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ŒIL EN EVEIL – REVUE CULTURELLE

Livre : L’innocence et la loi  : le piège était presque parfait

 

 

"Je ne vais pas vous le cacher, j’ai un véritable penchant pour les thrillers judicaires qui mêlent l’intrigue palpitante, des personnages finement croqués et toute une mécanique du système judicaire où le tribunal ressemble à une arène où les coups bas sont légion et le fairplay guère de mise. Vous comprendrez donc pourquoi, depuis 3  ans, je vous présente chaque nouveau roman de Michael Connelly, un maitre absolu en la matière et un chroniqueur judicaire dans sa vie antérieure. C’est donc sans surprise que je voudrais vous parler aujourd’hui de son tout dernier opus, L’Innocence et la loi, qui vient de paraitre chez Calmann-Lévy.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, rappelons que Michael Connelly est l'un des principaux écrivains américains de romans policiers, connu notamment pour la création du célèbre personnage de l’inspecteur Harry Bosch, apparu en 1992 dans son premier polar « Les égouts de Los Angeles », et devenu depuis le héros récurrent de ses romans.

Depuis 2014, ces derniers sont adaptés à la télévision sous forme d’une série « Bosch » et ont également inspiré des cinéastes : Clint Eastwood et sa Créance de sang » ou Brad Furman qui a réalisé la célèbre La défense Lincoln »

A coté de deux personnages devenus récurrents, Harry Bosch et, depuis 2019, l’inspectrice Renée Ballard, on retrouve également dans ses romans le demi-frère de Bosch, l’avocat Mickey Haller. Et c’est bien ce dernier qui devient le personnage principal du tout nouveau roman de Connelly, à coté de Harry Bosch, bien plus discret que d’habitude, plutôt en guest star, mais toujours là.

Mickey Haller, un avocat pénaliste de renom, voit en quelques instants sa vie basculer lorsqu’après avoir fêté avec ses collaborateurs sa nouvelle victoire judicaire, il se fait intercepté par la police de Los Angeles pour un banal motif de défaut de plaque. L’officier remarque des gouttes du sang coulant du coffre de la voiture, le fait ouvrir et y découvre le cadavre d’un inconnu. Pas si inconnu que cela : il s’agit d’un escroc que l’avocat a défendu à de nombreuses reprises, jusqu’au moment où il l’a arnaqué à son tour. Haller est immédiatement accusé du meurtre. Tout l’accuse : la victime lui devait encore beaucoup d’argent, elle a été droguée et tuée dans le garage de l’avocat et trouvée dans sa voiture. Le faisceau d’indices concordants accablant. Pour le procureur de l’accusation Dana Berg, particulièrement coriace, redoutable et redoutée, affublée du doux surnom « couloir de la mort », le doute n’est pas permis. A défaut de pouvoir payer une caution de 5 millions de dollars, Haller est aussitôt incarcéré et devient un prisonnier lambda au Twin Towers Correctional Center de Los Angeles. Lui qui a malmené si souvent l'accusation dans les tribunaux va se retrouver dans un double rôle. Accusé et défenseur. Car Haller comprend vite qu’il a été piégé et décide d’assurer lui-même sa défense lors du procès, face à l’accusation qui semble réellement vouloir sa peau, ne tenant compte d’aucun élément à sa décharge, et n’envisageant nullement l'existence d'un autre coupable. Faire face à cette machination depuis la prison où il subit toutes sortes de violences, la tache est rude, même avec l’aide de Bosch. Du coup la bataille qui se livrent Haller et l’avocate de l’accusation au tribunal devant le jury ressemble à un combat sur un ring ou tous les coups sont permis. C’est propre au système judicaire américain, un système accusatoire, où le procureur se charge uniquement de recueillir les éléments à charge qui tendent à démontrer la culpabilité de l'accusé.

Mais Haller veut non seulement prouver sa non culpabilité, il veut surtout prouver son innocence, en utilisant la loi américaine. Or ce n'est jamais l'innocence de l’accusé que reconnait une cour de justice américaine. L'acquittement signifie seulement que le tribunal n'a pas pu prouver légalement et de manière convaincante que l'accusé a commis l'infraction reprochée. Ce n’est donc pas une preuve que le suspect soit innocent. A l’inverse l’accusé peut être innocent et condamné malgré cela.

Ce thriller fort prenant, une performance de virtuose, d’après Kirkus Reviews l’un des meilleurs thrillers juridiques de la dernière décennie, selon Associated Press, c’est aussi une fine réflexion sur la loi et la vérité, des concepts qui ne vont pas forcément de pair."

Parution : 13/10/2021

En collaboration avec Philippe Poisson, Krystyna rédige régulièrement et officiellement une critique de littérature policière RUBRIQUE OEIL EN ÉVEIL sur le discret et prisé Culture et justice

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