Comment mouraient les galériens à l'époque du Roi Soleil ?

Il ne reste pratiquement rien aujourd'hui de l'ancien arsenal militaire construit à Marseille par Colbert dans la deuxième moitié du XVIIe siècle pour accueillir et armer les galères du roi Louis XIV. Les représentations collectives qui subsistent du monde des galériens renvoient à des images de forçats entassés sur de petits bateaux et qui rament en cadence sous un soleil de plomb. Il s'agit là, en effet, d'un aspect de leur histoire que la recherche a amplement confirmé.

Cinq hommes devaient peiner, manger et dormir à l'intérieur d'un espace rectangulaire qui ne dépassait pas 2,30 m de long sur 1,25 m de large

Les galériens étaient conduits dans cet arsenal, à pied, reliés par une chaîne les uns aux autres, avant d'être parqués sur les bancs de leurs galères. Celles-ci étaient extrêmement exiguës : cinq hommes devaient peiner, manger et dormir à l'intérieur d'un espace rectangulaire qui ne dépassait pas 2,30 m de long sur 1,25 m de large ! Ceux qui trimaient le plus étaient aussi les plus mal nourris. Vers 1665-1670, la ration du galérien en mer comprenait deux livres de biscuit, 4 onces de fèves, et parfois un peu de vin.

Mais les recherches historiques récentes sur les galériens de l'Ancien Régime ont complété et nuancé ce type de représentations. Le discours officiel, qui a perduré longtemps dans la mémoire collective, présentait la condamnation aux galères comme la punition infligée aux pires criminels. Pourtant, l'analyse quantitative des registres d’écrou, qui concernent les 60 000 individus entrés à l'arsenal des galères entre 1680 et 1748, a démontré que près des deux tiers d'entre eux n'étaient pas des "criminels", au sens actuel du terme. Il arrivait que pour faire face à une pénurie de main d'œuvre, les magistrats aux ordres du roi condamnent aux galères une multitude hétéroclite d'individus (...)

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