Cocotte parisienne
Une rubrique animée par Fatima de Castro pour Culture et justice
Idée : Un doute raisonnable ?
Argumentaire : présenter mensuellement un fait-divers criminel ancien qui a laissé les contemporains dubitatifs. Soit que l’affaire n’ait jamais abouti ; soit qu’elle ait connu des remises en question tout au long de son déroulement ; soit qu’elle présente des étrangetés permettant par exemple d’opter pour l’accident ou la mort volontaire. Dans tous les cas, le doute doit nimber l’affaire.
But : donner les éléments à l’internaute pour qu’il se fasse sa propre idée et intervienne en donnant son point de vue s’il le souhaite.
Liane de Pougy, La Belle Otéro, Mata Hari, La Païva, Valtesse de la Bigne, Émilienne d’Alençon… Des noms d’emprunt pour celles que l’on qualifiait de courtisane, demi-mondaine, Hétaïre, horizontale, Nana (Zola en savait quelque chose)… Qui n’a pas entendu parler de ces femmes qui s’en sortirent par la grâce de leur corps et firent les beaux jours du Second Empire et de la Belle époque ? Leur liberté était totale. Un relent de souffre laissait planer une aura d’interdit sur leur passage. Ces filles de rien, arrivées au sommet de la société par des sentiers où le scandale côtoyait la prostitution de haute volée, éveillaient l’envie autant que le mépris de leurs semblables. Parties des bas-fonds de vies ternes majoritairement provinciales, leurs ambitions leur firent atteindre les sommets et mener grands et riches par le bout du nez. Pour avoir le plaisir de bénéficier de leurs largesses, le prétendant devait débourser des largesses plus grandes encore. Rivières de diamants à n’en plus finir, hôtels particuliers, restaurants les plus chers, robes au prix pharaonique, rien n’était trop beau pour ces dames ; rien n’était trop cher pour ces messieurs.
Pas de crime aujourd’hui, mais un fait-divers amusant pour le lecteur, moins pour le protagoniste, un pauvre hère de boucher qui a cru pouvoir émouvoir une belle horizontale… et s’en est mordu les doigts. Car ne nous y trompons pas. Il n’était pas question de sentiments dans ces relations hautement tarifées. Malheur à celui qui se prenait au jeu ! Aucun doute permis au contact de ces femmes dédiées à leur propre culte : l’argent seul constituait leur nerf de la guerre. Émile Calvi, boucher de l’avenue des Ternes dans le très chic 17e arrondissement de Paris, aurait dû le savoir et se méfier, mais il n’en fit rien. Emporté par sa passion pour la belle Claire de V. (discrètement, le journaliste du Populaire du Centre, tait le non de la cocotte), Émile s’est tout bonnement fait arnaquer, comme on dirait de nos jours, un sourire condescendant aux lèvres.
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