Document 2002 - " Voilà que l'on découvre un préfet, et préfet de Police à Paris s'il vous plaît, mais aussi un avocat, un " journaliste intermittent " (c'est son terme), qui ne semble pas éprouver trop de gêne ou de scrupules à cumuler le poste de préfet avec un mandat d'élu, comme à créer un journal (La Ligue) pour y publier ses propres mémoires.
Sous la fameuse " République des Jules ", voilà bien un drôle de préfet, qui vous ouvre tous les couloirs de la cuisine, à commencer par son propre dossier, qui n'hésite pas à mettre à plat ses
conflits - avec la presse, avec le Conseil municipal de Paris, avec les successifs ministres de la Justice eux-mêmes -, à révéler les petites comme les grandes manipulations, éludant tout au plus
parfois les noms pour ne pas mettre dans l'embarras certains de ses concitoyens.
Drôle de préfet, mais manifestement drôle de personnage, dandy à coup sûr, qui s'honore de l'image de " l'homme aux gants gris perle " qu'on s'escrime à lui accoler, qui veut même bien passer
pour le " Monsieur Mystère " des " maisons de rendez-vous ", qui ne craint pas de se battre en duel et sait manier la plume aussi bien que le pistolet ou l'épée. Ces Souvenirs d'un préfet de
police ne sont pas seulement l'histoire d'un homme retraçant sa carrière, mais un étonnant tableau des mœurs à l'époque où la République allait prendre son envol.
Et dont nous restons les héritiers. "
Broché
Paru le : 17/04/2002
Éditeur : Mémoire du livre
L'auteur en quelques mots ...
Louis Andrieux (1840-1931) a été le premier préfet de police de la République, après la chute du Second Empire, mais aussi député, ambassadeur de France à Madrid, directeur de journal, écrivain.
Défenseur d'importantes réformes sociales (divorce, droits de la femme), il est l'auteur d'une dizaine de livres parmi lesquels : La Paix et la République (1871), La Révision (1889), La Commune à
Lyon en 1870 et 1871 (1906), A travers la République (mémoires, 1926)... Ses Souvenirs d'un préfet de police ont paru en 1885. Il est le père " naturel " de Louis Aragon.
A la tête de la Préfecture de police de 1879 à 1881, et de ses services politiques occultes, Louis Andrieux concentra entre ses mains des pouvoirs exorbitants. Ce préfet flamboyant, manipulateur, secret et ambitieux incarne les contradictions de la IIIe République naissante.
Étrange, le destin posthume de cet homme. Sa mémoire presque effacée dure seulement par un prolongement de sa vie que, si disert d'autre part, il avait passionnément dissimulé : la paternité de Louis Aragon, son fils adultérin. Il s'en avoua seulement le tuteur, contraignant la mère du poète à s'en afficher comme la soeur, en un entrelacs de mensonges et de faux-semblants où la littérature, après coup, trouva peut-être son compte, mais certainement pas l'équilibre d'une enfance. Un proche de Gambetta puis de Clemenceau Louis Andrieux est né à Trévoux, dans l'Ain, en 1840. Fils d'un avoué, inscrit tôt au barreau de Lyon, opposant à l'Empire, il est jeté en prison en juin 1870, libéré après la chute du régime, le 4 septembre, et nommé à trente ans procureur de la République dans le Rhône. Il y réprime durement la Commune de Lyon, en s'exposant lui-même avec vaillance. En 1876 il fonde Le Petit Parisien , qu'il cède bientôt à plus fortuné que lui ; il est élu cette même année député du Rhône. Proche de Gambetta, il est nommé préfet de police en mars 1879 ; il occupe ce poste avec flamboyance jusqu'en juillet 1881, avant d'être nommé ambassadeur en Espagne pendant quelques mois. La suite de sa carrière politique le maintient en marge des grands rôles, mais toujours figure remarquée dans l'univers politique. Député des Basses-Alpes de 1885 à 1889, il refuse, juste avant la démission du président de la République Jules Grévy, en novembre 1887, de former un gouvernement qui tâcherait de lui sauver la mise, le qualifiant...
Les provocations du préfet Andrieux
Par Jean-Noël
Jeanneney
publié dans L'Histoire n° 240 - 02/2001 Acheter L'Histoire n° 240 +