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François Lange, ancien militaire et policier, écrivain français, créateur du personnage de Fañch Le Roy

Dessin baroque avec le glaive, provient du site d’images gratuites « Pixabay",

image modifiée par 

NOUVEAU portrait du jour François Lange

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir François Lange

Bienvenue François sur le très prisé et discret Culture et justice

Pour le portrait du jour de Culture et Justice, Valérie Valeix alias L’Abeille Criminelle devient l’Abeille Impériale. En effet, elle place sur la sellette son collègue auteur de romans policiers historiques sous Napoléon III : François Lange.

Bonjour François : tu es un ancien policier qui a choisi de donner la parole à un flic du XIX siècle.

Dis- nous quelques mots de toi…

Scorpion ascendant Poissons, je viens tout juste de fêter mes 62 ans. Normand du Pays de Caux par mon père et Breton du Pays Bigouden par ma mère, je suis né et ai fait mes études au Havre. Après avoir servi durant sept années dans l’Armée de Terre, j’ai intégré la police nationale en 1988 en qualité d’inspecteur de police. À la suite de la réforme de 1994, je suis devenu successivement lieutenant, capitaine puis commandant et ai quitté la « Grande Maison » en 2015.

« Il n’y a pas de hasard... il n’y a que des rencontres », c’est ainsi qu’en 2018, à la suite du décès de l’écrivain Firmin Le Bourhis dont j’étais le « conseiller technique », j’ai été amené à contacter Jean Failler (que l’on ne présente plus) et que celui-ci a décidé d’éditer un roman que j’avais écrit 10 ans plus tôt. L’aventure continue... j’en suis à la rédaction du cinquième volet des aventures de Fañch Le Roy. Mersi Braz Jean !

Pourquoi avoir choisi Second Empire plutôt que le premier qui est plus connu et disons-le le plus flamboyant !!!

Précisément parce-que je connaissais très mal cette période de l’Histoire de France. Peu ou pas étudié à l’école, le règne de Napoléon III a énormément pâti des critiques et des campagnes de dénigrement orchestrées par les factions politiques et les coteries d’intellectuels opposées à la politique de l’Empereur. Et pourtant, quand on s’attache à étudier les vingt années durant lesquelles il aura dirigé la France, il est indéniable que d’énormes progrès furent accomplis en termes d’économie, d’avancées sociales, d’industrialisation, de politique extérieure ainsi que dans les domaines de l’art et la culture, notamment au cours des dix premières années de l’Empire. Malheureusement pour Napoléon III, la seconde partie de son règne fut assombrie par un regain d’autoritarisme qui mena à la guerre. La défaite de 1870 fut fatale à son image, déjà passablement écornée. Encore aujourd’hui, le bilan positif de son règne n’est que peu mis en évidence, ce qui constitue pour moi une injustice historique.

Es-tu à la base un fan d’Histoire ?

Oui... et cela depuis ma prime jeunesse. L’histoire et le français étaient les deux seules matières scolaires où j’arrivais à m’en sortir sans trop de dégâts.

Si toutes les périodes de l’Histoire m’intéressent, j’ai toutefois une prédilection pour les époques paléolithique et néolithique de la préhistoire ainsi que pour l’âge des métaux et la période celtique. Les recherches historiques ne sont pas figées et, régulièrement, de nouvelles découvertes remettent en cause certains dogmes ou permettent de préciser certains faits mal connus de notre passé. Notre Histoire est un héritage en mouvement qu’il convient d’entretenir et faire fructifier. On ne peut pas vivre sans racines... on s’asphyxie.

Certains flics disent qu’ils ne veulent plus entendre parler de crimes une fois leur carrière terminée et ne lisent pas de polars. Etait-ce ton cas avant ton entrée chez Palémon ?

C’est toujours mon cas ! Les polars contemporains ne m’attirent guère. Trop en phase avec les méthodes et techniques d’investigations du moment, ils véhiculent souvent des stéréotypes frisant la caricature qui me rendent leur lecture pénible. Quant à l’écriture, j’ai définitivement pris le parti de rompre avec mon quotidien de « flic » lorsque j’ai décidé de me mettre au roman... c’était une condition sine qua non.

