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http://www.nautiljon.com/images/people/0/7/3/pol_pot_22370.jpgPol Pot, mort dans des circonstances troubles en 1998, incarne le désastre qui a frappé le peuple cambodgien entre 1975 et 1979. Quand, au nom de l’utopie communiste, des centaines de milliers de personnes se trouvèrent victimes d’un massacre organisé.


Le 15 avril 1998, Pol Pot mourait dans la forêt cambodgienne. Son nom est resté associé au régime despotique imposé aux Cambodgiens pendant trois ans, huit mois et vingt jours, entre 1975 et 1979. Cette période se solda par une hécatombe de vies humaines qui valut à cette tragédie la qualification de génocide ou d’autogénocide [1].

La mort de Pol Pot intervint dans la phase ultime de décomposition du mouvement khmer rouge*, confiné au réduit d’Anlong Ven au nord-ouest du pays : son dirigeant fut arrêté par ses propres partisans et compagnons, jugé pour trahison et pour avoir ordonné l’exécution « de nombreux compatriotes » , selon les mots de son lieutenant Ta Mok, un des très rares dirigeants khmers rouges d’origine paysanne.

Un dénouement assez trouble au demeurant : Ta Mok, surnommé « le boucher » , et Khieu Samphan, ancien Premier ministre du Kampuchéa démocratique (dénomination donnée par les dirigeants khmers rouges, après 1975, à l’ancien royaume du Cambodge), reprochaient-ils à Pol Pot les centaines de milliers de morts dont s’était rendu coupable son régime, ou seulement le tout récent assassinat du chef des forces armées khmères rouges, Son Sen, et de sa famille ? Au moment où l’on parle d’instaurer un tribunal pour juger les Khmers rouges, ces hommes n’ont-ils pas saisi l’occasion de faire endosser à Pol Pot la responsabilité des massacres afin d’obtenir le pardon ou du moins l’amnistie pour eux-mêmes ?

Mais le régime instauré par le Parti communiste khmer est-il identifiable au seul Pol Pot ? Si « polpotisme » il y eut, s’agissait-il d’un stalinisme des Tropiques, d’une déviation du léninisme, du « maoïsme vu par des cons » comme l’écrivit André Malraux ou d’un phénomène particulier surgi d’un terreau spécifique ?

Commençons, pour tenter de répondre à ces questions, par cerner la personnalité de Pol Pot. Nous ne disposons aujourd’hui que d’une seule biographie de lui, rédigée par l’historien américano-australien

David Chandler, au terme d’une longue enquête [2]. Où nous apprenons que, derrière ce pseudonyme de Pol Pot, se dissimulait un certain Saloth Sar, étudiant en France de 1949 à 1952, dans un établissement privé d’enseignement technique supérieur.

Les témoignages sur ce séjour à Paris sont rares et flous pour la simple raison que Saloth Sar fit par la suite assassiner la plupart de ceux qu’il fréquentait alors. On sait néanmoins qu’il appartenait à un groupe de boursiers cambodgiens qui, en majorité, avaient adopté une attitude contestataire vis-à-vis du roi Norodom Sihanouk ? placé sur le trône en 1941 grâce aux Français ?, ce qui leur valut la suppression de leurs subsides. La radicalisation de ces jeunes gens les conduisit vers la doctrine léniniste, d’autant plus naturellement que, dans la péninsule Indochinoise, une guerre d’indépendance nationale opposait le Vietminh de Ho Chi Minh, constitué d’éléments communistes et nationalistes, au corps expéditionnaire français.

Pendant ce séjour européen, le jeune Khmer a-t-il été influencé par le communisme soviétique ? On sait qu’il fréquenta le cercle cambodgien d’études marxistes. Pour sa part, Pol Pot dira avoir été marqué par La Grande Révolution de Kropotkine [3]. Une chose est sûre : au tout début de 1953, Saloth Sar retourne au pays sans avoir achevé ses études et sans être titulaire d’aucun diplôme. Sans doute aspire-t-il déjà à devenir un militant révolutionnaire.

En 1953, l’Indochine est toujours en guerre. C’est aussi l’année où Norodom Sihanouk obtient de la France l’indépendance du Cambodge. Un Cambodgien qui se réclame de la mouvance communiste n’a d’autre choix que de rejoindre les rangs du Parti communiste indochinois (PCI) qui recrute majoritairement ses membres parmi les Vietnamiens et dont la direction, vietnamienne elle aussi, définit sa stratégie et sa tactique selon les intérêts des communistes vietnamiens. Les Cambodgiens y sont encore peu nombreux et font figure d’élèves pour ne pas dire d’auxiliaires...

L'intégralité de cet article est disponible en cliquant sur le lien ci-dessous

Pol Pot et la destruction du Cambodge

Par Pierre Brocheux
publié dans L'Histoire n° 247 - 10/2001   +

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