La police à Paris, 1854-1914

L’actualité la plus récente conduit à s’interroger sur le rôle de la police dite de proximité au service de la paix civile en milieu urbain. Cela touche au premier chef la situation de ce qu’on est convenu récemment d’appeler « les quartiers ». Certes, mais pas seulement. L’ensemble de la vie d’une cité est directement concerné. À l’occasion des émeutes qui ont récemment secoué la nation, on a beaucoup débattu des vertus ou des inconvénients, au quotidien, de cette police visible et familière, de cette présence forte et assidue. Une police que l’on oppose volontiers à celle qui n’interviendrait qu’en nombre, ignorante des spécificités des lieux où elle opère, sans que puissent se créer avec la population des relations que l’on rêverait confiantes et qui seraient pour le moins suffisamment sereines, transparentes et équilibrées. Quentin Deluermoz s’est affirmé depuis quelque temps comme un historien averti des ordres et des désordres du XIXe siècle et il a renouvelé spécialement la réflexion sur la Commune de 1871, sur ses suites et sa légende. Dans un travail plus ancien, intitulé Policiers dans la ville, il restituait la manière dont, à Paris, depuis les débuts du Second Empire jusqu’à la veille de la Grande guerre, le sergent de ville, devenu gardien de la paix, s’était intégré progressivement dans l’espace social, politique et mental de la capitale. Sans que cela, bien sûr, ait jamais permis qu’on fît litière d’un grand nombre de controverses, de résistances populaires, d’oppositions politiques et culturelles dont l’évocation n’est pas moins éclairante pour une réflexion comparative par rapport à notre temps. Voici donc des pélerines, des képis, des sifflets et des bâtons blancs.

Archives diffusées

« La Gavotte des bâtons blancs », paroles de Jean Guigo et musique de Jacques Breux, chantée par Les Frères Jacques, 1950.

« Le Flic », Coluche, 1976.

« La ballade des agents », paroles et musique de Yong-Lu, chantée par Paul Dutreux, 1906.

Extrait du journal La République française, Gambetta, 26 janvier 1879, lu par Olivier Martinaud dans «Le Cours de l'histoire», 18 février 2020.

Agent Besse tué par un apache : rapport spécial du 4 juillet 1905 ; La Presse, 10 juillet 1905, textes lus par Nathalie Kanoui dans « La Fabrique de l'histoire », 12 septembre 2012.

« La complainte des Apaches », chanson d'Henri Djian et Claude Bolling, chantée par Philippe Clay, 1974. Musique du feuilleton « Les Brigades du tigre », 1974-1983.

Bibliographie

Quentin Deluermoz, Policiers dans la ville. La construction d’un ordre public à Paris (1854-1914), préf. de Dominique Kalifa,  Publications de la Sorbonne, 2012.

Quentin Deluermoz, Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle, Seuil, 2020.

Quentin Deluermoz, Pierre Singaravélou, Pour une histoire des possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus,  Éditions du Seuil, L’Univers historique, 2016. Réed. poche, Point essai, 2019.

Quentin Deluermoz (dir.), D'ici et d'ailleurs. Histoires globales de la France contemporaine , Paris, La Découverte, 2021.

Vincent Milliot (dir.), Emmanuel Blanchard, Vincent Denis et Arnaud-Dominique Houte, Histoire des polices en France. Des guerres de Religion à nos jours, Belin, 2020.

Jean-Marc Berlière et René Lévy, Histoire des polices en France : de l’Ancien régime à nos jours, Nouveau-Monde éditions, 2013.

Jean-Marc Berlière, Le préfet Lépine : vers la naissance de la police moderne, Denoël, 1993.

Jean-Marc Berlière, Catherine Denys, Dominique Kalifa et Vincent Milliot (dir.), Être policier. Métiers de police en Europe XVIIIe-XXIe siècles , Presses Universitaires de Rennes, 2008.

Jean-Marc Berlière, Du maintien de l'ordre républicain au maintien républicain de l'ordre? Réflexions sur la violence, Genèses, 1993.

Christian Chevandier, Policiers dans la ville : une histoire des gardiens de la paix , Gallimard, 2012.