Guillotine, Les Baumettes, centre pénitentiaire de Marseille, 2019.
© Marianne Kuhn (Mucem).
Le musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) conserve un certain nombre d’éléments liés à l’univers carcéral et à ses représentations. La prison est présente dans les collections sous la forme d’estampes, de caricatures, de cartes postales, collectées au gré de différentes acquisitions et / ou enquêtes-collectes visant à rassembler et à documenter des ensembles d’objets tant matériels qu’immatériels, témoins de faits de société. Le musée a par ailleurs la spécificité d’abriter une collection consacrée au mouvement graff, constituée au début des années 2000. Il s’est engagé depuis juin 2019, en collaboration avec l’Inventaire général du patrimoine culturel PACA, dans une enquête-collecte au sein de la prison des Baumettes, prenant spécifiquement les graffitis carcéraux comme objet.
Les Baumettes dites historiques ferment définitivement en juin 2018 avant une démolition prévue pour mars 2020, reportée à juillet 2021. Le projet « Adieu Baumettes », imaginé par l’Administration pénitentiaire et inauguré pour les Journées Européennes du Patrimoine le 18 septembre 2019, souhaite rendre les Baumettes aux Marseillais en rouvrant quelques semaines la partie historique et en proposant des visites accompagnées d’une programmation culturelle largement consacrée à l’histoire de cette prison où a eu lieu, en 1977, la dernière exécution capitale avant l’abolition de la peine de mort. Dans ce cadre l’Administration pénitentiaire sollicite le prêt de la guillotine conservée dans les collections du Mucem. L’enquête-collecte « Graffitis et créations carcérales », est contemporaine à ce projet d’exposition réactivant un objet particulier des collections du musée. Déclenchée par la destruction prochaine des bâtiments, elle se donne comme mission la conservation d’urgence d’une mémoire du site qui passe notamment par une campagne photographique s’attachant à constituer un corpus autour des graffitis carcéraux en prolongement de la collection Graff et par une collecte d’objets venant compléter les collections déjà existantes sur la prison. L’extension vers les graffitis carcéraux entendus comme productions de justiciables tout autant dignes d’intérêt que les caricatures ou les dessins conservés par le Mucem fait écho à l’intérêt qui se manifeste à la fois dans le champ universitaire et au sein de l’Administration pénitentiaire pour ces objets ambigus dont le statut oscille entre témoignage, création et dégradation.
Postdoctorante LabexMed-Mucem
Chargé de mission auprès de la directrice scientifique et des collections, Mucem, Marseille
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