La publication de la Garçonne provoqua en 1922 le plus grand scandale qu'auront connu les lettres françaises.
Un écrivain célèbre ne s'avisait-il pas de faire preuve de " pornographie " en décrivant la transformation d'une jeune
fille de bonne famille en une femme libre de son travail, de son corps, de ses plaisirs. Qui plus est, c'est par dégoût pour la morale bourgeoise et le monde de l'argent que Monique Lerbier est
ainsi devenue une " garçonne ". L'opinion publique exigea, et obtint, que la Légion d'honneur fût retirée à Victor Margueritte. Aujourd'hui, on comprend que le scandale d'alors tenait bien moins
à l'érotisme du roman qu'à sa dénonciation prophétique d'une société condamnée.
Une société où le profit était roi et où la femme était seulement un objet convoité pour son corps ou ses richesses. Ce
livre garde aujourd'hui une troublante actualité.
L'auteur en quelques mots ... Victor Margueritte Né en 1866, mort en 1942, écrivain comblé par le succès, il choisit après la guerre de 14-18 de mettre son talent au service de la fraternité des peuples et de l'émancipation de la femme.
La Garçonne
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[ 15 ] - La Garçonne de Victor Margueritte est un roman qui a fait scandale dès sa
parution en 1922. Il se trouvait dans la bibliothèque de mon père avec d´autres ouvrages qui n´avaient en rien l´allure de livres brochés. Il était très mince et ressemblait à une
revue bon marché. La page de couverture était criade à souhait ; il était impossible de ne pas être attiré par l´illustration : une femme jeune aux cheveux très courts à la Jeanne d´Arc,
avec une attitude non pas vraiment lascive, mais sensuelle, et au regard impertinent. Il était avec d´autres dont L´immoraliste de Gide, - également illustré d´un beau jeune homme efféminé au regard langoureux. Je les ai découverts quand ma mère et
moi avons dû déménager du second étage au premier du 14 rue
Beaugrenelle à Paris. Ma mère a alors eu ce commentaire laconique : " Un livre qui a fait scandale". Je n´en ai pas su davantage, n´ai posé aucune question, et
l´ai rangé avec les autres volumes de même format. Ma mère n´a jamais été prolixe avec moi, sur ce sujet encore moins qu´un autre. Je n´avais que 16 ou 17 ans.
Il y a un ou deux mois, j´ai volontairement cherché sur le net quelques renseignements sur cet écrivain
dit "à scandale", mais largement oublié aujourd´hui. Les quelques paragraphes trouvés sur lui ont suffisament éveillé mon attention que j´ai commandé La Garconne. Je l´ai lu
d´un trait. Il se lit donc bien. Que retenir aujourd´hui de ce roman dont on a tant parlé au lendemain de la Première Guerre mondiale ?
L´édition que je possède est précédée d´une "Lettre ouverte de Monsieur ANATOLE FRANCE à la Légion
d´honneur" qui envisageait de rayer Victor Margeritte des cadres de ladite Légion. Ce que la Légion d´honneur a fait effectivement. La lettre
d´Anatole France, tout académicien qu´il était, n´a donc servi à rien. Il faisait pourtant référence aux malheureux procès intentés en 1857 à Gustave
Flaubert et Charles Baudelaire pour avoir écrit Madame Bovary et Les Fleurs du Mal. Il priait instamment La Légion d´honneur de
ne pas tomber dans une erreur comparable à celle du passé en privant un auteur aussi reconnu et apprécié de sa décoration. Fort bien. Mais qu´en est-il aujourd´hui du
roman lui-même ? Mérite-t-il d´être relu et de sortir des oubliettes de l´histoire littéraire ? Pas vraiment. Littérairement, il ne me semble pas valoir grand chose. Il se lit cependant
facilement. Il représente indirectement un moment non négligeable dans la prise de conscience de l´émancipation des femmes qui avaient joué un rôle économique si
important pendant la guerre pour remplacer les hommes mobilisés. Il est aussi une bonne indication de ce que pouvait susciter l´indignation de la bonne bourgeoisie de l´époque. Lire
La Garçonne était évidemment plus facile que de suivre les premiers écrits littéraires iconoclastes et vraiment novateurs des Surréalistes qui dénonçaient l´hypocrisie
des moeurs et voulaient rénover le langage.
Les premiers chapitres sont bien enlevés. La fin est d´un conventionnel sans nom : "La garçonne orgueilleuse
se retrouvait femme, et faible, devant la grandeur du véritable amour" . L´acné de Mademoiselle était passée.
