Tueur en série pendant la Première Guerre mondiale, Henri Désiré Landru est jugé et condamné pour le meurtre de 10 femmes et un adolescent et guillotiné en 1923. Le retentissement de cette affaire, de l'enquête au procès, la transforme en un fait-divers hors norme, raconté par Bruno Fuligni.
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Bruno Fuligni Historien et essayiste
Landru ! Landru ! Voilà un nom qui s’accroche dans nos mémoires, entouré d’un halo sulfureux. Une sorte de barbe bleue dont la barbe était rousse. L’homme qui brûlait les femmes dans sa cuisinière de sa maison de Gambais après les avoir découpées en morceaux. L’homme à la verve spirituelle qui n’avoua jamais, jusqu’au cœur d’un procès retentissant et qui demeure par ce fait même entouré de quelque mystère. Il serait loisible de considérer cet épisode tonitruant, non sans quelque plaisir ambigu, au fil du récit le plus anecdotique. Mais après plus d’un siècle écoulé depuis que Landru fut guillotiné, on peut y aborder en ouvrant plus largement la focale. Ce sera pour constater que cette affaire retentissante peut nous renseigner, au-delà d’elle-même, sur diverses spécificités de l’époque, juste après la Grande Guerre, tout comme sur diverses permanences dans les comportements collectifs. Sur les procédés de la police, alors en pleine mutation technique ; sur la place des faits-divers dans l’évolution de la presse populaire ; sur les ressorts et les comportements de la Justice confrontée, en Cour d’assises, à ce défi particulier ; sur le regard de tout un monde littéraire et politique ; sur les évolutions et les prestiges de l’éloquence judiciaire ; sur les avatars, enfin, et les procédés d’une légende quand elle s’empare d’un tel événement, dans les lettres, au cinéma, à la télévision, pour en nourrir fantasmes, angoisses et joyeusetés. Bruno Fuligni s’est penché sur cette affaire dans un livre qu’il a intitulé, selon un oxymore stimulant, « Landru, l’élégance assassine ». Excellent connaisseur de la Troisième République, il en a exploré les tours et les détours dans un grand nombre d’ouvrages qu’il a nourris brillamment de ses trouvailles et de ses curiosités. Nous allons mobiliser sa compétence pour cette restitution d’une histoire que l’on est tenté de qualifier de fait-divers absolu.
ARCHIVES DIFFUSÉES
Chanson de Charles Trenet, « Landru », 1963.
Témoignage de Jules Belin, le commissaire qui a arrêté Landru, dans « Soyez témoins », une émission d’André Gillois, 4 avril 1956.
Analyse de Roland Barthes sur le fait divers, 25 mars 1964, « L'Heure bleue », une émission de Laure Adler, 6 septembre 2016.
Chronique « Voici Landru » de Colette dans Le Matin, "La fabrique de l'histoire", une émission d’Emmanuel Laurentin, 20 octobre 2017.
Témoignage d’André GALLAND, dessinateur de presse au procès, dans « Soyez témoins », une émission d’André Gillois, 4 avril 1956.
Interview de Claude CHABROL par Claire CLOUZOT à propos de « Monsieur Verdoux » et « Landru ». Cinémagazine, une émission de Claire Clouzot, 3 octobre 1973.
Extrait du film Landru, de Claude CHABROL, avec Charles Denner, 1963.
Serge Gainsbourg, « Sait-on jamais où va une femme quand elle vous quitte », 1963.
À lire aussi : L'Affaire Landru : les témoins racontent
BIBLIOGRAPHIE
Bruno Fuligni, Landru. L'élégance assassine, Éditions du Rocher, 2020.
Bruno Fuligni, Le fichier mondial des espionnes - La première encyclopédie secrète des espionnes, Albin Michel, 2023.
Bruno Fuligni, Le génie humain : les archives des inventeurs : de 1791 à nos jours, Gründ, 2023.
Jules Belin (dit Jean Commissaire), Trente ans de Sûreté nationale, Bibliothèque France-Soir, 1950.
Dominique Kalifa, L'Encre et le sang. Récits de crimes et société à la Belle Époque, Fayard, 1995.
Anne Carol, Au Pied de l'échafaud, Belin, 2017.
Documentaire d'Yves Jeuland et François Aymé, "Charlie Chaplin, le génie de la liberté", 2020.