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"Quittons un instant la fiction policière pour rejoindre la réalité judiciaire française récente même si les séries policières anglo-saxonnes en font depuis un certain temps déjà un thème récurent de leurs scénarios à suspens: celle de « cold case », ou pour éviter cet anglicisme restrictif, celle des affaires criminelles non élucidées, lesquelles comprennent aussi bien des dossiers à la limite de la prescription que des crimes plus récents, non résolus.

Si je me suis amusée à faire une référence dans le titre de ce billet à Diane, la déesse de la chasse, de la guerre et de la nuit dans la mythologie romaine, c’est que la nouvelle unité spéciale du Pôle Judiciaire de la Gendarmerie Nationale (PJGN), créée au début de l’année 2020 et inaugurée en octobre de la même année, se dénomme Division des Affaires Non Élucidées (DIANE) et qu’elle a bien pour mission de chasser des coupables et confondre les criminels qui sont passés jusqu’ici entre les mailles du filet de la justice. Installée au sein du Service Central du Renseignement Criminel (SCRC), elle rassemble aussi les compétences de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN).

Dirigée par lieutenant-colonel Marie-Laure Brunel-Dupin, DIANE examine les dossiers non élucidés concernant les infractions qualifiées en homicides, assassinats, crimes violents, viols en série et viols uniques avec tortures et actes de barbaries, ou disparitions inquiétantes avec cause probable criminelle.

Si je vous en parle aujourd’hui, c’est pour deux raisons : tout d’abord parce que DIANE est en train de monter sensiblement en puissance et que, d’autre part, le projet de loi pour la confiance dans la justice, en cours d’examen par le Senat, prévoit la création d’une structure judicaire unique, dédié exclusivement à ces affaires non résolues.

Diane, de son coté, qui s’appuie déjà sur les compétences de quelques 250 scientifiques à l’Institut de recherche criminelle, basé sur le même site, s’apprête à intégrer une équipe d’une trentaine d’experts dans les nombreuses disciplines d’investigation, des analystes comportementaux, analystes criminels spécialisés dans la détection de la sérialité, du décryptage de la vidéosurveillance, mais aussi ceux qui expérimentent les méthodes et nouveautés techniques venant de l’étranger, telles que les dernières modélisations 3D des scènes de crime ou un projet de chiens renifleurs d’ossements.

Les militaires spécialisés dissèquent les affaires les plus énigmatiques, créent et examinent des recoupements entre les suspects, les pièces médico-légales, les actes techniques, la géo localisation, ou les rapports de police technique et scientifique.

Grâce au projet de loi mentionné ci-dessus les travaux d’élucidation de DIANE seront prochainement renforcés par une centralisation des dossiers traités au sein d’une unique entité judiciaire de magistrats spécialisés. Examiné le 15 septembre dernier par la commission des lois du Sénat, le texte prévoit la création d’un pôle judicaire dédié exclusivement aux affaires non élucidées. Si la loi est votée, les magistrats spécialisés de cette structure, aussi bien ceux du parquet, que de l’instruction et du jugement, disposeront d’une compétence concurrente nationale vis-à-vis des autres juridictions pour «les crimes qui ont été commis ou sont susceptibles d’avoir été commis de manière répétée à des dates différentes par une même personne à l’encontre de différentes victimes» et dont l’auteur «n’a pas pu être identifié plus de dix-huit mois après leur commission».

En prévision de la future loi les juridictions doivent d’ores et déjà procéder à un tri de ces affaires, souvent entassés dans les cabinets d’instruction encombrés, afin de sélectionner celles susceptibles d’être désormais traitées par ce nouveau pôle judicaire.

Diane, quant à elle, est actuellement en charge d’une cinquantaine d’affaires non résolues, hautement confidentielles. De quoi donner des sueurs froides aux criminels tapis dans l’ombre."

En collaboration avec Philippe Poisson, Krystyna rédige régulièrement et officiellement une critique de littérature policière RUBRIQUE OEIL EN ÉVEIL sur le discret Culture et justice

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En collaboration avec Philippe Poisson, Krystyna rédige régulièrement et officiellement une critique de littérature policière RUBRIQUE OEIL EN ÉVEIL sur le discret Culture et justice

Tag(s) : #ŒIL EN EVEIL – REVUE CULTURELLE
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