L´action véritable se situe juste après la fin de la Première Guerre mondiale. Le père de l´héroïne est un
profiteur de guerre. Il a gagné des millions à fabriquer des explosifs. Depuis la paix, ses affaires sont moins florissantes. La mère "n´avait, à cinquante ans, qu´un but. En
paraître trente" . Monique a dix-neuf ans, l´âge du siècle et des années folles. Son père lui a trouvé un bel homme arrivé encore assez jeune qui pourra sauver son
entreprise qui périclite. "Tu sais, l´auto ! Même si Lucien n´en avait pas, j´aurais autant de plaisir à l´épouser." Monique est donc si sûre de son amour et des
sentiments que lui porte Lucien qu´elle se donne à lui par amour une semaine avant le mariage. Mais deux ou trois jours après, elle découvre que les rumeurs qui couraient sur son
futur mari étaient fondées. Son Lucien continuait à voir et à entretenir une maîtresse. De dépit, elle couche avec un Monsieur qui l´aborde dans la rue. Elle ne saura de lui
que son prénom. Elle avoue le tout à sa mère, puis à son père, malgré les conseils pressants de sa mère qui essaie de lui faire comprendre qu´il est important pour une femme de son rang
de savoir garder pour soi certaines choses. Mais Monique est une femme libre : elle déclare donc qu´elle ne se mariera jamais. Elle rompt avec Lucien, et revendique aussitôt
pour elle-même la même liberté de moeurs que les hommes : le droit de mener sa vie amoureuse avec autant d´incartades qu´un homme peut avoir avant et après le mariage. D´où le titre du
roman : La Garçonne. Elle aura ainsi beaucoup d´amants d´un jour ou de quelques semaines, rarement de plusieurs mois. Elle aura aussi des expériences avec des femmes, et ne
manquera pas de fréquenter quelques boîtes à la mode pour fumer de l´opium à coté d´autres qui s´adonnent à la cocaïne. Entre temps, elle aura acquis un nom comme décoratrice, et le tout
Paris fréquentera son magasin de la rue de la Boëtie. Jusqu´au moment où elle trouvera le parfait amour qui fera d´elle une épouse exemplaire et dévouée. La fin du
roman laisse un doute sur sa possibilité d´avoir des enfants. J´ai peut-être lu trop vite. Il semble qu´elle ne peut pas en avoir. Mais elle pourra toujours en adopter. L´honneur de
mère est donc sauf.
Quelques passages du roman mentionnent Herr Professor Freud qui nous donne à voir le contenu de son
pot de chambre, d´autres plus subtils, font allusion à Ibsen
avec Une maison de poupée et les Revenants. D´autres, encore, assez récurrents, ont quelques relents d´antisémitisme, de racisme et de
xénophobie.
Flaubert avait soufflé à son défenseur que son héroïne était devenue adultère parce qu´elle avait reçu
une éducation au dessus de sa condition ; que ses lectures de petits romans à l´eau de rose et des vers de romantiques attardés lui étaient montées à la tête.
Victor Margueritte met en avant dans une "Note de l´auteur" après le 150e mille ( le roman aura en tout 655e mille) que "c´est de parti-pris" qu´il a
fait son héroïne "une femme riche (...) parce que sa fortune, comme son éducation, est une condition de sa chute". Reste que Madame Bovary continue à la fois
d´ être lu au premier degré et comme le premier roman de la littérature moderne que les chercheurs et les universitaires du monde entier explorent encore. La censure du temps de
Flaubert aurait bien voulu que l´auteur de Madame Bovary retire la phrase : "Emma retrouvait dans l´adultère toutes les platitudes du mariage" (III, vi). Je
n´ai pas trouvé dans La Garçonne de Victor Margueritte une phrase analogue qui puisse susciter une désapprobation qui pourrait encore faire frémir les bien pensants
d´aujourd´hui. Les moeurs ont évolué. La phrase de Victor Margueritte ne peut en rien être comparée à celle de Flaubert ou de William
Faulkner : il ne recrée pas comme eux le monde à chaque
phrase. Mais ce roman est plaisant à lire. Il montre de quoi on devait parler à l´époque si l´on voulait montrer qu´on était au courant du dernier livre à succès, scandale ou
non. A défaut de lire autre chose. ( ... / ... à suivre, cf. 16 ).
« Viragos, hystériques, nymphomanes » au XIXe siècle. « Frigides, lesbiennes, mal baisées » au XXe. Passées d'un extrême à l'autre, les injures à l'encontre des féministes leur attribuent toutes une sexualité spécifique. Toujours anormale.
« Viragos, hystériques, nymphomanes* » , vitupère à l'encontre des féministes* le XIXe siècle auquel la peur d'une sexualité gourmande des femmes fait oublier les convenances bourgeoises. « Frigides*, lesbiennes*, mal baisées » , rétorque le XXe qui rassure les bien-pensants, sans même se rendre compte qu'il met aussi en cause le partenaire masculin. Ces injures prétendent à l'existence d'une sexualité spécifique et commune aux féministes : toujours anormale, elle serait passée, d'un siècle à l'autre, du registre du « trop » de désir et de plaisir à celui du [...]
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www.youtube.com/watch?v=1sVfYvwv4To1 févr. 2011 - 4 mn - Ajouté par Vibizm
Peggy Lee - Call Meby wildcat1398134 views; Eliane Elias Call Me 4:12. Add to. Eliane Elias Call Meby ...
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www.youtube.com/watch?v=ATgExlDB0Ik7 mai 2009 - 6 mn - Ajouté par JedYuseco01
Live at the 2005 San Javier Jazz Festival in Spain Eliane Elias(piano) Gustavo Saiari (guitar) Marc Johnson ...
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www.youtube.com/watch?v=I5cyhK2vrXo13 sept. 2009 - 6 mn - Ajouté par Agozarlatino
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