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http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782246674016.jpgDocument 2007- Elles se nommaient Mara, comtesse Tchernycheff, Sylve, marquise d'Abrantès, Evanne, princesse Mourousi. Elles furent les avatars vénéneux d'un demi-monde parisien où la cocotte de la Belle Epoque s'était faite « chercheuse d'or », poule de luxe et femme d'affaires avisée, fleur du mal poussée sur le fumier de la Collaboration, économique et horizontale. En romancier, Modiano avait parfois esquissé les contours vaporeux de ces peaux trop bijoutées, de ces cuisses trop légères, qui pour une table au Fouquet's, des cartes « coupure création » et autres privilèges essentiels intriguèrent à la Gestapo, 72-86 avenue Foch, à la Kriegsmarine, rue Royale, ou à la Carlingue de la bande de Bonny-Lafont, rue Lauriston. Leur seule patrie étant leur lit, les plus zélées oscillèrent entre les caïds du marché noir et les pillards teutons, devenant les intermédiaires naturelles entre les affreux qui bradaient la France et les vainqueurs qui, dans les bureaux Otto et autres officines, la rachetaient au prix fort. Cyril Eder leur donne le nom de « comtesses de la Gestapo », car nobles elles étaient, d'origine ou par alliance. Mais elles étaient plus près de la « gestapute » que de la comtesse. Sur leur album, on ne relève en effet que filoutages, dénonciations et extorsions à grande échelle.

Parmi toutes ces abjectes, c'est Evanne, princesse Mourousi, Mata Hari de pacotille, qui mérite la palme. Rejetée par le 2e Bureau français, elle offre ses services aux généreux Allemands pour moucharder ses compatriotes russes et dénoncer les grandes familles juives. Comme elle se permet, dans un trafic de cigarettes, d'escroquer les Allemands, elle file en prison, où elle accouche d'Yves, le futur journaliste. Elle fait piller l'hôtel des Weiller, avant d'être rattrapée par la justice. Moins inquiétées à la Libération que leurs amants, ces femmes d'affaires, fatales mais au fond si peu romanesques, ont à elles seules drainé toutes les humeurs malignes d'une époque bien sombre. Dommage qu'Eder se soit contenté de notices biographiques un peu plates et bien brouillonnes

 

Sang bleu et nazisme

Par François-Guillaume Lorrain

Publié le 25/01/2007 Le Point – Histoire

http://www.lepoint.fr/archives/article.php/107421

 

 

 

Les comtesses de la Gestapo ...

 

http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/6/1/0/9782246674016.jpgDans le Paris de l'Occupation, réduit au périmètre douteux qui va des bureaux du Majestic à l'Omnibus de chez Maxim's, ce livre brosse une galerie de portraits de femmes vénales et exotiques, qui ont fait grand bruit aux heures sombres de l'Occupation allemande. Dans la grisaille ambiante, elles ont vécu pendant quatre ans un étrange conte de fées qui se terminera souvent en cauchemar... Elles sont russes comme la comtesse Tchernycheff, mannequin et actrice de cinéma, qui devint la protégée du sinistre Lafont, chef de la Gestapo française, et la maîtresse d'officiers allemands influents... Ou grecques comme la princesse Mourousi, lesbienne et morphinomane qui faisait main basse sur le mobilier des juifs pourchassés. Après des années de prison, elle finira chez l'abbé Pierre, dans les dortoirs d'Emmaüs... Ou espagnoles comme la marquise de San Carlos, franquiste de la première heure, qui s'acharnait sur les réfugiés républicains qu'elle dénonçait à son amie intime, la comtesse Seckendorff - laquelle, autrichienne, agent double connu sous le nom de Mercedes, réussira mystérieusement à échapper à la justice française et finira dans la peau d'une pairesse d'Ecosse... Dans ce sinistre carrousel où l'on croise également des courtisanes de haute volée telles que Sylviane d'Abrantès ou la comtesse Olinska, naît et prospère un monde de trafics et de compromissions porté par la veulerie des hommes en place et les complaisances de l'occupant. Grâce à l'ouverture récente des archives de justice, ce livre dévoile pour la première fois les vies extravagantes de celles qu'on surnomma, après guerre, les " comtesses de la Gestapo ", ces fleurs vénéneuses dont l'éclat fut peut-être fugitif mais le parfum assez capiteux pour nous troubler - et nous déranger - encore aujourd'hui...

 

Les comtesses de la Gestapo
Étude (broché). Paru en 01/2007 aux éditions Grasset

 

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