Le combat des prostituées de Lyon

En juin 1975, elles sont 70 prostituées lyonnaises, puis 150, puis 200, à occuper, avec le soutien du clergé local, l’église Saint Nizier, en plein cœur de la ville. Pendant 8 jours, elles dénoncent la répression policière dont elles font les frais et s’attèlent à démonter les a priori de la société française à leur encontre. Nous ne sommes pas des femmes de mauvaise vie ou de petite vertu, affirment-elles publiquement, nous sommes des femmes tout court, et nous avons le droit d’exister.

En France mais aussi à l’étranger, la presse relaie très largement cette mobilisation inédite, qui trouve un écho inattendu auprès de l’opinion publique. Mais les autorités, elles, font la sourde oreille. Pourtant, le mouvement essaime et rapidement, des centaines de prostituées occupent des églises dans toute la France pour revendiquer haut et fort les droits dont elles sont privées.

Retour sur une semaine de lutte sans précédent, 8 jours de solidarité et d’engagement collectif, durant lesquels les femmes prostituées de France, pour la première fois, font entendre leurs voix.

Un récit documentaire de Jeanne Mayer

Merci au Centre audiovisuel Simone de Beauvoir qui nous a prêté une archive extraite du film de Carole Roussopoulos réalisée en 1975 : Les prostituées de Lyon parlent

Invité :

Lilian Mathieu, sociologue et politiste. Directeur de recherche au CNRS (Centre Max Weber, Ecole normale supérieure de Lyon). Il enseigne à Sciences Po Paris et à Lyon 2. Chercheur sur les mouvements sociaux et sur la prostitution. Il est l’auteur de nombreux livres sur ces deux thèmes. Dans la Revue Française de Sociologie (vol 40, n°3, sept 1999), il a publié : Une mobilisation improbable : l'occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises ;  La fin du tapin. Sociologie de la croisade pour l'abolition de la prostitution (Ed. Pérégrines, 2014) ; En 2015, Sociologie de la prostitution dans la collection Repères des Ed. La Découverte ; et Co-auteur du Dictionnaire des mouvements sociaux , réédité aux Editions de Sciences Po en 2020

Et aussi le témoignage de Marie Bonnet, interviewée par Franck Cognard, membre de l'association Paloma à Nantes qui apporte un soutien quotidien aux personnes proposant des services sexuels tarifés