Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Réactualisation du portrait du jour de Alexandre Marchant du 27 septembre 2018 

Conformément à la politique éditoriale élaborée le 21 octobre 2020, nous republions les portraits du jour criminocorpus sur la page Culture et justice

Docteur en histoire de l'ENS de Cachan.

Bienvenue Alexandre sur le tès prisé et discret Culture et justice

 

"Alexandre Marchant, « Portrait du Jour » pour Culture et justice

 

Professeur agrégé d’histoire, Alexandre Marchant enseigne actuellement au lycée Albert Camus de Bois-Colombes, après avoir exercé dans d’autres lycées de la région parisienne ainsi qu’à l’université Paris Ouest Nanterre. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan, il a soutenu dans cet établissement en 2014 une thèse de doctorat d’histoire contemporaine consacrée à la lutte contre la drogue en France dans la seconde moitié du XXe siècle. Son livre, qui sort en cette rentrée 2018 (L’impossible prohibition ; drogues et toxicomanie en France, 1945-2017), est en issu.

Chercheur associé à l’Institut des Sciences sociales du Politique (ISP-Cachan), ses recherches portent sur les drogues et les toxicomanies et leur traitement à travers les politiques publiques que ce soit sous l’angle répressif (les économies criminelles et la lutte contre ces dernières) ou sanitaire (de la régulation des substances psychotropes aux pratiques médicales). Autant d’enjeux qui sont au cœur du livre, traitant des effets contradictoires et contre-productifs du système français de lutte contre la drogue, dont la loi de 1970 est la clé de voûte. Toujours en vigueur aujourd’hui, il est l’un des plus répressifs d’Europe : même s’il n’est plus vraiment appliqué en matière de consommation de drogues douces, la réduction des risques n’y a toujours qu’un statut ambivalent, semi-expérimental, et assumé du coin des lèvres, peinant à contourner la règle d’or de l’interdit, comme le montrent les controverses récentes sur les salles de consommation à moindre risques, dites un peu brutalement « de shoot ». Pour éclairer les débats actuels, en France ou ailleurs (qu’on songe aux récentes légalisations de l’Uruguay, du Canada et de certains États des États-Unis), sur la légalisation, la dépénalisation, la prohibition, la régulation, la criminalisation, la médicalisation, etc. une approche historique, scientifique et neutre est plus que jamais nécessaire.

L’idée de travailler sur la drogue est venue à Alexandre Marchant au sortir de ses études, et a prolongé en lui à la fois un intérêt ancien pour l’histoire des marges et les questions de déviance et de transgression et l’habitude, prise sur les bancs de Cachan, de faire dans l’interdisciplinaire en confrontant l’histoire, faite sur archives, aux questions et concepts des sciences sociales et politiques. Cherchant, au moment de s’inscrire en thèse, un sujet qui pouvait se prêter à une lecture plurielle, aussi bien sociale que culturelle et politique, il a vu en la drogue non pas un sujet restreint mais justement un « fait social total » qui permet de réfléchir l’ensemble de la société. Mais, en France, le thème est étonnamment peu prisé des historiens, ce qui n’est pas le cas outre-Manche ou outre-Atlantique. Quelques premières recherches dans les archives, dans les vieux cartons poussiéreux déposés par les différents ministères de la Vème (à l’époque au centre des archives de Fontainebleau, aujourd’hui fermé), ont achevé de le convaincre de la richesse du sujet, surtout à l’époque charnière de la « guerre à la drogue », définie par Nixon en 1971, qui a depuis nourri notre imaginaire collectif avec son lot de films sur la guerre entre les « Narcos » et les « Stups ». A la lecture des dossiers d’enquête de police, la légendaire French Connection apparaissait sous un autre jour, les agissements méconnus sur le territoire français de certaines mafias (comme les triades asiatiques) sortaient de l’ombre, tandis que les nébuleuses trafiquantes venues d’Amérique latine ou d’Afrique montraient toute la complexité de leurs réseaux. Les archives de la Santé mettaient en lumière la difficile élaboration d’un soin spécifique pour les toxicomanes, les querelles de clocher entre médecins psychiatres, généralistes et pharmaciens, et toute la difficulté de réguler la circulation de substances psychotropes qui sont trop souvent sur la frontière floue entre drogue et médicament. Les fonds des organes interministériels montraient la trop difficile élaboration d’une politique publique unifiée et cohérente en matière de drogue. Les dossiers de la Jeunesse et des Sports semblaient refléter des conflits de génération répétés à chaque époque, mais particulièrement vifs dans les années 1970, au moment où les jeunes hippies inquiétaient… Alors l’enquête a continué, avec d’autres archives (parlementaires, privées… ) pour dépeindre le tableau complexe et global de la toxicomanie : depuis les conventions internationales qui, depuis le début du XXe siècle, séparent les marchés légaux et illégaux des substances psychoactives jusqu’aux usagers, frappé de plein fouet par la catastrophe sanitaire et sociale de l’héroïnomanie dans les années 1980 et qui deviennent sur le tard acteurs de leur propre politique de soin et de prévention avec l’enracinement, en demi-teinte, en France du principe de réduction des risques…

S’il n’a à ce jour qu’un seul livre à son actif, Alexandre Marchant a en revanche de nombreux articles publiés dans diverses revues scientifiques, ainsi que des contributions à plusieurs ouvrages collectifs, œuvrant au passage avec les sociologues (comme récemment dans La catastrophe invisible. Histoire sociale de l’héroïne, aux éditions Amsterdam, 2018). Il a participé à de nombreuses conférences et colloques universitaires en France et à l’étranger consacrés à l’histoire de la drogue ou aux enjeux sociaux et politiques de la toxicomanie. En compagnie des médecins, il est aussi un collaborateur régulier de la revue Swaps destinée aux professionnels intervenant dans le domaine de la toxicomanie et de la réduction des risques. Car le savoir n’est pas destiné à rester cantonné dans une tour d’ivoire, il doit pouvoir être vulgarisé et avoir une utilité sociale. Un enseignant ne peut penser autrement…"

 

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

 Relecture et mise en page Ph.P et S.P.

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :