pour finalement les abandonner, sous les injures d'une population en colère, aux flammes du bûcher.
Un temps de victimes expiatoires et de boucs émissaires d'un despotisme spirituel. Images de sang, de feu, de cris et de
prières publiques, de terreurs, de processions mystérieuses et lugubres.
Un temps d'obscurantisme et d'intolérance. Bref, un temps de nuit, d'ignorance, où régnait, victorieuse, la
superstition.
La légende fut bien construite et l'Inquisition espagnole, la plus longue de toutes - puisque réinventée à la fin du XVe
siècle, elle fut abolie, une première fois en 1808 sous l'occupation napoléonienne, puis définitivement en 1843 -, y fut pour beaucoup. Célèbre par ses excès contre tous ceux qui n'étaient pas
catholiques, tant dans la Péninsule ibérique que dans le Nouveau Monde, incarnée par le premier grand inquisiteur Thomas de Torquemada - dont la popularité fut entretenue par Dostoïevski (Les
Frères Karamazov) -, elle aida à construire une vision délirante de cette organisation ecclésiastique née dans la première moitié du XIIIe siècle. Elle laissa aussi supposer que, dès son origine
et partout où elle s'exerça, la justice inquisitoriale, voulue par la papauté, fut toujours l'expression de la cruauté la plus primaire.
En France, ce fut Etienne Léon de Lamothe Langon qui esquissa les traits de cette institution jugée barbare. Ce Toulousain,
nommé sous-préfet de Toulouse en 1811, avait poursuivi sa carrière sous la Restauration. Historien à ses heures, et déjà auteur de plusieurs textes dont un sur la Du Barry et un autre sur
Cambacérès, il publia en 1829 une histoire de l'Inquisition en France. Il affirmait avoir composé son ouvrage à partir de documents inédits, retrouvés dans les archives ecclésiastiques du diocèse
de Toulouse grâce à la permission spéciale de l'évêque du lieu, Hyacinthe Sermet. Outre la description de toute une série de crimes et de tortures, il avançait également de nombreux chiffres,
citait quantité de noms de personnes, mais aussi des dates et des lieux. L'exposé semblait probant et l'on y crut longtemps.
L'anticléricalisme des auteurs de la fin du XIXe siècle permit d'entretenir une telle interprétation presque intacte. Et si
certains catholiques à la même époque tentèrent de modérer ces propos par la publication d'ouvrages souvent érudits, ils n'allèrent jamais contre cette image et condamnèrent eux aussi la violence
des inquisiteurs du Moyen Âge.
Les fantasmes de la torture alimentèrent également une littérature plus romanesque qui popularisa une multitude de clichés
où cruauté, fanatisme et érotisme se mêlaient. Le XXe siècle conserva cet imaginaire nauséeux jusque dans les années 1970, époque où des historiens tels que Norman Cohn et Richard Kieckhefer
remirent totalement en question les propos tenus par Lamothe Langon et ses suiveurs.
L'Inquisition : enquête historique : France, XIIIe-XVe siècle
Auteur : Didier Le Fur
Date de saisie : 19/07/2012
Genre : Histoire
Editeur : Tallandier, Paris, France
Collection : Moyen Age
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