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http://www.decitre.fr/gi/80/9782130587880FS.gif80% des élèves punis au collège sont des garçons.


L’ouvrage de Sylvie Ayral montre que les punitions ont un effet pervers. Elles consacrent les garçons dans une identité masculine caricaturale, renforçant les conduites qu’elles prétendent corriger : le défi, la transgression, les comportements sexistes, homophobes et violents. Le livre explore toutes les facettes de cette hypothèse en interrogeant les règlements intérieurs, les registres de sanctions et en donnant la parole aux élèves et aux adultes qui les encadrent.


Aux antipodes de la tolérance zéro et du tout répressif, l’auteur plaide pour une éducation non sexiste, une mixité non ségrégative et la formation des personnels éducatifs au genre. Ces propositions apparaissent comme une urgence si l’on veut comprendre et traiter les rapports de domination et la violence qui empoisonnent le quotidien des élèves et des enseignants.

 

L'auteur en quelques mots en mars 2011 ...  

 

Sylvie Ayral a été institutrice en milieu rural pendant quinze ans et enseignante d'espagnol au collège.


Professeur agrégée, docteur en sciences de l'éducation (Université de Bordeaux), elle est membre de l'Observatoire international de la violence à l'école.

 

La fabrique des garçons - Sanctions et genre au collège

Par Sylvie Ayral 
Jack Lang (Préfacier) , Daniel Welzer-Lang (Postfacier)
Paru le  : 9 mars 2011
Editeur : PUF

Collection : Partage du savoir


 

 

http://www.sudouest.fr/images/2011/03/26/354090_16125250.jpgSon livre est une bombe. En ce sens qu'il met à plat l'échec du fonctionnement éducatif et pédagogique des collèges, face à la montée de la violence, aux excès comportementaux des élèves. Sylvie Ayral, professeur d'espagnol agrégée dans un collège de Gironde, et docteur en sciences de l'éducation a enquêté dans cinq collèges du département, du rural, de la ZEP, du périurbain favorisé, du centre-ville de Bordeaux défavorisé, sans oublier un collège privé à fort taux de réussite scolaire.

 

Sa recherche a démarré par un constat. Personnellement éprouvé : « J'étais, mes collègues enseignants aussi, dépassée par l'incivilité croissante des élèves, les violences verbales, sexistes, le manque de respect. Nous n'avions aucun moyen de répondre, sinon en sanctionnant. Dans les salles de profs, on ne parlait que de ça, de sanctions. L'appareil disciplinaire est lourd, la menace vis-à-vis des élèves permanente. Pour quels résultats ? »

 

En début d'enquête, sans vraiment savoir où elle mettait les pieds, elle analyse les registres de sanctions des cinq établissements girondins, soit 5 900 punitions. Premier tri : « 80 % des élèves punis sont des garçons, plus la transgression est grave, plus le pourcentage de garçons punis augmente. La symétrie sexuée est massive, quel que soit l'établissement scolaire, favorisé ou pas. J'ai donc placé la variable de genre, au centre de mon analyse. Dans une institution qui se dit égalitaire, il existe donc, une différence de traitement entre les garçons et les filles. »


La punition ? Rite initiatique

Analyse imparable, mathématique, Sylvie Ayral va plus loin, interroge enseignants, personnel de l'encadrement et jeunes collégiens.

 

Côté enseignant, elle perçoit « un sentiment de lassitude » et toujours en réponse : « Les garçons sont punis à cause des hormones, la fameuse testostérone. Or, ceux qui se comportent mal n'ont pas plus de testostérone que les autres ! », tonne l'enseignante.

 

On peut constater que les punitions ne concernent pas plus les enfants en échec scolaire que les autres, pas plus les enfants d'émigrés. Les comportements inciviques, insolents touchent tous les milieux. Pourtant, c'est en retournant le micro vers les élèves eux-mêmes, que l'analyse s'éclaircit : « Les filles avouent kiffer les rebelles, ceux qui se font punir. Les autres sont taxés ''de bouffons'', ''d'intellos'' des qualificatifs très méprisants à leurs yeux, note Sylvie Ayral. Les garçons estiment que se faire coller et punir, c'est gagner un qualificatif majeur : populaire. Défier les profs aussi. Être un mec, c'est refuser l'autorité, bousculer les règles, être agressif et violent, sexiste. La sanction fait référence à la transgression, c'est donc une médaille. Un diplôme de virilité. La sanction qui était censée faire réfléchir est contre-productive, puisqu'elle agit comme une récompense. Elle n'a donc plus rien d'éducatif, elle suscite ce qu'elle croit combattre. »

 

D'où le buzz. Luc Chatel, ministre de l'Éducation se dit très intéressé par l'ouvrage de la Bordelaise (voir par ailleurs), elle est invitée partout, colloques, bureaux, réunions ici, et à l'étranger. « On doit changer de modèle », tance Sylvie Ayral. Comment ? On supprime les heures de colles, les exclusions de cours ? « Il faudrait oui et remplacer les sanctions par des ateliers de parole, dès la maternelle interroger les enfants sur la notion de mixité active. Apaiser, innover. »


« La fabrique des garçons » De Sylvie Ayral préfacé par Jack Lang. Ed : PUF. Sylvie Ayral est membre de l'Observatoire de violence à l'école.


Samedi 26 mars 2011 à 06h00
Par Isabelle Castéra
   

 

Sanction : trophée de garçon

80 % des punitions en collège sont infligées aux garçons qui les brandissent comme une victoire.

Tag(s) : #Société - Travailleurs sociaux
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