En revanche, dès que le héros se révèle atypique ou décalé dans ses investigations ou bien dans son mode de réflexion... j’accroche. Le Maigret de Simenon, le Laviolette de Pierre Magnan, le capitaine Langlois de Giono, le Nestor Burma de Léo Malet, les flics navajos de Tony Hillerman et le shérif Walt Longmire de Craig Johnson sont des « collègues » dont j’aime partager les aventures. Et puis, pour peu que l’action policière se déroule dans le passé... c’est gagné, car le lien de subordination avec la police que j’ai connue est définitivement rompu. Ainsi, Nicolas Le Floch (Jean-François Parot), Gabriel Joly (Henri Loevenbruck) et le Chevalier de Volnay (Olivier Barde-Cabuçon) m’embarquent régulièrement dans leur machine à remonter le temps. J’ajoute à cette fine équipe un petit dernier... Jérôme Blain, dit « Capitaine Sabre », un solide bretteur du Premier Empire dont j’attends la suite des aventures avec impatience... mais je crois que tu connais le bonhomme.

Parle-nous de ton héros Fãnch Le Roy, qui est-il ?

Contrairement à moi, François Le Roy est un bigouden de pure souche. Entré dans la police après avoir passé quelques années à servir, comme soldat, le Roi Louis-Philippe puis l’Empereur Napoléon III, il a participé à quelques campagnes, plus ou moins glorieuses, qui ont laissé des traces douloureuses dans sa mémoire. Fugitivement, son passé de soldat resurgit parfois au fil de ses enquêtes à l’occasion d’épisodes violents ou particulièrement sanglants. Intuitif plus que raisonnable, François Le Roy possède néanmoins une méthode d’investigation novatrice pour l’époque car il n’hésite pas à utiliser des moyens techniques et scientifiques comme aide à l’enquête. Cette approche pragmatique et matérielle vient compenser sa propension à la rêverie et à l’interprétation de signes mystérieux relevant presque de la superstition. Fañch Le Roy est un homme de son temps, mais qui raisonne parfois sur le mode de fonctionnement intellectuel - voire religieux - des anciens Celtes. Il assume et revendique, cette espèce de mysticisme qui est l’un des « marqueurs » principaux de sa personnalité.

As-tu une idée précise de là où tu veux l’emmener ?

Où ? Je ne sais pas encore... il nous reste une bonne dizaine d’années avant le désastre de Sedan et la fin de l’Empire, j’ai donc le temps d’y réfléchir. D’ici là, je vais m’efforcer d’expédier ce brave Fañch dans des coups bien tordus et lui confier des enquêtes brûlantes à souhait. Cela lui permettra de faire chanter ses deux révolvers « Lefaucheux »... pour le meilleur et pour l’Empire !!! Mais, je ne l’éloignerai pas trop longtemps de la Terre Sacrée de Bretagne car, coupé de ses racines, il perdrait ses pouvoirs.

Je crois, toutefois, qu’il va continuer à ennuyer les sbires de la Compagnie du Lys Bleu car ceux-ci n’ont pas renoncé à vouloir éliminer l’Empereur afin de mettre le Comte de Chambord sur le trône de France.

Combien de tomes as-tu sorti ?

Le Manuscrit de Quimper, Palémon éditions, octobre 2018 La Bête de l'Aven, Palémon éditions, février 2019

Le Secret du Télémaque, Palémon éditions, septembre 2019 Le Rituel des Monts-d'Arrée, Palémon éditions, septembre 2020

Si tu devais arrêter Fãnch pour un autre héros, quelle autre époque choisirais-tu ?

Les années 1950. Cette période de l’immédiat après-guerre, où tout était à reconstruire et à réécrire, me paraît bien plus sympathique et enthousiasmante que celle dans laquelle nous vivons maintenant. Les conditions de vie étaient certes plus difficiles que celles d’aujourd’hui, mais il me semble que les gens vivaient de manière plus libre, qu’ils étaient plus « légers », qu’ils ne se faisaient pas de nœuds au cerveau et se regardaient moins le nombril que de nos jours. C’était un temps riche en inventivité, en énergie et en espérance. J’adore la manière dont étaient habillées les femmes, très glamour et sexy et je ne pense pas qu’elles étaient pour autant soumises ou prises pour des « cruches ». Travailler dans la Police dans ces années 50, c’était se frotter à des délinquants ou des criminels violents et endurcis, mais un certain code d’honneur posait les règles et régulait les rapports.

C’était l’époque des « beaux crânes », des « pointures », et si les taux de délinquance étaient bien moins élevés qu’aujourd’hui, l’intensité de la lutte contre le « milieu » devait être bien plus forte et la saveur des enquêtes plus épicée.

J’imagine ces années comme un roman de Léo Malet ou un film noir de Gabin. Je les idéalise, bien entendu. J’en ai un peu connu la fin, puisque je suis né en 1958, et j’en ressens souvent une infinie nostalgie... comme la réminiscence d’un âge d’or d’avant ma naissance.

Comment vis-tu cette période de restrictions ? Certains auteurs disent que c’est fatal à leur inspiration, à la tienne aussi ?

Finalement, ce deuxième confinement m’aura beaucoup plus pesé que celui du Printemps. Non pas à cause de la limitation des déplacements, je demeure en campagne et je n’ai pas vraiment changé mon mode d’existence, mais parce-que j’ai trouvé les nouvelles « règles de fonctionnement » parfaitement inadaptées, inappropriées, infantilisantes et, disons le... inutiles.

Ceci dit, cette drôle de période n’aura pas nuit à mon inspiration, ni à ma production, puisque mon rythme de travail littéraire est plutôt aléatoire et relève plus des fluctuations de la météo et de mon humeur du moment que d’un plan de travail rigoureux et bien établi.

Quelles sont tes autres passions ? Influencent-t-elles ton écriture ?

J’ai un grand jardin en pleine campagne et cela me procure pas mal d’occupations tout au long de l’année... mais, je n’irais pas jusqu’à dire que cela est une passion. Je pratique la course à pied régulièrement et me défoule de temps en temps sur mon sac de frappe puisque j’ai longtemps été adepte du karaté et la boxe américaine. Je sculpte la pierre et un peu le bois bien que je sois moins souvent devant mon établi depuis que j’ai été « recruté » par les éditions du Palémon. Je suis aussi archéologue mais mes prospections de surface se révèlent moins fructueuses ici, en Finistère, qu’en Normandie. Enfin, je suis passionné par « l’affaire de Rennes-le-Château » depuis très longtemps et j’ai sérieusement repris le dossier depuis mon départ à la retraite. Je vais régulièrement crapahuter dans l’Aude afin de vérifier mes recherches « in situ » et ai même écrit un livre sur le sujet avec trois autres amis chercheurs en 2018.

Lors des salons, échanges-tu avec les lecteurs sur la période de l’Histoire choisie ?

Cela arrive, même si cette moitié du 19e siècle n’est pas la période qui passionne le plus les lecteurs de polars historiques. Le côté « régional » de mes romans accroche plus que la thématique du Second Empire mais le fait de mêler histoire, région et fiction permet de « brasser large » et offrir une palette variée qui élargit le champ du lectorat potentiel. Les lecteurs qui connaissent bien l’époque dans laquelle se déroulent les aventures de Fañch Le Roy sont souvent très pointus sur le sujet. Il s’agit donc d’être à la hauteur et de bien sécuriser ses sources. C’est pour cela que je suis assez long dans mon écriture, car je ne prends aucune liberté avec l’Histoire.

Quelle valeur est pour toi la plus importante ?

La loyauté... que ce soit envers ses propre idéaux ou bien vis à vis de ceux qui vous font confiance, qui comptent sur vous ou vous aiment. J’estime qu’il ne faut pas déroger à certaines règles ou, plutôt, à un certain « code ». Le respect de la parole donnée, la sincérité, le sens de l’honneur, le fait d’essayer de mettre en adéquation ses principes et ses actes, tout cela constitue pour moi une ligne directrice que je nomme « la voie droite ». On peut en dévier, Dieu merci, car il est bon parfois de prendre la route des écoliers ou de se perdre dans les chemins de traverse, mais il est important de toujours revenir dans l’axe directeur et de suivre son Étoile. Nous avions une métaphore à l’Armée qui disait : « il faut mettre sa peau au bout de ses idées ». J’aime bien cette phrase.

Maintenant, j’ai bien conscience que des concepts comme le sens de l’honneur, la sincérité ou le respect de la parole sont des vertus bien dépassées aujourd’hui. J’assume cet état d’esprit désuet qui pourrait constituer d’ailleurs une explication à mon amour de l’Histoire et des temps révolus.

Merci François de cet échange qui fera découvrir Fãnch Le Roy à travers son « papa littéraire » 

Merci Valérie d’avoir pris le temps de mener cet interrogatoire qui m’aura permis de présenter mon petit collègue Fañch Le Roy, et merci également à Philippe Poisson, Édouard Ballureau et à l’excellent blog Culture et Justice.

 

 

 

Culture et justice des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice... mais pas que ... Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... 

Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

https://www.facebook.com/pageculturejustice

A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.

Relecture et mise en page Ph. P et S.P.

Tag(s) : #portrait du jour criminocorpus, #Coup de coeur du jour
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