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Nouveau portrait du jour : Cathy Borie

Culture et justice développe la rubrique Portrait du jour, ouvre ses pages aux fidèles lecteurs de la page et reçoit avec infiniment de plaisir Cathy Borie

Interview  réalisée par notre ami Christian Dorsan

Blog : https://le-blog-de-christian-dorsan.over-blog.com/

https://www.mobilis-paysdelaloire.fr/annuaire/auteurs/dorsan-christian

https://www.instagram.com/christiandorsan/ https://fr-fr.facebook.com/christian.dorsan

 

Depuis 2007 Cathy Borie se consacre à l’écriture. Psychologue, ancienne enseignante, elle partage désormais sa vie entre Ajaccio et la Dordogne, deux lieux qui l’inspirent autant qu’ils l’apaisent. Elle a reçu le Prix des Auteurs Inconnus avec Mille jours sauvages en 2020. Deux ans plus tard, paraissait Ana, l’histoire émouvante d’une jeune fille qui passe de foyer et foyer, finit dans la rue avant de retrouver la trace de sa mère. Cathy Borie abordait dans ce livre la violence de la rue, l’humiliation faite aux femmes, du manque d’amour.

Il y a quatre ans, elle avait laissé le lecteur le jour des retrouvailles de la mère et de la fille. Elle revient avec une suite où enfin, nous allons enfin savoir comment ces retrouvailles vont bouleverser ou non, leur vie respective.

Nous avons rencontré Cathie Borie qui a accepté de répondre à nos questions :

 

Quatre ans après Ana, vous sortez la suite. Était-ce prévue lors de l’écriture du premier ou est-ce vos lecteurs qui vous l’ont réclamé ?

Je n’avais pas du tout prévu une suite ! C’est même la première fois que j’écris la suite d’un de mes romans. Mais en effet, à quelques reprises, des lecteurs m’ont avoué leur envie de découvrir ce qui se passait après la rencontre d’Ana avec sa mère. Et en y réfléchissant il m’a paru évident que ces retrouvailles, qui semblaient une « happy end », ne représentaient que le début d’une autre quête. Cela a suffi pour que j’ai envie de suivre ce chemin, qui s’est avéré plein de rebondissements.

Ana se reconstruit ou se révèle ? 

Très souvent dans la narration, on a l’impression qu’il s’agit d’une construction d’identité plus qu’une réparation

Oui, je crois que c’est exactement ça : tout d’abord, il n’existe sans doute pas de réparation possible dans le cas d’Ana. Une absence de dix-huit ans ne se compense jamais, à mon sens. Et surtout, en retrouvant sa mère, Ana réalise qu’elle se tient face à plus de questions que de réponses. Elle tient juste un élément, qui va lui ouvrir la voie vers d’autres inconnues : qui est son père ? pourquoi a-t-elle été abandonnée ? a-t-elle encore de la famille paternelle ? d’où vient son métissage ? Il va falloir qu’elle construise son identité à partir de ces réponses, qui viendront compléter ce que sa mère lui a déjà dit. Elle ne pourra être elle-même qu’à l’issue de cette quête. C’est ce que dit Boris Cyrulnik dans un de ses ouvrages : Retrouver les indices de sons passé, c’est recoller les morceaux du moi brisé.

Vous abordez un problème assez tabou : la fausse couche. Comment surmonte-t-on cette souffrance ?

Dans le cas d’Ana, la fausse couche comporte une dimension symbolique : elle ne peut pas donner la vie tant qu’elle ne sait pas qui elle est. Sa souffrance devant ce qu’on appelle aussi « avortement spontané » tient autant à la perte d’un enfant en devenir que dans la prise de conscience de sa propre incomplétude. Au moins cela lui donne-t-il un espoir de solution. Mais dans le cas général, les femmes qui font des fausses couches n’y trouvent aucune explication et cela ajoute encore à leur désarroi. D’autant qu’on leur dit souvent : « tu en feras un autre ! ». On minimise leur douleur, on commence juste à accepter le fait qu’elles sont tout simplement en deuil et qu’on doit les entourer comme on le fait dans le cas de la perte de n’importe quel proche (d’ailleurs comment peut-on être plus proches qu’une mère et le bébé qui est dans son ventre ??). Donc pour surmonter cette souffrance, on a d’abord besoin qu’elle soit reconnue, que les autres la trouvent légitime. Ensuite, il faut se laisser le temps du chagrin, comme pour tous les deuils.

Est-ce que l’amour s’apprend ?

Je crois qu’il s’apprend par imitation, comme l’essentiel des apprentissages que font les enfants. Si on n’a pas eu de modèles, je suppose que c’est beaucoup plus difficile. Heureusement, je crois aussi que les modèles peuvent se piocher un peu partout, un peu n’importe quand, au gré des rencontres, et que l’enfant dispose toujours plus ou moins de substituts de ses parents absents qu’il pourra imiter. Tous les enfants recherchent une proximité avec une figure adulte qui les sécurise et interagit avec eux (c’est la fameuse théorie de l’attachement de John Bowlby) et si cet adulte conserve ce statut plusieurs mois cela suffit pour que l’enfant se développe avec une base de sécurité. Sans doute n’est-ce pas exactement de l’amour mais un lien affectif qui permet à l’enfant de se sentir suffisamment en sécurité pour explorer le reste du monde…

Aux larmes d’Ana de Cathy Borie
Editions Avallon et Combe, 172 pages 20€

 

Culture et justice rassemble des informations relatives à l’actualité culturelle sur les questions de justice. Histoires, romans, portraits du jour, salon de livres... Page indépendante sans but lucratif administrée par Philippe Poisson et Camille Lazare, membres de l'association Criminocorpus.

A propos du site : Musée - Histoire de la justice, des crimes et des peines | Criminocorpus propose le premier musée nativement numérique dédié à l’histoire de la justice, des crimes et des peines. Ce musée produit ou accueille des expositions thématiques et des visites de lieux de justice. Ses collections rassemblent une sélection de documents et d’objets constituant des sources particulièrement rares ou peu accessibles pour l’histoire de la justice."

Relecture et mise en page Ph.P

Tag(s) : #Coup de coeur du jour, #portrait du jour criminocorpus
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