Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Prendre la route — celle de l’ancien empire soviétique — munie d’un magnétophone. Quand la porte s’ouvre, enregistrer chaque vécu, le collecter comme un matériau. Écrire l’Histoire selon la pluralité des expériences et des émotions qui la composent et non selon l’alignement des faits. C’est, depuis toujours, le travail de fourmi de l’écrivaine d’origine biélorusse Svetlana Alexievitch, qui s’évertue à ramasser sur son passage les voix silencieuses, restées vivantes derrière les guerres. Une rigueur qu’elle s’imposa dès son premier ouvrage, interdit dans son pays d’origine, à la fois censuré et acclamé sous la Russie de Gorbatchev : La Guerre n’a pas un visage de femme, paru en 1985. « Les choses ne m’intéressent pas lorsqu’elles se situent sur le plan idéologique, qui reste pour moi superficiel », dira dans un entretien cette proche de la journaliste Anna Politkovskaïa. En ouvrant ce livre, qui transforme le journalisme en œuvre littéraire, nous, lecteurs encore bâtis sur le souvenir de la Seconde Guerre mondiale, réalisons combien nous ignorions. Combien nous sommes encore amputés du vécu, du regard et de l’enseignement de l’autre moitié de la population : les femmes. Amputés, dès lors, de ce qu’il est commun d’appeler notre Histoire. ☰ Par Laélia Véron

Tag(s) : #Femmes dans les guerres, #Guerre 1939 -1945 - Vichy
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :