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Dessin baroque avec le glaive, provient du site d’images gratuites « Pixabay",
image modifiée par Annabel des éditions Gaelis
Nouveau portrait du jour Delphine Hamon des éditions du Palémon
Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Delphine Hamon des éditions du Palémon
Cet entretien est réalisé par mon amie la romancière Valerie Valeix
Bienvenue Delphine sur le très discret et prisé Culture et justice
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Pour Culture et justice, l’abeille criminelle, Valerie Valeix passe au crible Delphine Hamon des éditions du Palémon à Quimper. Palémon est une jeune maison où tous les employés sont dynamiques. Palémon est surtout connue pour être spécialisée en polars et ne compte que des pépites parmi ses auteurs dont votre servante ! Itinéraire d’une petite maison « maous costaud »
Bonjour Delphine, je sais que tu es arrivée au Palémon pour un stage et que tu n’en es plus repartie ! Raconte-nous ton parcours en quelques lignes.
Bonjour Valérie ! Je suis en effet arrivée au Palémon début 2005, pour effectuer mon stage de fin d’études (en école de commerce, spécialisation marketing). À l’époque, la maison d’édition faisait partie d’une imprimerie (Primset), mais n’avait pas de personnel dédié. Ma mission était notamment de dynamiser le site internet du Palémon, mais je n’avais aucune formation en édition (juste la passion de la lecture, de la culture bretonne, et un bon niveau de français). J’ai donc tout appris sur le tas. D’abord la partie web, puis la mise en pages de textes, la création de couvertures (j’ai suivi une formation aux logiciels de PAO), la correction et le reste… L’avantage d’être partie de zéro est que je suis passée par tous les postes actuels de l’entreprise (j’étais au départ seule, nous sommes aujourd’hui 8 salariés, bientôt 9). J’en maîtrise donc tous les rouages !
Allez dis-nous tout : au départ, le polar était-il un genre que tu appréciais ou pas plus que ça et tu as dû t’y « coller » !!
Je lisais des polars, sans en être du tout une spécialiste ! À seulement 24 ans, j’avais un tas de classiques à découvrir dans tous les genres littéraires. Je lisais un peu de tout, de Fred Vargas à Jack Kerouac en passant par Tolkien, Pierre-Jakez Hélias et Jean Failler. Car oui, je connaissais déjà les Mary Lester avant d’arriver au Palémon !
Jean Failler, le fondateur de la maison, tenait une poissonnerie, est-ce pour rappeler ses origines qu’il a donné le nom de Palémon, aux éditions ? Et d’abord c’est quoi un palémon ?
Oui, tout à fait, le nom de Palémon est un clin d’œil à son ancien métier de mareyeur, et à sa passion pour la pêche à pied. Le terme de « palémon » est le nom générique du bouquet, la crevette rose. Mais, comme Jean et Pascal Parmentier (directeur de l’imprimerie, avec qui Jean a fondé le Palémon) l’ont toujours dit, « Éditions de la Crevette, ça aurait fait tout de suite moins sérieux ! » ;)
Jean a vraiment un parcours atypique et qui inspire le respect ! Il est d’origine modeste, et a su lire très jeune. Gamin, il passait son temps libre à la petite bibliothèque de son quartier, au grand étonnement de sa mère. Il a tenu une échoppe de mareyeur aux halles de Quimper, se levant très tôt et se couchant très tard. À 50 ans, se retrouvant au chômage, il est devenu auteur à plein temps (il écrivait déjà en parallèle de son travail aux halles). Puis éditeur, de ses propres titres d’abord, d’autres auteurs ensuite. C’est aujourd’hui le président de Palémon éditions. Je fais court, mais son parcours est passionnant.
Chez Palémon, on décline tous les genres du polar ?
Oui ! Nous n’éditons que du polar, mais dans des registres et styles totalement différents…
Des auteures comme Françoise Le Mer ou Anne-Solen Kerbrat privilégient la psychologie des personnages et l’émotion, Hervé Huguen et Valérie Lys l’intrigue.
Pierre Pouchairet et Jean-Paul Le Denmat signent des thrillers rythmés par beaucoup d’action.
Caroline Le Rhun s’est lancée, avec succès, dans le polar maritime, qui laisse une part belle à l’écologie, ce qui est également ton cas, Valérie, à travers tes polars apicoles.
Ta collection du Sabre s’inscrit dans le rayon historique, tout comme les enquêtes de François Lange.
Avec Hugo Buan, Gérard Chevalier et Cicéron Angledroit, c’est l’humour qui prime !
Et les Mary Lester de Jean Failler, ce sont les Mary Lester, avec un personnage devenu emblématique !
Il y en a pour tous les goûts…
Tu es très proche de tes auteurs. Qu’est-ce qui te plait le plus dans ta relation à eux ?
Nous avons une petite équipe d’auteurs qui, pour nous, font partie de la maison ! Certains passent régulièrement nous saluer, prendre ou dédicacer des ouvrages, apporter des fruits du jardin ou donner un coup de main pour préparer les colis en période de rush (François Lange se reconnaîtra). Alors forcément, les relations sont simples et naturelles, et la confiance évidente. Et puis, il faut bien admettre qu’on a des auteurs vraiment sympas !
Il y a de nombreux aspects passionnants dans le travail avec les auteurs, comme les écouter parler de leur prochain livre, sentir la passion qui les anime, comprendre leurs motivations pour évoquer un sujet, découvrir les recherches qu’ils ont dû mener et apprendre un tas de choses sur ce sujet. Ces échanges sont très enrichissants pour un éditeur.
J’aime aussi assister aux séances de dédicaces, car les auteurs ont toujours de formidables anecdotes à raconter à leurs lecteurs. Je travaille avec Jean Failler depuis plus de quinze ans, mais j’en découvre encore de nouvelles à chacune de ses signatures ou interviews.
As-tu affaire aux lecteurs ?
Oui, très souvent ! Au téléphone, en librairies ou aux éditions, où nous recevons la visite de « fans ».
Et c’est primordial, car au-delà du plaisir d’échanger et de parler de nos nouveautés, cela nous permet de comprendre ce qui séduit dans nos ouvrages, et d’orienter notre ligne éditoriale en conséquence. Nous avons la chance d’avoir des lecteurs très fidèles qui suivent avec assiduité nos parutions, et achètent nos nouveautés quasiment les yeux fermés, puisque « comme c’est un livre Palémon, il va certainement leur plaire » !
Un beau projet qui leur est destiné devrait d’ailleurs voir le jour très bientôt… (suspense !)
Le prix de 10 € qui est celui de nos livres est un choix qui se veut populaire ?
C’est ça. Nous éditons des romans populaires, dans le bon sens du terme. Et nous souhaitons mettre la lecture à la portée de tous, et de toutes les bourses. La lecture peut apporter tellement, il n’y a pas de raison qu’elle soit réservée à une élite ! C’est pour cette raison que nous éditons nos romans directement au format poche, et jamais en grand format à 20 €.
Y a-t-il un projet qui te tient à cœur professionnellement ?
Il y en a même beaucoup, j’ai un tas de projets en tête !
L’un des challenges actuels est de parvenir à ancrer dans l’esprit des sceptiques que le roman policier régional édité en province peut vraiment être de qualité et réalisé avec autant de sérieux qu’un roman « national » édité à Paris ! Avec une durée de vie bien plus longue en ce qui concerne nos titres, puisque la totalité de notre fonds continue à être vendue et placée par nos commerciaux des années après la date de parution des ouvrages. Les chiffres sont là pour en attester ! La plupart de nos auteurs enregistrent des ventes largement supérieures à celles de nombreux auteurs édités dans de grandes maisons parisiennes.
L’année 2021 sera en grande partie consacrée à ce challenge. Et nous aurons à nos côtés pour y parvenir un joker que tu connais bien Valérie, et dont nous parlerons très prochainement ! (re-suspense !)
La vie de la maison d’édition n’empiète-t-elle pas trop sur la vie de famille ou est-il impossible de les dissocier complètement ?
Être éditrice rime avec lire (ça marche aussi avec « être éditeur » !). Et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, une éditrice (en tous cas dans une petite maison indépendante) ne peut pas consacrer ses journées à la lecture des manuscrits, qui n’est qu’un pan de son rôle. Donc elle lit à la maison, le soir (si ses yeux restent ouverts) et le week-end. Et elle termine aussi le soir et le week-end les corrections des textes à paraître lorsqu’elle n’a pas pu le faire avant. Mais honnêtement, il y a pire comme boulot !
Les salons le week-end sont également à prendre en compte, mais pour ma part, lorsque j’ai eu des enfants, j’ai largement limité ces déplacements, pour justement préserver (et gérer) la vie de famille. Nous passons par des libraires pour tenir nos stands sur les salons, ce qui correspond à notre volonté de faire travailler tous les acteurs de la chaîne du livre, donc pas de souci.
Pour répondre à ta question, non, on ne peut pas dissocier complètement vie de la maison d’édition et vie de famille, mais l’édition est un domaine concret que les enfants peuvent facilement appréhender lorsqu’on leur explique ce qu’on fait, les livres leur parlent, donc ils comprennent que l’on doive consacrer du temps à leur réalisation. Et d’ailleurs, cet engagement les inspire et leur apprend le travail et la patience ! Chez moi, on trouve aux quatre coins de la maison des livres papier/ficelle fabriqués par mes filles.
Envisages-tu de faire entrer d’autres auteurs au Palémon ? Y a-t-il un genre policier qui manque ?
Oui, nous avons quelques nouveaux auteurs en vue pour l’année prochaine ! Nous y allons progressivement, car nous ne voulons pas brûler les étapes. Nous devons pouvoir suivre correctement nos auteurs. Nous avons toujours privilégié la stratégie des petits pas, qui nécessite de la patience, mais qui nous permet de consolider chaque nouvelle marche. Nous nous fions à notre « bon sens paysan » (expression qui nous est chère à Jean Failler et à moi). Nous ne fonctionnons pas avec une logique d’apparence, mais avec une logique de terrain. Qui nous a plutôt réussi jusque-là !
Un genre policier qui manque ? Certainement, mais je ne saurais te dire lequel… Chaque auteur crée son genre, donc il y a presque autant de genres que d’auteurs !
Quelles sont les valeurs qui te tiennent à cœur ?
La justice (l’injustice me met en rage).
La gentillesse (la vraie, pas celle de façade).
La valeur « travail » est aussi très importante pour moi, car je considère que l’on n’a rien sans rien. Je suis entourée d’exemples qui ont toujours beaucoup travaillé pour parvenir là où ils voulaient arriver (mes grands-parents, mes parents, mon mari, Jean Failler…) et je trouve que malheureusement la notion d’effort se perd. Je suis assez vieille école, en fait ! ;)
Merci Delphine pour cette interview qui fera mieux connaître notre maison qui a tout d’une grande !
Un grand merci à toi, chère Valérie, et à Philippe Poisson, de me donner l’opportunité de mieux faire connaître le Palémon à vos nombreux lecteurs, qui trouveront toutes les infos au sujet de la maison sur www.palemon.fr !
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A propos du site : Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice.